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Il y a des moments où la vie est vraiment cruelle, des instants plus longs à tuer que toute une existence sur la terre, des heures de mélancolie qu'aucune distraction ne parvient à vaincre. Je pense que la période qui sépara la sortie de A Night At The Opera en 2002 et celle ô combien tardive de ce nouveau disque que je tiens enfin entre mes mains tremblantes, peut aisément être classée parmi eux. Certes quatre ans ce n'est pas si long allez-vous me dire, mais les profanes ne peuvent comprendre le véritable calvaire qu'a du éprouver un apprenti barde dévoué comme votre serviteur pendant ce laps de temps.  D'autant que les évènements récents n'étaient pas pour me réconforter : ainsi malgré la sortie d'un remarquable double DVD en 2004, le groupe enregistrait la perte de son charismatique et ultra-talentueux batteur Thomen Stauch parti fonder Savage Circus avec toute la réussite qu'on lui connaît. Bref tout cela laissait nécessairement dans l'esprit du fan anxieux quelques nuages lourds peser sur l'avenir immédiat de ce géant en puissance du métal européen. Mon esprit déjà fragilisé par les tortures de l'attente, fut loin apaisé au moment de découvrir ce nouvel album A Twist In The Myth sous un brulant soleil d'été pour le moins débilitant. En préambule de mon analyse je ne peux qu'exprimer la confusion qui fut la mienne durant les premières écoutes fiévreuses de cette galette tant attendue. Ne sachant pas trop quoi attendre de Blind Guardian pour sa cuvée 2006 : Un retour aux sources du grand Nightfall In Middle Earth, ou bien cette permanente évolution qui caractérisait si bien le précédent opus A Night At The Opera et cette remise en question permanente qui fait la marque des plus grands.  Perdu entre mes désirs contradictoires, il me fut pendant très longtemps difficile d'arréter un avis sur ce complexe étalage de talents. Cependant à l'image des meilleurs bordeaux, A Twist In The Myth s'est bonifié avec le temps révélant des facettes de plus en plus complexes au fil des écoutes. Tout d'abord il est rassurant de constater que Frederik Ehmke, le tout jeune remplaçant de Thomen derrière les fûts s'en tire à merveille assurant une section rythmique foisonnante de subtilités et particulièrement riche, un beau clin d’oeil à son génie de prédécesseur. Les guitaristes André et Marcus sont égaux à eux-mêmes dans l'excellence tant les plans de guitares, plus proches de la grande période des années quatre-vingt-dix, sont un bonheur renouvelé à chaque écoute. Quant au grand Hansi, encore tout auréolé de sa luxuriante performance chez Demons & Wizards, il nous gratifie de l'une de ses plus belles performances, loin de l'excès de choeurs souvent pesants du précédent disque, il alterne avec tact la violence de son timbre unique et les intonations aiguës qu'il affectionne de plus en plus.  Loin du retour en arrière qui fut un temps annoncé, ce nouveau bébé du gardien aveugle est à placer sous le signe de la modernité, il représente un Blind Guardian qui a su passer le cap du nouveau millénaire sans renier son passé, et sans non plus stagner artistiquement comme le firent la plupart des ténors du heavy allemand. Hansi et sa bande parviennent à innover tout en rendant un vibrant hommage aux grands disques de la période "Nightfall" et "Imaginations". En intégrant une profusion de rythmiques modernes et de sonorités nouvelles, et en remettant au goût du jour les soli et les riffs du heavy puissant qui fit le cachet des tubes "Mirror, Mirror" et "The Script For My Requiem", Blind Guardian renouvelle avec brio sa recette miracle et nous propose un disque certes difficile d'accès, mais d'une richesse impressionnante, à la croisée des chemins du complexe et progressif A Night At The Opera et des grands classiques du groupe.  Le titre "Fly" présenté en avant première est selon moi très représentatif de la nouvelle peau du gardien aveugle, riche de multiples influences et dotée d'une efficacité brute impressionnante, elle représente l'un de mes titres préférés. On retrouvera également des morceaux plus old-school en apparence, comme "Lionheart", ou les excellents "This Will Never End" et "The Edge". Sans oublier les désormais traditionnelles chansons de bardes à reprendre en choeur au coin du feu : "Skalds And Shadows" et "Carry The Blessed Home" qui sans atteindre la perfection de "The Bard's Song" remplissent parfaitement leur office. C'est cependant vers les vraies originalités que se porte ma préférence pour ce A Twist In The Myth, dans la puissance du refrain et le phrasé inédit du couplet de "Another Strange Me", pour l'incroyable mélodie du refrain de "Otherland" le petit côté mélancolique de "The New Order", sans oublier la vibrante "Straight Through The Mirror" et ses lignes de chants d'une richesse sans égale.  Si je devais résumer en deux mots cette oeuvre, une nouvelle fois magistrale, je dirais que bien que très difficile d'accès aux premières écoutes, ce nouvel opus se révèle dans toute sa splendeur à qui sait prendre son mal en patience. Je gage que le fan de la première ou l'auditeur profane saura apprécier cette nouvelle offrande à sa juste valeur. Blind Guardian a pris le risque d'aller de l'avant sans se reposer sur ses lauriers (pourtant nombreux), et A Twist In The Myth vient selon moi rejoindre la catégorie très fermée des grands disques du heavy, peut-être d'ailleurs le meilleur album de l'année. Blind Guardian reste au sommet, les années passent et ce constat semble plus que jamais inébranlable, en tout cas si ce règne doit prendre fin ce ne sera pas cette année.  SMAUG...

0 Comments 11 août 2006
Whysy

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