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Vous vous souvenez de 1999 ? La guerre au Kosovo, le massacre au lycée de Columbine, la sortie de Star Wars Episode 1... Tout ça vous semble loin, non ? Et pour cause. Onze ans c’est long... On a le temps d’en faire des choses pendant un tel intervalle. On a le temps de finir la guerre et d’en commencer d’autres, de faire des films sur la catastrophe mentionnée plus haut et de recevoir des prix. On a même le temps de sortir la fin d’une trilogie qu’on aurait espéré ne jamais voir. En tout cas, onze ans c’est le temps nécessaire qu’il aura fallu aux suédois d’October Tide pour sortir le nouvel album intitulé A Thin Shell.

Alors bien sûr, toutes ces années d’attente ne sont pas comparables aux 15 ans qu’il aura fallu aux Guns pour enfin sortir leur Chinese Democracy ou à Cynic pour nous offrir le successeur de Focus, October Tide n’ayant pas la même envergure que des deux groupes précédemment cités mais il est toujours difficile de revenir après une aussi longue absence. Surtout qu’en plus d’une décennie de silence, la scène metal (et surtout son public) a des chances de vous avoir oublié.

Pour les plus jeunes d’entre vous et, pour ceux qui arrivent sur cette chronique un peu par hasard, voici un petit rappel des faits. October Tide est un groupe de Death melodique largement teinté de Doom. Formé à Stockholm en 1995 par Fredrik Norrman et Jonas Renkse que l’on retrouve dans Katatonia. Le combo sort deux albums Rain Without End et Grey Dawn, en 1997 et 1999 respectivement avant de splitter. Le temps passe et finalement les suédois renaissent de leurs cendres en 2009. Jonas Renkse ayant quitté le navire, le groupe recrute de nouvelles recrues pour enregistrer son nouvel opus. En l’occurrence, Tobias Netzell au chant et Pierre Stam à la basse qui arrivent tout droit de la formation In Mourning. Et voila comment, en septembre 2010, A Thin Shell qui sort sur le label Candlelight Records, arrive sur nos platines.

Un des atouts de A Thin Shell est la performance vocale du chanteur d’In Mourning, Tobias Netzell qui remplace donc Jonas Renkse. Ce dernier possède un timbre très puissant qui apporte une profondeur supplémentaire à l’album. Si sa présence rappelle fortement sa prestation au sein de son autre groupe, on ne peut s'empêcher de remarquer à quel point sa voix se marie bien avec la musique d’October Tide. En effet, le bougre va chercher au plus profond de lui des sonorités ténébreuses et gutturales qui renforcent l’esprit rocailleux de A Thin Shell. Ses hurlements transpercent l’auditeur et le transcendent. Tantôt plus lente et lancinante comme sur le titre “Scorned” ou plus rythmée comme sur “Fragile”, l’intonation de Tobias Netzell évolue et s’adapte aux mélodies.

Justement en parlant des instruments, October Tide nous propose des compositions de grande qualité qui flirtent allègrement avec la mélancolie tout en gardant présente la violence. Cette dernière est, en effet, un composante essentielle de la musique du groupe. Cependant, cet aspect brutal n’est jamais gratuit  et les suédois savent aussi jouer de leurs talents pour évoquer avec intensité, leur idée de la tristesse. Ainsi, grâce a cet étonnant mariage, ce nouvel album d’October Tide est, d’une certaine manière, une invitation au spleen et à l’introspection. Les musiciens attaquent avec l’efficace morceau “A Custodian of Science” avant de s’enfoncer petit à petit au plus profond de l’auditeur pour achever de le remuer avec “Scorned” qui donne toute son ampleur au nouvel opus d’October Tide. Pas de temps mort, pas de pause, A Thin Shell, rythmé et équilibré, va droit a l’essentiel.

La production souligne l’allure travaillée de l’album et aide à construire l'étrange atmosphère dans lequel il baigne. A Thin Shell flotte dans un univers indéterminé mais d'où il est difficile de s’extraire. Et si vous n'êtes pas convaincu par ce que je viens de dire, comparez donc la pochette avec les photos du film (ou même avec le film tout court) de Darren AronofskyThe Fountain”... Il y a définitivement quelque chose...

Le nouvel album des suédois propose un savant mélange de férocité salutaire et de sérénité qui saura ravir toutes les oreilles. Étonnamment plus profond qu’il n’y parait au premier abord, A Thin Shell permet à October Tide de signer une belle réapparition sur la scène metallique. Quant à savoir si ce retour sera entendu, cela ne tient qu’à vous !

Et pour finir on pourrait citer "Omerta' de Katatonia : “Why have you waited so long?”. La boucle est bouclée...

Nola

0 Comments 01 novembre 2010
Whysy

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