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Inmoria m’avait laissé un très bon souvenir. Des compositions embarquées, un chant incarné et reflétant une direction musicale orientée sur un Dark métal et une vraie volonté de se démarquer sont les premiers éléments auquel je pense. Il est vrai que si on devait faire un croquis de l’album, il serait à la fois simpliste et bourré de détails. « Invisible Wounds » conjuguait des éléments qui parvenaient à donner un sens à la musique des Suédois tout en touchant l’auditeur. Mais depuis ce temps-là, les choses se sont organisées différemment...
On a perdu Charles Rytkönen de Morgana Lefay, pour Søren Nico Adamsen issu du groupe de thrash Artillery. Bon, c’est vrai que Charles avait su inoculer aux mélodies une vraisemblance d’émotion qui collait à perfection avec l’ambiance générale de l’album. J’avoue être plutôt inquiet avec ce remplacement, cependant donnons sa chance au Danois. La cover de «A Farewell To Nothing — Part 1 » copie l’idée du premier opus, et pour ceux qui ont l’oeil expert, nous reconnaitrons une silhouette de femme recroquevillée sur elle-même, tête baissée sur une bande centrale de l’image. Le sentiment de claustrophobie et de mal-être est réutilisé, honteusement pompé et la seule recherche visuelle a été de passer des nuances de verts à ceux de l’ocre...

Il est vrai que partant comme ça, le groupe se charge en préjugés et/ou donne l’impression de s’être reposé sur ses lauriers. Alors lorsqu’on passe sur la musique ce constat est d’autant plus consternant. La première chose qui frappe c’est la manière dont sensation de production bouclée à la va-vite saute aux yeux. Dès les premières notes, alors que nous nous attendions à un album dans la veine du précédent, et bien on a le droit à la même chose, mais en moins bien. La musique crachouille, tinte brouillon et on a l’impression que les instruments sont des échantillonnages issus d’un ordinateur. Alors bien sûr, ce n’est qu’une appréhension de ce qui découle de l’album et qu’en aucun cas, je ne remets en question le talent des musiciens, mais il faut bien remarquer que le mixage insulte allègrement le travail des Suédois.

Une fois qu’on fait abstraction de ce gros point noir, on se rend compte qu’on a affaire plus à un Heavy/Power qu’un inquiétant Dark. Alors des réminiscences de substance paniquantes sont instaurées par un clavier (« In My Dreams »), mais cet état est vite étouffé par les guitares et la batterie qui tendent à se plonger dans un décor plus épuré et plus simpliste. La recherche d’une ambiance particulière tombe au détriment d’une volonté de rendre la musique énergique. Du coup, la structure mélodique devient irréfléchie, très impulsive et on sent une orchestration fragile moins posée et plus haletante. C’est comme si Inmoria avait tiré un trait sur ce qu’il avait pu créer de mieux et a remplacé ces idées qui ont fait la force du groupe.

Cet appauvrissement musical allant de pair avec la qualité très médiocre de l’enregistrement plonge « A Farewell To Nothing — part 1 » au fond du gouffre, car les mélodies ne relèvent pas le niveau global de l’opus. L’homogénéité étouffante sur fond de prod encrassée est seulement ce qui est proposé au menu. Les chansons de l’album ne se distinguent pas les unes des autres, les riffs anorexiques et les refrains poussifs ne m’auront pas détourné de ma torpeur. Du remplissage incessant et une inefficacité débordante sur le couple instrumental guitares/batterie, voilà ce qui sera entendu tout le long de l’album. Et si ça, ce n’est pas désespérant ! Voir tout ce potentiel gâché partir en fumée, ça me fait mal au coeur...

Au niveau du chant, Søren Nico Adamsen sauve les meubles qui ont déjà commencé à brûler. Il est vrai que son empreinte est moins rayonnante que celle de son prédécesseur. Sa tessiture thrashy fait dériver par moment la musique d’un registre à l’autre. Le sauveur serait-il en fait le responsable de tant d’écueils ? Si le timbre irrité du frontman octroie une ambiance survoltée, on peut néanmoins affirmer qu’elle ne cadre pas avec les morceaux. Alors que reste-t-il dans ce désert musical ? La stérilité des chansons, l’inconsistance des refrains, la platitude des riffs sont de mises, on se rend bien compte que l’album nage dans la banalité et l’infécondité. Et bien la formation suédoise ne recule devant rien, ni même aucun lieu commun pour combler les vides : après avoir balancé tout un arsenal de grosse caisse et des chants irrités, l’album fini par une ballade clichée qui tombe comme un cheveu dans la soupe avec le duo chant féminin — chant masculin tant attendu ! (ton ironique).

Ma conclusion sera, je pense, brève et évocatrice, elle se résume en cette phrase :
« Et dire qu’apparemment il y aura une seconde partie, la première est déjà de trop... ».

0 Comments 22 octobre 2011
Whysy

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