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C’est en cette fin d’année 2009 que nous est arrivé le deuxième opus sur les quatre prévus du Devin Townsend Project. Un petit retour sur le concept pour ceux qui étaient en Ouzbékistan du Sud ces derniers mois s’impose. Ce projet, c’est tout d’abord un chiffre : le quatre. Quatre opus, quatre saveurs, quatre parties d’un même repas. Une entrée, deux plats principaux et un dessert. Avec l’atmosphérique Ki, nous avions eu droit à une mise en bouche de choix. Et maintenant le serveur nous apporte le premier plat de résistance, Addicted.

Comme promis, nouvelle ambiance et nouveau line-up ! Devin s’adjoint les services de Mark Cimino (guitare), Brian Waddell (basse), Ryan Van Poederooyen (batterie) et, last but not least, Anneke Van Giersbergen, dont on ne présente plus le chant au sein de The Gathering, ou actuellement de Agua de Annique.

Rarement un nom n’a aussi bien collé à un album. Addictif. Concentré d’énergie pure et positive alliant sons metal, pop et technoïdes, nous avons là une véritable machine à tubes avec ses rythmiques simples qui font taper du pied et ses refrains supra-catchy ("Ih-Ah!", "Bend It Like Bender!" et "Supercrush!" en tête). D’accord, dit comme ça, ça donne peu envie. Mais ce serait compter sans le talent du fou canadien.

Dès le début le ton est donné. Une guitare ultra saturée monte en puissance pour mieux nous pulvériser avec un mur de son à décoller le papier peint et un hurlement heavy primal au possible. La musique d’Addicted est une musique directe et énergique. Ce que nous rappellent les points d’exclamation présents sur chaque titre de piste. « Y a pas à tortiller du cul pour chier droit » comme dirait ma grand-mère! Un plaisir simple et immédiat qui ne demande pas 3 cafés et 2 aspirines pour qu’on commence à en apprécier les effets. Mais comme simple ne veut pas dire simpliste, on sent toujours le sens aigu de la perfection du compositeur derrière la composition et le mixage ("The Way Home!" a mis deux ans à être composée).

Roulements de batterie et on enchaîne sans temps mort sur "Universe In A Ball!", la piste la plus lourde de l’album. Chant heavy, riffs bien gras et nappes de clavier technoïdes au menu, miam miam. Avec en plus "Bend It Like Bender!", dont je vais parler plus loin, on obtient une entrée en matière très énergique.

A partir de là, les bombes s’enchainent. Non seulement Anneke rentre enfin en scène à partir de "Bend It Like Bender!", mais en plus Devin enchaîne les démonstrations magistrales de chant, jouant beaucoup de l’alternance entre une voix assez extrême et un chant très clair. Le bougre chantait déjà devinement (héhé) mais là ça prend des proportions what-the-fuckesques. Nous sommes en plus gratifiés de lignes de chants très typées opéra ("Supercrush!", "The Way Home!", "Numbered!"). La chanteuse, même si elle reste souvent cantonnée à un rôle de backing vocaux, ce qui est vraiment dommage, nous livre aussi des prestations d’une excellente qualité, notamment sur de nombreux refrains. Elle endosse quand même le rôle du chant principal pour le temps d’une reprise, celle de "Hyperdrive" (Ziltoid The Omniscient). Pour l’histoire, elle la reprenait déjà en live avec son groupe Agua de Annique. Réadaptation très fidèle de l’originale, qui nous fait bénéficier bien sûr du chant magnifique de la dame, mais aussi d’une dimension plus intense et éthérée (merci la reverb’) alors que l’original se voulait plus intime et spatial. A vous de choisir votre version préférée. En tout cas, Devin a fait un très bon choix car sa voix est parfaite pour la touche lumineuse qu’il voulait apporter à Addicted.

On passe beaucoup d’excellents moments et aucun morceau n’est à jeter. On se souviendra de pistes entrainantes et pleines de fraicheur comme "The Way Home!" ou "Resolve!", de la claque vocale des refrains de l’épique "Supercrush!", la densité hallucinante de "Numbered!" ou de "Awake!". La grosse surprise vient surtout des deux morceaux "Bend It Like Bender!" (hommage à la série Futurama) et "Ih-Ah!". Le premier nous emmène dans un énorme délire heavy-techno-pop acidulé au refrain chanté par Anneke. Je vous conseille de voir le clip d’ailleurs, il vaut carrément le détour. «Ih-Ah!» nous sert de son côté une ballade pop qui ne plaira pas à tout le monde. Certains la trouveront trop gnangnan et fade. D’autres adoreront, pour l’émotion et la candeur qui se dégage du titre. Une simple rythmique à la guitare, du piano, et la voix de Devin qui nous emporte dans un déluge de romantisme et de beauté. Pour moi une de mes, si ce n’est ma chanson préférée de l’album.

Les tueries s’enchaînent toutes seules et on ne voit pas le temps passer qu’on est déjà à la dernière piste, "Awake!", où l’ambiance instaurée sur Addicted s’efface peu à peu pour nous laisser entrevoir ce qui nous attend pour la troisième partie de son projet, Deconstruct. Les dernières paroles nous mettent ainsi sur la voie («So get up, get up, get up… Now deconstruct!»). Le côté immédiat du cd a un contrecoup et sa longueur de 47mn n’aide en rien. Alors on en reprend une dose tel un camé en manque et on se le repasse en boucle pour en profiter encore et encore (n’est-ce-pas Whysy ! :D).

Addicted est sans conteste une très bonne cuvée du canadien fou. Concentré de positivisme et d’énergie, il arrive ici à allier un son d’une densité impressionnante à une fraicheur et un entrain très communicatif (les influences New Age n’y sont pas pour rien à mon avis). La fausse note, minuscule couac dans l’engrenage, viendra peut-être de l’abus à certains moments de reverb et d’écho sur les voix, mais c’est vraiment chercher la petite bête. Complètement pop dans l’esprit avec ses tubes à gogo, son accessibilité et sa bonne humeur démesurée, c’est un excellent opus et un des meilleurs albums de l’année. Maintenant reste plus qu’à attendre mai prochain pour voir ce qu’il nous réserve avec la sortie simultanée de Deconstruct et de Ghost. Un 9,5 arrondi à 9 pour moi.

Quetzalcoalt

0 Comments 18 décembre 2009
Whysy

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