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Mars 2008, en errance sur des sites plus ou moins obscurs à la recherche de groupes plus bizarres les uns que les autres, votre serviteur, au regard aiguisé et empreint de curiosité est attiré par une étrange pochette. Celle-ci au premier coup d’œil se distingue par son style typé pub qui, quelques années plus tard, me fait furieusement penser (à tort peut être) à la pub de "Kenzo" avec tout les coquelicots sur les toits. Entouré de pochettes plus sombres et métalliques les unes que les autres, la pauvre semble être perdue et me pousse à faire un achat "kamikaze", sans aucune écoute préalable de ce groupe alors totalement inconnu.

En attendant les miracles de la technologie moderne de livraison (kayak, trottinette, planche à voile : rayer la mention inutile) et renseignements pris, il semblerait qu'Alexis Damien (ex-Wormfood et batteur live de Carnival In Coal) soit à l'origine de ce projet pour l'instant inconnu et mystérieux. Voulant un chant féminin, Asphodel (Penumbra, Ad Inferna entre autres) rallia sa cause (par la torture ou le chantage sans doute mais ça on ne le saura jamais).

Après réception de la galette et quelques injures bien placées sur le dos de la poste et mon boîtier cristal fendu, il était temps d'écouter la bête. 42 minutes plus tard, le moindre que l'on puisse dire c'est que le groupe ne se cantonne pas à un style. Alexis ne c'est imposé aucune limite à ces compositions, me rappelant dans l'idée les Finlandais de Waltari et leur "Yeah! Yeah! Die! Die! A Death Metal Symphony In Deep C". De la pop, à la soul en passant par le goth, techno, death, le doom, l'auditeur se retrouve plongé au milieu d'un melting-pot audio non seulement au niveau musical mais aussi au niveau du chant. Asphodel nous montre ici la grande maîtrise de son chant en changeant régulièrement de style et ce, même au cœur de la même piste. Du chant enfantin dans les débuts  d'Intrusion à un puissant chant lyrique sur la fin de celle-ci, en passant par la soul sur "Yo-Yo Yes Then No" puis à un chant plus electro sur la fin. Alexis n'est pas en reste et pose sa voix le temps de quelques growls bien sentis ("Be My Idom Then My Fall", "Serie Z II") ou sur des passages plus conventionnels ("Esthete Piggie").

Le groupe ne se limite pas à mélanger les styles pour donner des pistes improbables. On retrouve un bon gros deathcore des familles sur "Be My Idol And Then My Fall" avec des bons riffs bien lourds ou encore un doom pesant sur l'expérimental "Serie Z II". Mais toute l'ambivalence du groupe se retrouve au niveau du décalage chant / paroles. Dès l'introduction, Asphodel de sa voix enfantine compte une histoire de fantôme, seul problème, l'enfant est mort depuis longtemps. De cette introduction digne des scénarios de Burton, on enchaîne sur la taxidermie ("Cadavre Exquis"), la limite porno ("Pussy Worship") ou "Feat Me / Feat Us" (ou comment une mère veut tuer son enfant). Petit hommage au "Be Aggressive" de Faith No More dans l'intro "Nearly Dead Bat Make Up" et oui, ce n'est pas Manson ("Mobscene") qui l'a composé contrairement à ce que pas mal de gens croient. Les paroles n'étant pas dans le livret il faut bien tendre l'oreille pour en découvrir toute la subtilité.

La production est excellente, chaque instruments étant bien discernables, petit plus pour la basse qui est bien groovy. On retrouve une batterie acoustique ou/et programmée comme sur "Esthete Piggie" ou la batterie acoustique est doublées par des séquences programmées. Ou purement programmée comme le passage disco sur "Nearly Dead Bat Make Up". L'album est très dynamique et catchy, des titres comme "Yo-Yo Yes Then No" sont à recommander pour les jours au réveil difficile. Mais ce dynamisme est brisé par le diptyque Serie Z et "Human Beat Box Deluxe". Non pas par leurs qualités moindres, mais par leurs côtés plus expérimental. "Human Beat Box Deluxe" comme son nom l'indique est une piste uniquement composée de Beat Box, c'est marrant et trippant quelques écoutes mais aux bouts d'un certain temps on la zappe à chaque écoute. Les deux pistes "Serie Z" montrent une autre facette d'Alexis qui nous propose ici des compositions assez différentes de ce que le reste de l'album propose, la première développant une ambiance atmosphérique malsaine alors que la seconde propose un bon gros Death / Doom.

Ces quelques remarques n'entachent en rien la qualité de l'album qui après une année 2006 forte belle dans le style avec des sorties de qualité tels que "There Be Squabbles Ahead" de Stolen Babies et "In A Flesh Aquarium" d'UneXpect, frappe un grand coup, positionnant le groupe dans les découvertes à surveiller de près pour la suite.

0 Comments 13 juin 2010
Whysy

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