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Heavenwood, ce n'est pas très connu mais ça a presque 20 ans. Et ça vous en bouche un coin, pas vrai ? Ces portugais sont arrivés très peu après Moonspell, sauf que durant une longue période, on entendit plus parler d'eux, les albums tardant à venir.

10 ans, un laps de temps semblant si long, une décennie... Il fallait bien tout ce temps pour séparer «Swallow» et «Redemption», mais seulement 3 ans entre celui-ci et «Abyss Masterpiece». Son nom est-il digne de confiance ?
Il faut tout d'abord définir à quoi nous auront à faire. Une tâche difficile mais nécessaire, la musique proposée étant plutôt particulière. Du «Dark metal» à éléments sombres, heavy, symphonique, empruntés au doom et au death, voilà un bon résumé. Quoi c'est encore trop vague ? Alors lançons l'écoute immédiatement.

Première constatation : production impeccable, c'est est très diversifié, et les titres sont riches, parfois n'ayant rien à voir les uns entre les autres. Entre l'ouverture «The Arcadia Order», massive, et le morceau suivant «Morning Glory Clouds», tout change, et à peine quelques éléments restent communs. La massive première piste diverge totalement de la très Paradise Lost-ienne «Morning Glory Clouds» et de sa voix féminine. Parfois, le tout évoquera aussi Crematory. «Leonor» en duo avec Sfinx de Ram-Zet joue encore sur un registre différent, et la complémentarité entre les deux vocalistes est bien assurée, jouant cet aspect belle/bête, ombre et lumière, se rangeant vers le gothique.

Problème ? L'impression de ne pas avoir de ligne conductrice. Parfois, le tout est tellement «trop» varié que l'on déplore ce manque cruel de cohérence, dommage, car les titres ne sont vraiment pas mauvais, que du contraire. On s'attardera non sans plaisir sur l'excellente «Morning Glory Clouds» ou encore «Once a Burden», lente, lancinante, encore aux réminiscences Paradise Lost, mais d'excellente facture. Là on met encore le doigt sur un défaut majeur du groupe : des influences trop criantes, et surtout une folle envie de vouloir faire comme les britanniques ci-dessus, toutes périodes confondues. Mais le marathon du très bon ne peut s'arrêter sans citer «Poem for Matilde» et sa superbe voix grave et éraillée, doomesque à souhait, avec des orchestrations magistrales, en faisant le chef d'oeuvre dont chaque opus a besoin pour rayonner. A côté, «Sudden Scars» fait un peu pâle figure, dommage, mais c'est probablement le seul titre qui ne puisse pas être la cible d'éloges. Car même pour conclure et laisser sur  une bonne impression, le groupe a la bonne idée de terminer sur «Her Lament», monument symphonique, aux ambiances valorisées par des choeurs religieux, solennels, certes sans voix, mais cette piste instrumentale permet une petite aération dans la mouture.
Enfin, «Like Yesterday» n'est pas sans évoquer le Crematory des grandes heures, celui qui faisait vibrer des générations entières. Titre accrocheur et quasi-sans failles, il est idéal dans le registre «introduire vos amis au dark metal sans les choquer». Pas d'excès de violence, juste du Heavenwood terriblement attractif avec refrain mémorisable.

La voix d'Ernesto Guerra rappelle celle de Nick Holmes et renvoi encore à ce calquage de Paradise Lost, avec des moments de génie qui peuvent leur faire prendre l'ascendant sur les ainés («Poem for Matilde» fait mieux qu'un certain nombre de titres des anglais). Mais l'alternance chant clair/chant éraillé/growls est efficace, et là viennent s'ajouter de belles voix féminines («Leonor», «Morning Glory Clouds»).

Parfois plus patchwork qu'autre chose, «Abyss Masterpiece» des portugais s'en sort quand même avec les honneurs. Mise en garde malgré tout : plus de cohérence et de personnalité ne font de mal à personne.

7,5

0 Comments 07 mai 2011
Whysy

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