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Nous voici déjà en 2004, soit 20 ans déjà que Pain Of Salvation s’est formé. Le groupe a pendant de longues années peaufiné dans l’ombre sa musique avant de se révéler au monde du métal en 1997 avec Entropia. Aujourd’hui, les suédois emmenés par le génial compositeur et multi-instrumentiste Daniel Gildenlow semblent avoir atteint leur apogée. Quatre albums déjà, tous des concepts albums hyper travaillés, leur troisième The Perfect Element les hissant au titre de pilier du style. Le groupe confirme, deux ans plus tard, en 2002 avec le très introspectif Remedy Lane. Aujourd’hui, Pain Of Salvation revient avec une toute autre expérience, un live acoustique nommé 12:5.

Je tiens tout de suite à vous préciser, le groupe ne tombe pas pour autant dans la facilité quoiqu’on pourrait en penser à la vue de cette cover finalement assez épurée. On aura à l’intérieur de ce livret les paroles de chacune des compositions et de jolies photos prises souvent en pleine nature (remarque fonctionnelle : Tout comme pour Remedy Lane on aura du mal à rentrer le livret sans l’abimer tant il est plein).
Si l’on a besoin des paroles, c’est d’une part que la musique de Pain Of Salvation s’apprécie à sa juste valeur seulement avec ses textes, et d’autre part car, ici, on ne se contente pas de reprendre bêtement des compositions de Pain Of Salvation. Le groupe a préféré ré-agencer bon nombre de ces morceaux, nous fournissant un medley passant en revue leur quatre premiers albums en mettant l’accent sur Remedy Lane et The Perfect Element, mais en oubliant, cependant, quelque peu One Hour By Concrete Lake leur second né.
Ré-agencement, ré-adaptation également, puisque Pain Of Salvation est aussi un groupe métal, et on pourrait craindre que l’acoustique réduise la portée de la musique de Pain Of Salvation et fasse souffrir de cette économie des compositions déjà parfaites.
Tout au contraire, l’auditeur suffisamment ouvert d’esprit pourra contempler d’excellentes compositions de bases revisitées de manière, il faut le dire, non moins excellente. La guitare acoustique est bien évidemment là ; on voit également se dessiner une place beaucoup plus importante pour le piano de Fredrik Hermansson qui vient relever le côté le plus sensible de la musique de Pain of Salvation, mais aussi son intensité avec des accords qui viennent tomber parfois très lourdement.
On ne pourra rien reprocher à Mister Gildenlow qui chante véritablement comme un dieu, modulant sa voix avec la facilité qu’on lui connaît, permettant une richesse incroyable au niveau de l’interprétation des textes. La participation vocale un peu plus inégale de Hallgren induit quand même une diversité supplémentaire à la musique de Pain Of Salvation qui foisonne pourtant, déjà, d’idées.
En effet, ici on revisite des chansons très prenantes qui pourront émouvoir l’auditeur aux larmes (je sais de quoi je parle), mais on peut faire également totalement l’inverse comme avec Brickwork IX qui contient en fait une partie de Ashes. En quoi, est-ce l’inverse ? Ashes est une chanson indéniablement dépressive dans sa version originale. Mais le maitre d’œuvre choisit cette fois-ci de dénaturer, de réinterpréter, avec une cruelle réussite cette chanson. On est alors partagé par la surprise de cette nouvelle version qui vient alors abolir les textes dépressifs par une dimension profondément soul, et le talent avec lequel ce morceau est repris. Daniel se métamorphose alors, une nouvelle fois, en un autre chanteur, un chanteur soul proprement hallucinant.
On finira de nous achever par un instrumental très jazzy où Fredrik Hermansson se déchainera comme un beau diable sur son piano. Conclusion assez épatante, on sort de cet album comme si l’on avait été pris pendant plus d’une heure dans une stance temporelle. On a navigué sur les eaux de ces maitres du prog suédois réadaptant et réinventant des compositions qui étaient déjà en elles-mêmes parfaites pour en donner une version neuve et quasi inédite. Le tout s’enchaine très vite, avec une cohérence et une facilité impressionnantes. On aura eu droit à tout, à de l’instrumental, à du groove, à de la poésie, à de la prise de risque avec le côté déjanté qu’offre la fin du disque, mais aussi bien entendu à l’univers triste et dépressif inhérent à Pain Of Salvation.

Les auditeurs seront alors partagés entre ceux qui détestent, qui voient leurs bijoux refondus et reconvertis pour fabriquer une vulgaire parure de mauvais goût sans aucune puissance puisque débarrassée de tout l’aspect métal. Les autres bien entendu, et je suis de cela, diront qu’il s’agit à nouveau d’un coup de maitre, et verront dans cet album une synthèse de toute la sensibilité et la poésie que peut revêtir Pain Of Salvation.

Dreamer

0 Comments 03 octobre 2007
Whysy

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