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Le nom d'Aperion ne doit pas raisonner dans vos oreilles et relancer votre mémoire. Encore faut-il s'intéresser à la scène slovène pour en avoir déjà entendu parler. D'ailleurs sur le papier, le groupe fait du déjà vu mais tente néanmoins de s'appuyer sur une carte originale : metal symphonique avec chant lyrique, certes, mais orchestre massif de musiciens experts de la flûte, du violon, du violoncelle et autres instruments folkloriques ou classiques. Mine de rien, ça fait un line-up conséquent et donne un peu plus de sympathie envers les membres d'Aperion, qui viennent nous livrer «Act of Hybris», avec 13 titres (et un remix que l'on passera sous silence), tout un programme vous vous en doutez.

Il faudra même attendre le 3ème morceau pour entendre une once de la voix féminine qui va guider la traversée de l'opus, du commencement jusqu'à la dernière note. Deux introductions, «Source» et «Ocean» qui permettent de mettre en valeur l'orchestre, qui fera penser à Apocalyptica, probablement l'une des références d'Aperion. Heureusement, elles sont plutôt courtes, ne tendant pas à s'éterniser, juste une démonstration pour prouver que les divers éléments empruntés à la musique classique ne seront pas là pour faire de la figuration mais bel et bien pour apporter leur touche à la musique, ce qui se vérifiera tout au long de la mouture, avec des breaks de violon (on pensera à «Shine»), de longs passages instrumentaux où chacun s'accorde à l'autre dans la joie et la bonne humeur («Ü») et des touches de folklore local, fraiches et entrainantes même si tombant franchement dans le kitsch (le début de «Dajte» est amusant mais à la limite du ridicule, enfin, il fallait quand même oser). Tout cela pour montrer que sur les titres qui défileront, un véritable effort pour insérer cette touche supplémentaire a été fourni. Même si on pense sérieusement à des influences qui surgiront, criantes, comme Therion, Apocalyptica ou Nightwish.

Les vocaux de Zala Hodnik sont en effet plutôt similaires à ceux de la diva finlandaise adulée par sa horde de fans, à savoir Tarja Turunen. Mais il faut quand même admettre que non seulement, la jeune femme s'en sort très bien, avec une voix lyrique nettement supérieure à une bonne partie des groupes pseudo-Nightwishien qui pullulent, et qu'elle s'intègre parfaitement aux compositions, qu'elle sait mettre et se faire mettre en valeur par les orchestrations, qu'elle est capable de moduler et de s'adapter aux diverses ambiances, qu'elle a un beau timbre ce qui est important et qu'elle ne reste pas totalement froide sur l'interprétation. Voilà donc de quoi faire plaisir aux petites cages à miel.

Seulement, le hic dans tout cela et que l'opus, même s'il s'écoute d'une traite très facilement et avec beaucoup de plaisir, ne se révèle pas réellement preneur de risque ou aventurant des contrées inexplorées. Tout est déjà vu, de la magnifique «Shine» qui évoquera subtilement Within Temptation dans les lignes mélodiques, Nightwish pour la voix et Edenbridge pour le refrain, à «Dajte» maladroitement folk et qui sent mauvais le déjà entendu mille fois, en passant par «Black Flies» évoquant Therion.

Mais constatons que des tubes fourmillent ici et là, et il faudra encore passer par «Shine» qui décidément prend le rôle de l'incontournable, et qui pourrait bénéficier d'un support single sans l'ombre d'un doute. «Light» est belle, très belle même, avec des moments plus sombres et inquiétants, lorsque le ton se fait grave, ce qui renforce encore l'utilité de la multitude de musiciens qui jouent à l'unisson et octroient l'intensité nécessaire à l'envoûtement, mais encore «Ü» qui est dotée d'une vidéo sympathique, mais au-delà de ça le morceau reste en tête et donne envie d'être réécouté. «Maya» nous offre un joli duo avec un invité à la voix très mélodieuse et plaisante, «Fairytale Mind» met en valeur le chant de Zala dans un registre plus doux et touchant, pari réussi pour la qualité, ne reste plus qu'à trouver l'originalité.

Aucune faute de goût majeur à prononcer, à part les deux-trois petits passages un chouïa too much (virez donc «Dajte») et au niveau de la production, la guitare ne prenant pas la place dont elle aurait besoin par rapport au reste.

«Act of Hybris» possède ce petit goût de bonbon et ce romantisme qui fait chavirer les coeurs, voir même une petite dose de naïve innocence, et permet de mettre les premières pierre à un édifice qui pourrait être solide dans la suite. Potentiel assez flagrant, une chanteuse à la voix délicate, il ne restera plus qu'à se démarquer d'influences encore trop criantes et de combler ce manque d'originalité qui tente de se cacher sous la présence d'une multitude de membres au line-up, et ça ne prend que 2 minutes cette stratégie. De ce côté il va donc falloir innover pour ne pas se retrouver sous les eaux, mais avec tant de beauté on est bien capable d'accorder notre confiance au slovène.

0 Comments 19 mars 2011
Whysy

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