Arcas, outre le fils de Zeus et Callisto (pour les férus de mythologie qui nous lisent), est aussi un jeune groupe lyonnais formé en 2006 autour du duo Sacha Besson (Guitares et Instruments Folks) et Kevin Villet (Basse et Percussions). Après une première démo 6 titres enregistrée en 2007 (« The Golden Age »), les deux compères s'entourent de quatre nouveaux camarades de jeu (Guillaume Gapin à la guitare rythmique, Quentin Thomas aux claviers, Simon Hel au violon et Jeremy Allison à la batterie) afin de fouler les planches et de se produire en conditions 'live'. Forts de cette expérience scénique, ils décident alors d'enregistrer en 2008 un premier album auto-produit, « A New Dawn ». Ce deuxième effort, étiqueté 'Instrumental Epic Progressive Metal', est composé de 12 titres et affiche pas moins de 62 minutes au compteur... Tout un programme !

Proposer de nos jours un opus intégralement instrumental et, qui plus est, dans une veine progressive, relève soit du génie, soit de la folie pure ! Ce type d'album est en effet très rare dans le milieu Metal. Et pour cause, il implique une difficulté supplémentaire à toute production musicale habituelle, à savoir maintenir l'attention de l'auditeur en l'absence des traditionnelles lignes de chant. Notez tout de même un avantage majeur à ce type de démarche : ici nul besoin de gérer l'égo surdimensionné d'un chanteur vedette, ou de supporter des vocalises approximatives... Finalement, quand on y pense, un chanteur c'est avant tout une source d'emmerdes dans un groupe ! D'autant que les lignes de chant servent trop souvent à couvrir la pauvreté instrumental d'un groupe lambda... Mais heureusement, de ce point de vue là, les lyonnais d'Arcas n'ont rien à cacher, bien au contraire.

« A New Dawn » est en effet une galette regorgeant d'idées et d 'inspirations multiples. Sur une base Metal classique, s'ajoute une identité folk celtique incarnée notamment par l'utilisation prédominante du violon. Mais d'autres instruments traditionnels se mêlent également à la fête :  flute, banjo, cornemuse, mandoline ou harpe... tout y est ! Et non de manière indigeste ou hasardeuse, mais distillé de façon opportune dans des compositions bien pensées et travaillées. Si l'on devait d'ailleurs citer quelques références, histoire de planter le décor, on penserait de suite aux travaux de Mago de Oz, Tuatha de Dannan, Skyclad ou Cruachan.

Arcas développe un sens inné de la mélodie, notamment grâce au jeu du guitariste Sacha Besson dont les envolées font mouche à chaque coup, et parvient à insuffler une dimension épique réussie à ses morceaux. Citons la suite « Sinister Fate » comme parfait exemple de cette cavalcade instrumentale, habile synthèse d'ambiances cinématographiques et de passages telluriques... D'ailleurs, sur l'ensemble de cet opus, le groupe ne cesse de jouer avec nos sens et enchaine les titres comme on suit les séquences d'un film. Se succèdent ainsi des atmosphères festives (le dansant « A Night To Remember »), introspectives (les planants « My Eternal Sorrow Without You... » et  « Remembrance »), guerrières (« Crossing Swords » ou comment vous donner envie de monter à cheval et de partir au combat), oniriques (« Wonders of The Earth »), massives (« Into The Rhythm of The Drums » ou « Gone Beyond Skies »), angoissantes («  Fade Away In Darkness ») ou pleines d'espoir (« Unexpected Hope », « A New Dawn ») … Un véritable périple !

Cependant, qui dit 'auto-production' dit 'moyens limités'. Et c'est là le seul défaut majeur de cette galette. La production manque de puissance et de profondeur pour rendre pleinement justice à la qualité des morceaux. Le mix des instruments ne semble pas toujours équilibré et l'aspect 'patchwork' de certains passages occasionnent une transition par moments trop brutale... Mais compte tenu qu'il s'agit là d'une production maison, ce manque de moyens est pour l'heure parfaitement excusable. Histoire de chipoter un peu, on pourra également reprocher à certains titres de s'étendre un peu trop en longueur ; ils gagneraient en impact s'ils se voyaient légèrement raccourcis.

« A New Dawn » s'apprivoise et se dévoile petit à petit. Il s'écoute les yeux fermés afin de laisser l'imaginaire suivre l'épopée musicale proposée tires après titres. Outre une imagination débordante et la volonté évidente de bien faire, ce premier essai 'longue durée' s'avère fort prometteur et étonnamment mature pour un groupe qui débute et se constitue à peine. Les premiers indices glanés sur cet album laissent donc entrevoir un avenir radieux et une carrière que l'on souhaite longue et fructueuse pour Arcas ! Une formation à suivre de près et que l'on espère revoir très bientôt pour la suite de l'aventure...



PS: « A New Dawn » est disponible gratuitement en téléchargement sur le site du groupe (http://www.myspace.com/arcasband); mais vous pouvez également vous le procurer auprès du groupe, si vous êtes de ceux qui aiment soutenir la jeune scène actuelle...