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Ahlala, quelle belle occupation que celle de chroniqueur ! Une opportunité merveilleuse de découvrir des groupes inconnus, d'avoir accès aux albums de ses groupes favoris en avance, de tomber quelque fois sur des albums pas fameux... Car oui, être chroniqueur ce n'est pas seulement vanter les mérites des albums qu'on aime à base de superlatifs plus emphatiques les uns que les autres. Cela implique aussi devoir se fader des réalisations un peu faibles, pas forcément mauvaises mais peu marquantes et si on a de la chance, de temps en temps, on réserve une promo et c'est une immondice sonore qui arrive chez nous. Pas de bol, mais va falloir se forcer à écouter, réécouter afin de justifier clairement pourquoi "ce cd c'est du caca en boîte".

Car c'est un peu ça qui s'est produit à l'écoute du nouvel et deuxième album de Sacred Dawn, "A Madness Within". Originaire de Chicago, cette jeune formation "prog" a sorti son premier véritable album (en réalité version remastérisée de leur premier effort auto-produit) "Gears of the Machine...A New Beginning" courant 2008, et c'est avec un line-up quelque peu remanié qu'elle revient à l'offensive avec donc ce "A Madness Within" dont le groupe est très fier et qui ne semble récolter que de bonnes chroniques.

Diantre. Serais-je le seul à trouver cet album mauvais ? Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir multiplié les écoutes et angles d'approche. Enfin bon, développons tout cela... Et nous ne sommes pas partis pour faire miroiter au lecteur un album réussi et ensuite le prendre en traître en lui disant "oui mais alors ça c'est pas bien, ça c'est nul et ça j'ai entendu mieux sur Fun Radio", cet album est naze et en voilà les raisons.

Sur le papier, ce groupe a tout pour réussir. Des musiciens plutôt talentueux, quelques mélodies vraiment bien trouvées, une production plus que correcte, une facette "prog" qui teinte l'album et semble déteindre sur les morceaux(6 sur 10 dépassent les 6 minutes) ainsi qu'un semblant de pseudo-concept planant sur la galette. Au niveau du style pratiqué, on lorgne plus vers la branche "power" du "prog", avec pas mal de double pédale, de riffs rapides et autres solis endiablés. Mais ce qu'a oublié Sacred Dawn, c'est de savoir composer de vrais morceaux, de savoir assembler correctement les idées que l'on a et accessoirement de proposer un chant un tant soit peu crédible.

En effet, abstraction faite du bricolage musical en vigueur sur cet album et sur lequel nous reviendrons, un des gros points noir de "A Madness Within" est le chant, linéaire qu'il n'en peut plus, dépourvu de toute accroche, comme si Lothar Keller déclamait une oraison funèbre. Le premier morceau The Untold Story en est un parfait exemple, mettant en valeur l'absence totale de personnalité du chant, son manque cruel de punch et son caractère dépassionné au possible. Pourtant, le début de morceau laisse espérer une belle ouverture dans les règles : petit arpège mystérieux, solo un peu démonstratif mais à propos, pourquoi pas... Seulement voilà, dès que la locomotive démarre, c'est pataud et pas très fin, ce que le chant, vous vous en douterez, n'arrange pas. Et quand il décide, sait-on pourquoi diable, à s'aventurer dans le registre "scream" (Demonlover), la tentative est plus risible qu'autre chose. Et n'allez pas croire qu'il accuse une baisse de régime sur quelques morceaux. Non non non, l'intégralité de l'album est de cet acabit, n'étant jamais en mesure d'insuffler une once de vent épique via le chant sur les morceaux le composant.

Et c'est bien dommage, car les instruments ne sont pas là pour rattraper ce travail de cochon. Alors, des idées, on en trouve, ça oui. Quelques riffs marquants (Demonlover, Delirium, Wrongfully Accused), des soli assez sympathiques (Demonlover encore, A Madness Within, ou la plutôt bien foutue Dawn of the Day, cohérente pour ses presque 10 minutes, et à vrai dire seulement gâchée par les parties vocales faisant retomber tout le soufflet), nous sommes assurés que les musiciens de Sacred Dawn connaissent un petit peu leur boulot. Simplement, c'est assemblé n'importe comment, avec des breaks capillo-tractés tombant comme un cheveu sur la soupe et, comble de la drôlerie, chaque partie s'avère molle la plupart du temps, plombée soit par un jeu de batterie linéaire et sans finesse, soit par des guitares vues et revues depuis la création de la roue. Par exemple, prenez What You Did to Me ou Summer of Treason, c'est lent, ça traîne, et la seule chose nous venant à l'esprit est d'aller botter l'arrière train de chacun des membres du groupe et de leur dire "Oh ! Vous allez vous réveiller, oui ? Faites une pause, prenez un café et remettez-vous au boulot, parce que là, qu'est-ce qu'on se fait chier !". Et le groupe a cette capacité de proposer des riffs pas trop mauvais pour ensuite enchaîner sur un couplet des plus balourds (Wrongfully Accused), à se demander si ils ont conscience de l'effondrement subi par la majorité des morceau de l'album.

Et nous passerons sur la ballade risible tant elle est absolument dépourvue d'intensité et d'émotion It Shall Be, sur certains soli ridicules (la reprise harmonisée dans Summer of Treason...pourquoi ? Dites-moi au moins pourquoi ?), pour ne retenir que Demonlover et Dawn of the Day comme morceaux à peu près potables et qui auraient eu leur chance chez n'importe quel autre groupe doté d'un vrai chanteur (qui sait chanter quoi...).

En définitive, c'est un album plat, sans relief, pataud et maladroit que nous offre Sacred Dawn, dont en extraire les moments marquants ne suffirait pas pour construire un morceau réussi. Reste un son très bon, un talent technique certain et une envie de bien faire que l'on ressent malgré tout, ce qui ne suffit bien évidemment pas pour sauver les meubles. Le groupe se réclame de "Dream Theater", "Nevermore", "Savatage" ou encore "Iron Maiden" ? Faites-moi rire...

0 Comments 11 mai 2011
Whysy

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