Vous recherchez quelque chose ?

Les super groupes, c’est trop tendance, c’est le grand kiff de plus ou moins tout le monde, et si je devais avancer une raison à l’arrache, je dirais que vu que les anciens groupes, trimballant leur attirail de légendes, sont devenus légions et tournent sans arrêt, c’est un peu comme s’il n’y avait plus que des super groupes .

La preuve en est qu’il est devenu commun pour tout journaliste ou chroniqueur métalleux qui se respecte de lister, entre parenthèses et suivant l’évocation du nom d’un membre d’un groupe, sa bio ; c’est un peu comme si je vous disais que dans Iron Maiden, Bruce Dickinson (ex-Samson) assure le chant. Oui je pousse, j’exagère, mais à un moment, si je vous dis que dans Black Country Communion il y a Glenn Hughes, Joe Bonnamassa, Derek Sherinian et Jason Bonham, pas besoin de vous faire une liste, vous les connaissez. C’est donc que c’est vraiment, un supergroupe, comme Flying Colors ou CSNY.

On a eu, malheureusement, une nette tendance à oublier, et à raison, que dans « super groupe » il y a « groupe ». Il faut dire que si Crosby, Stills et Nash s’entendaient plutôt bien, que leur collaboration musicale était parfaite au point de devenir encore plus célèbre que leurs groupes précédents (respectivement les Byrds, Buffallo Springfield et les Hollies) et que donc on peut avancer sans risque que plus qu’un « super groupe » genre « opération commerciale montée de toutes pièces par un manager véreux », CSN était un vrai groupe, évolution logique pour chacun de ses membres, il n’en a que rarement été ainsi, et on a surtout vu des super groupes se vautrer lourdement. Dernier avatar de cette fâcheuse mode, Superheavy, le bien nommé.

Si, dans le domaine du hard-rock-blues-classic-AOR, tous les groupes sont plus ou moins des super groupes, BCC rassemble en son sein des éléments légendaires qui font plaisir à voir et entendre. Jason Bonham bien sûr, le fils de, Kevin Shirley à la production, mais surtout Glenn Hughes, un des héros de mon adolescence, dont je ne connaissais qu’un album, Stormbringer, avec Deep Purple (bon et un peu Burn aussi). Je n’avais jamais vraiment accroché au reste de ce qu’il avait fait depuis, je me lance donc dans le premier BCC, qui ne m’accroche guère. Du hard-heavy-blues, sympa, sans artifice, mais moyennement intéressant. Il en sera tout autrement sur 2, leur deuxième album, qui est une bombe atomique, un brûlot blues mélodique, avec ses passages épiques, ses ambiances glacées, sa lourdeur zeppelinienne et son Since I’ve been loving you maison. La référence aux anciens est permanente mais elle fond en bouche, pas dans la main, et on leur pardonnera donc d’avoir voulu se faire plaisir tout en nous faisant bander.

C’est donc avec une grande, grande impatience que je me précipite sur Afterglow, le troisième album de Black Country Communion, le somptueux refrain vaporeux de Cold encore sur mes papilles, avec en bouche un fort goût de revenez-y.

Inévitablement, c’est une déception. Grande dans un premier temps, elle devient plus mesurée au fur et à mesure que j’écoute l’album, mais une chose est certaine : il n’y a, sur Afterglow, que peu voire pas de morceaux que j’écouterai toute ma vie, à part peut-être le morceau-titre, Afterglow.

C’est pourtant une collection fort sympathique d’hommages divers et variés. On va de Led Zepp, bien sûr, à Deep Purple, en passant même par AC/DC. Le reste est un hard-blues dans le style du dernier Europe, et je vais me retrouver donc avec le même problème qu’avec mes anciens chevelus préférés : c’est agréable, rafraîchissant, mais ça manque cruellement d’originalité. Où est la touche BCC ? Où est cet esprit de groupe qui avait si fortement marqué 2 ? On retrouve ici les problèmes inhérents à tous les super groupes : issus d’horizons divers et très fortement identifiés, leurs membres font vivre leurs influences individuellement, chacun son tour, dans son morceau, au lieu de fusionner en un seul esprit créatif. C’est évidemment beaucoup moins marquant que ça en a l’air, mais tout de même, malgré les nombreuses écoutes j’ai eu plus souvent l’impression d’assister à une rockollection qu’à un album original et nouveau.

Ce n’est pas qu’il s’agisse d’un mauvais album, loin de là, il est même bon, mais ça s’arrête là, et c’est très dommage, car on avait bien senti que ces quatre-là avaient de quoi faire plusieurs albums du calibre de 2. Le problème d’Afterglow ? Le manque de chansons-phares, de titres majeurs, qui échappent aux références, qui sonnent bien et surtout, le plus important, qui ne font penser qu’à BCC. Sur Afterglow on sent surtout BCC  les vieux de la vieille, BCC les mecs qui connaissent bien leur boulot, BCC les artisans d’un son bien rodé et d’un groove puissant. C’est sympa, c’est bon même, et en concert ça doit être énorme, mais on ne sent pas ici BCC un nouvel espoir, BCC la qualité d’écriture et les idées géniales.

Si vous n’avez pas encore écouté leur second album, 2, il est temps : The Battle for Hadrian’s Wall, Save Me, Little Secret, Crossfire et l’exceptionnel Cold, vous montrerons que bien plus qu’un super groupe de super exécutants, Black Country Communion avait de super idées, qu’il semble avoir quelque peu laissé en chemin.

Pour autant, et surtout parce que je ne souhaite pas finir sur une note aussi négative pour la première chronique de ce groupe sur ce site, je vous conseille de mettre Afterglow dans votre auto-radio, de faire gronder votre moteur sur une départementale déserte, et d’écouter cette puissance et ce groove magique, ce ne sera rien d’autre que du bonheur.

0 Comments 10 octobre 2012
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus