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« Cette étrange musique me laisse la nostalgie d’endroits que je n’ai pas connus, de moments que je n’ai pas vécus… » (Kenneth Grahame, « Le vent dans les saules »)


Un silencieux crépuscule d’hiver…nous arrivent deux musiciens, deux âmes solitaires et romantiques, nostalgiques par nature, et affirmant un goût prononcé pour le metal, ainsi qu’un certain talent pour pondre de longues odes mélancoliques et superbes. Voici Empyrium.

Comment présenter la musique de ce groupe ? Pour faire simple, le duo allemand propose des promenades rêveuses et éthérées, aux motifs folkloriques (la flûte et la guitare acoustique sont plus que fréquemment mises à contribution) sur fond de guitares doom, aux motifs lents, lourds et planants à la fois.

Le chant, quant à lui, varie perpétuellement entre poussées black éraillées et tessiture gothique traditionnelle. Il relaie néanmoins beaucoup d’émotions : les parties extrêmes n’agressent en rien l’auditeur, et la voix claire de Markus, malgré son aspect juvénile, est tout à fait particulière, et donne à l’album un aspect terriblement humain, sincère…

A l’écoute de cet album, on imagine facilement le duo originaire d’un pays plus froid, tant l’ambiance dégagée est proche du titre de l’album, belle mais froide, hivernale !
Et s’il n’égale pas son excellent successeur, cet opus est déjà très beau, très envoûtant.

La force d’Empyrium, c’est sa capacité à faire voyager ses auditeurs. Le duo nous fait partager avec sincérité et tout en douceur sa fascination pour la nature qui l’entoure. Ainsi, quelques notes de claviers, un ou deux accords de guitare et la douceur de la flûte nous emportent dans un monde pur et magique, où tout n’est que contemplation et sérénité. Dépaysement garanti, donc, tant le rendu des ambiances est prenant !

Néanmoins, cet album est loin d’être exempt de défauts : certains morceaux, très longs, s’étendent un peu trop (3 titres dépassent les 10 minutes), le son des claviers est vraiment kitsch, notamment sur l’introduction, le mixage et la production ne sont pas encore au top, et le chant est tout de même assez limite, plutôt immature. Le chant black, quoique bien intégré, s’avère un peu trop aigu et strident, et le chant clair, un peu trop guttural par moments, ne possède pas encore la beauté et la profondeur qu’il atteindra sur les opus suivants. Et puis, quelques riffs de guitares ne sont pas du meilleur effet (comme sur la première minute d’ « Ordain’d to thee »).

Mais que ces quelques anicroches ne vous rebutent pas, cet album contient tellement de moments magnifiques !! Je pense notamment à l’enchaînement des deux premières pistes, aux noms si évocateurs, avec la mélodie prenante de « Moonromanticism » qui ouvre sur la mélancolie sublime de la lead guitare d’ « Under dreamskies »… Ce morceau est d’ailleurs l’un des plus réussis de l’opus, réussissant le défi de créer de nombreuses variations sur un même thème, sans lasser. On y entend très bien la profonde résonance de la basse, et les légères montées de tempo avec les claviers sont absolument divines !!

« The fraconian woods in winter's silence » et « Ordain’d to thee », les deux autres monstres de l’album, montrent aussi le talent du groupe à lier romanticisme et rythmiques typiquement doom métalliques. Ces deux pièces, quoiqu’ un peu trop étirées, contiennent également des fins magnifiques. Et comment ne pas mentionner les arrangements guitares-claviers qui concluent si magistralement « The yearning » ? Quant aux pistes non évoquées, elles servent surtout de reposants interludes reliant les morceaux-fleuves de l’opus.


Au final, voilà donc un très bel opus qui m’aura fait beaucoup voyager, et que l’on peut volontiers écouter en regardant la lune, en se laissant envahir par la nostalgie…

Même si certains points sont largement perfectibles, Empyrium fait preuve d’une étonnante conviction dans l’expression de son propos. Il ne doit pas être évident de créer une musique si belle, imagée, évocatrice, porteuse de tant de sentiments et senteurs forestières… Je pense que ma note, malgré l’immaturité de l’ensemble, aurait été supérieure si l’album était moins redondant. Car il faut bien l’avouer : les morceaux se ressemblent un peu, et l’on se lasse peut-être plus facilement de cet opus que de son glorieux et impérissable successeur. Album imparfait donc, mais hautement recommandable néanmoins, pour les rêveurs de nature….


Gounouman

0 Comments 03 décembre 2006
Whysy

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