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Stalwart est un groupe d'origine Russe qui n'a malheureusement pas encore trouvé de label en France pour faire la distribution de Abyss Ahead, alors autant vous dire c'est bien dommage. C'est quand on s'aperçoit (encore une fois de plus) d'un côté de la qualité de composition des formations inconnues en France et d'un autre côté on constate l'envahissement quasi systématique de formations éprouvées très médiocres que l'on ne comprend rien au monde de la musique. A croire qu'il suffit de faire un seul album qui marche plutôt bien ou qui attire l'attention ne serait-ce pendant quelques mois pour que l'on ait le droit d' inonder de publicité, de merchandising et que sais-je. Je disais que c'était bien dommage car Stalwart est de ceux qui parcourent un chemin exceptionnel mais dans l'ombre.

En effet, lorsque l'on s'attache à l'écoute de leur nouvel opus (n'avais-je pas dit qu'il y a déjà eu un album auparavant ?) on se rend compte que les Russes se sont mis à travailler dans les règles de l'art. Ils arrivent ici avec un album méticuleusement peaufiné : on retrouve une intro « Void (Enter The Abyss) » et une outro « Exit (Reality Over) ». Vous aurez noté au passage le petit agrément utilisé pour définir ce Abyss Ahead, cela donne toujours l'impression que la production est menée généreusement avec un certain souci du détail. Mais ce n'est pas qu'une sensation, puisque l'ensemble de l'album fait preuve d'un mixage de qualité et offre une écoute baignant dans l'exemplarité. De plus, à cette spécificité s'ajoutent la musique en elle-même, la pugnacité exubérante des groupes underground et la contenance explosive d'un style death/thrash.

La massive production est bourrée de saturation rythmique et de guitares omniprésentes (« System Is Insane », « Virus of Agression »). Les guitaristes laissent libre-cours à leurs envolées mélodiques (« Divine Damnation ») et il n'est pas rare de se sentir emporté par les soli grandiloquents et affreusement incisifs. Les riffs sont parfois un peu au-dessous de l'entreprise qui a été lancée par Stalwart mais ils sont bien présents (« My Destination »), ce qui est sûr c'est que l'album ne manque pas de personnalité au niveau de la structure mélodique. Tout est bien en place et la cohérence instrumentale embarque tout sur son chemin tel un rouleau compresseur. On remarquera aussi l'utilisation de samples apportant une certaine douceur sur le début et la fin de l'album ainsi qu'une dimension mécanique par moment, prétextant la nécessité de s'aérer la tête quelques secondes avant de replonger dans la noirceur de l'environnement imposé par le combo.

Au niveau de la marque vocale, Jakk est capable du pire comme du meilleur. Quand je dis pire je le prononce dans le sens noble du terme, cela va sans dire que pour satisfaire les adorateurs de death/thrash il faut être équipé d'une incroyable capacité pulmonaire et d'un organe offrant de vastes possibilités derrière le micro. Et c'est à gorge déployée que le chanteur chante et crie, nous prenant par les tripes et s'amusant à les passer à la moulinette (« Souls Prison ») ! Mais ce n'est pas tout, dans Abyss Ahead on assiste à une alternance entre ce chant extrême et un chant plus classique avec une certaine gradation mesurée. Le chant est bel et bien technique puisque les oscillations orales ne se réfugient pas dans des positions déraisonnables de manière expéditive, le vocaliste efface juste une certaine monotonie en contrastant et modulant sa voix (« The Warning », « Naked Core »).

Le groupe est capable de produire de jolies choses mais on pourra lui reprocher de ne pas être constant dans cet élan d'inventivité, de temps en temps il arrive au groupe de se terrer dans des lieux communs et malheureusement on s'en rend bien vite compte. Alors est-ce peut-être encore un effet de contraste, une volonté de casser la trame musicale ? Un comble pour un manque de créativité à un moment donné dans la partition ? Des titres comme « New Dimension » sont de fabuleux joyaux qui sont ancrés sur un plaqué or basique ne rendant pas l'éclat auquel on pouvait s'attendre. Les arrangements sont tout bonnement extraordinaires, une véritable euphonie est créée mais la base est fade. L'homogénéité peut aussi être soulevée et rendre un goût amer et donner la sensation de platitude à Abyss Ahead. Cependant ne noircissons pas le tableau, car la musique de Stalwart tire sa puissance de l'alliance des contrastes et d'une recherche musicale ingénieuse et par-dessus tout très réfléchie.

- ĦĐ -

0 Comments 21 mai 2008
Whysy

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