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Que nous annonce donc cette pochette d'album, avec ses tours sombres et son fond rouge sang ? Vers quel univers ramène ce logo illisible ? Un groupe de Black Metal inaudible, sale et primaire, comme tant d’autres ? Et bien non !!! Attention tout de même où vous mettez les pieds, nous nous aventurons dans une zone dangereuse… le guerrier que nous allons rencontrer est assez susceptible, et souvent d’humeur… carnassière.

L’album commence déjà très sombrement : des sons de synthés inquiétants se répercutent autour de nous, dans le but visible d’instaurer un climat d’angoisse. Nous voici entrés avec ce premier opus dans l’univers de Bal Sagoth, groupe culte de black metal mélodique anglais, initiateur d’un univers épique très particulier, à l’image du chanteur de la formation, Byron Roberts, étrange personnage.
Je tiens à préciser quelque chose à son sujet : sa voix est à longueur de temps comparée à celle de Dani Filth, en moins variée. Ce n’est pas mon avis, surtout dans ce premier essai. Ici, elle oscille entre un black assez agressif quoique nettement plus agréable à l’oreille que les crissements et piaillement de l’affreux Dani, et un death rageur et puissant, qui hélas ne sera plus guère employé plus tard. Dommage, cela collait mieux à l’ambiance épique que ce sempiternel chant black vite prise de tête tout de même.
L’univers imaginaire développé par le groupe est peuplé de guerres, de voyages, de combats épiques et sanglants, de créatures étranges… Le but de cet album, précurseur du genre, tout de même sorti en 1994, est d’initier l’auditeur à cet étrange univers, extrêmement complexe, et encore très agressif sur cet album.

« A black moon broods over Lemuria » est de loin l’album le plus sombre et typé black Metal de la formation. Mais les principales caractéristiques du groupe sont déjà présentes : mélange de voix black et de passages narrés, guitares et synthétiseurs complexes et épiques, batterie carburant à 200 à l’heure à chaque instant. Le problème est que la production est un peu approximative, et que le groupe, ne manquant pourtant pas de bonnes idées, nous offre tout cela pêle-mêle. Les frères Maudling, chargés d’épauler Byron, à la guitare et à la basse pour l’un, au synthétiseur et à la batterie pour l’autre, sont visiblement talentueux mais n’ont pas encore vraiment trouvé le moyen de s’exprimer pleinement.

A la limite, c’est dans les passages plus lents, comme certaines introductions, que l’on se rend mieux compte du potentiel du groupe. Par rapport aux autres opus, je trouve aussi, curieusement, que les claviers ont un son moins artificiel. En effet, les opus suivants auront tendance à développer un aspect kitsch et amusant, alors qu’ici, les claviers jouent avec assez bon goût leur rôle de pourvoyeurs d’ambiances.

Bon, soyons sincères, certains morceaux entraînent un mal de tête immédiat chez l’auditeur à cause d’un aspect très brouillon et stupidement agressif, (« Dreaming of Atlantean spires », « Enthroned in the temple of the serpent kings », qui comporte quelques passages rappelant un peu du Doom Metal,) voire s’avèrent carrément mauvais et insupportables, à moins que vous ne vouliez vous défouler un grand coup « Shadows neath the black pyramid » « Witch storm », « The Ravening »).
Mais d’autres réussissent à susciter l’intérêt et permettent de passer un assez bon moment. (« Spellcraft and moonlight », « Black moon broods » et ses passages plus atmosphériques…)
A ce niveau, le dernier morceau, longue pièce épique, est une preuve efficace que le groupe est tout à fait en mesure de varier les ambiances et faire rêver l’auditeur. Bon, là aussi, certains passages trop violents nuisent très fortement à la beauté de l’ensemble… mais les solos sont bien travaillés et méritent votre attention. Et le final, plus positif déjà, à un petit côté bande originale pas déplaisant..
En tout cas, ce qui est certain, c’est la volonté d’émancipation du groupe de la scène black Metal à laquelle il appartient. En bref, un premier opus encourageant, mais loin d’être extraordinaire, même si je crois que je regretterais toujours la disparition de la profondeur abyssale des vocaux dans les opus suivants.
Un bilan pas totalement négatif, mais je ne recommande cet album qu’aux ardents fans du groupe (s’il y en a). Et quitte à découvrir le groupe, ne commencez surtout pas par cet opus là.

Gounouman

0 Comments 01 avril 2006
Whysy

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