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Tobias Sammet et son orchestre : Et c'est reparti pour un tour ! A peine plus d'un an s'est écoulé depuis la sortie des derniers Avantasia ? Et bien il n'en a rien à cirer le sieur Sammet, revoilà les joyeux trublions d'Edguy avec tout de même leur neuvième album (hors live, compilations ou autres réenregistrements) ! Neuf Edguy, cinq Avantasia, le moins que l'on puisse dire c'est que le bougre (on parle ici de Tobias Sammet, ayant composé à 95% tous ces albums) est prolifique et semble avoir rayé le mot "repos" de son vocabulaire. En effet, moins de 4 ans séparent "The Scarecrow" d'Avantasia et ce "Age of the Joker". Si les initiés auront vite fait le calcul, précisons pour les nouveaux venus que "The Scarecrow" étant le "Avantasia n°3" et ayant été talonné un an plus tard par une livraison signé Edguy, nous en sommes à 5 albums en 4 ans (arrondissons en étant généreux tiens). Sacrée cadence qui aux yeux de beaucoup d'entre-nous tend à se répercuter sur les compositions, affichant de plus en plus une similarité inquiétante entre les deux projets et agissant pour certaines comme de bêtes fillers. D'autant plus que Tobias ne cache même pas ce rapprochement, disant clairement en interview qu'il ne trie pas quand il compose et s'occupe d'abord d'Avantasia, puis d'Edguy, puis d'Avantasia et ainsi de suite.  Aspect clef de tout débat sur Edguy/Avantasia, le rythme infernal de composition que Tobias s'est imposé, accouplé à un revirement plus volontiers heavy/hard FM que speed melo a vite fait de partager les troupes, certaines hurlant à la trahison et désertant les teutons mais d'autres tentant tout de même d'y trouver à boire et à manger. Car bon, il faut que reconnaître que remplissage ou pas, la qualité de composition est là à chaque fois, pas forcément bien encadrée, parfois brillante, mais bel et bien au rendez-vous et toujours servie par un groupe appliqué. Alors oui, cela ne fait pas nécessairement un bon album mais c'est un bon début que de nombreux groupes tueraient pour avoir. Enfin bref, trêve de blabla, voici le nouvel album d'Edguy, "Age of the Joker", affublé d'un artwork coloré, sorte de "Hellfire Club" au pays de "Rocket Ride". Edguy aimant à brouiller les pistes à chaque album depuis "Mandrake" (dans une certaine mesure), cet album était diablement attendu et une fois n'est pas coutume continuera d'alimenter les discussions enflammées cherchant à déterminer si "oui ou non Tobias est une raclure mégalomaniaque qui compose tellement qu'il n'arrive plus à différencier ce qu'il crée dans un studio ou aux toilettes, nous abreuvant de caca depuis 6 ans".  Tout d'abords, soyons bien clairs, "Age of the Joker" ne revient pas aux racines speed du groupe. Déclaration inutile quand on sait que Sammet n'est plus dans ce trip là depuis un moment mais si ça va bien sans le dire, ça va mieux en le disant. Pas la peine de chercher une quelconque révolution chez Edguy, la ligne du conduite du disque semblant plutôt cohérente, versant dans un heavy de facture classique, moins ambitieux mais jouissant de plus de liberté, avec une grosse tendance hardFM-isante, les morceaux offrant pour la plupart des refrains très policés, à l'inverse par exemple d'un "Hellfire Club" bien plus brut de décoffrage. Clairement, "Age of the Joker" s'inscrit dans la logique des dernières productions Sammet, avec un son épuré et chaleureux et favorisant volontiers les mid-tempi. Si "Tinnitus Sanctus" vous avait dérouté par une hétérogénéité trop prononcée, cet album devrait vous rassurer, son unité semblant être un leitmotiv. En effet, ici très peu de morceaux insolites, Edguy revient à une formule plus directe et moins "expérimentale".  Age of the Joker : Si vous suivez bien, ici point de "Dragonfly", "Trinitad", "Matrix" ou de "Sex Fire Religion", le propos évite de s'éparpiller histoire de conférer un semblant d'âme à l'album. Alors bon, que cela soit dû à une sortie anticipée n'ayant pas laissé la place à d'éventuels délires ou bien à une volonté de la part du groupe de rameuter les brebis égarées, il n'en résulte pas moins un album cohérent et formant un "tout" crédible. Quant à savoir si cet album est bon, c'est une autre histoire. Disons que "Age of the Joker" offre du très bon voire de l'excellent, du "pas mal du tout" et du "dispensable". Revue des effectifs.  Sammet démontre ici qu'il est un excellent compositeur sachant toujours dégainer des hymnes imparables et des structures incroyables. En témoigne entre autres Robin Hood, single beaucoup plus convaincant dans sa version longue usant et abusant d'orgues pour un riff des plus épiques et un refrain joyeux au possible bien que portant le label "Avantasia spirit inside". A vrai dire, la reprise après le court interlude planant devrait en théorie vous rappeler le morceau "The Scarecrow". Idem pour Behind the Gates of Midnight World ou encore The Arcane Guild, sonnant beaucoup trop "Avantasia", la faute à des chœurs identiques (on y retrouve les mêmes chanteurs). Pourtant, si ce dernier, de facture speed ne s'avère pas si rocambolesque que ça, on tient avec Behind the Gates of Midnight World un petit chef d’œuvre qui pourra certes déstabiliser aux premières écoutes avec ses cassures plutôt abruptes entre riffs de plomb, couplets maniérés et refrains grandiloquents mais saura se bonifier avec le temps pour devenir une sorte de monstre implacable et moment fort de l'album.  C'est d'ailleurs un symptôme applicable à toute la galette. De prime quelconques et peu inspirés, les morceaux finissent par se révéler au fil des écoutes et démontrent si c'était encore à prouver que nous avons affaire à de sacrés musiciens et un chanteur hors pair qui maitrise et nuance sa voix de plus en plus pour offrir ici une prestation haut de gamme. En effet, à la première écoute, on pourrait dire "ouais bon, pas terrible, Nobody's Hero est mou, Rock of Cashel gay, Pandora's Box ridicule avec son trip country, Two out of Seven pitoyable et en plus c'est le même riff que Breathe, Faces in the Darkness une catastrophe et ne parlons même pas de la ballade...". Et ce n'est pas complètement faux. A la première écoute. Car "Age of the Joker" est un album qui s'apprécie avec le temps, se mûrit. Il n'atteint pas le sommet du Mont Everest mais en creusant bien saura vous satisfaire. Rien que Rock of Cashel illustre ceci, véritable bijou nous replongeant dans l'ambiance de "Mandrake", doté de superbes soli et de refrains lumineux. Il faudrait être de mauvaise foi pour trouver ce morceau mauvais tant il est riche et travaillé.  A ceux qui se disent "ah bah voilà, il va en mettre des tartines pour défendre un album qui se fait allumer, rien que pour se positionner en minorité martyr". Et bien oui, si il faut être qualifié du 1% aimant cet album, qu'il en soit ainsi. Attendre beaucoup de "Age of the Joker" entraîne une certaine déception mais le toiser comme un vilain petit canard permet de voir en lui de nombreuses qualités, comme cet irrésistible Fire on the Downline (ce refrain mes amis, ce refrain !) ou le décalé Pandora's Box dont le riff rappellera les "Piper Never Dies" ou autres "Asylum" et qui nous offre un solo tout en slide à la lap-guitar, seul véritable délire de l'album.  Cependant, comme évoqué plus ou moins discrètement dans un autre paragraphe, "Age of the Joker" comporte son lot de titres moins percutants, à l'image de "Breathe" et The Arcane Guild, souffrant du syndrome "speed gentil" qui touche tous les albums "Made in Sammet" post-Hellfire Club et qui mériteraient d'avoir un peu plus de mordant ("Ministry of Saints", "Mysteria" et "The Final Sacrifice" ça vous dit quelque chose ?), s'avérant juste "sympas" ici. Quant au reste de l'album, il reste dans une bonne moyenne, pas mirobolante mais loin d'être honteuse. Pêle-mêle, Every Night Without you, ballade simple et standard mais s'appréciant coupablement avec le temps, Nobody's Hero, rentre-dedans jouant à la perfection son rôle d'explosif à la suite d'un Robin Hood épique et solennel en ouverture, ou encore Faces in the Darkness qui aurait pu être excellent sans ce proto riff doom super lourdingue et cliché.  Pour les détenteurs de l'édition limitée, pas moins de 6 titres bonus s'offrent à nous ! Passons sur les versions "edit" de Robin Hood et Two out of Seven et apprécions Standing in the Rain, douce ballade au piano dont l'écriture semble remonter à 2005 si l'on en croit le livret, une reprise dispensable de "Cum on Feel the Noize" (qui n'arrive pas à la cheville de la version de Quiet Riot) ainsi que deux compositions inédites. L'une se la joue très opéra rock et sent Avantasia à plein nez, l'autre, God Fallen Silent est une compo de Jens Ludwig (la seule) et ne méritait pas d'être reléguée ici tant elle est percutante et pour le coup rehausse le niveau général de l'album.  En définitive, pour peu que l'on veuille bien lui donner sa chance, "Age of the Joker" s'avère être plus que recommandable. Plus homogène et donc moins pourvu en coups d'éclats que ses grands frères "Rocket Ride" et "Tinnitus Sanctus", il en sort toutefois plus solide que son prédécesseur et tend à rassurer si Tobias laisse Avantasia au repos. Car oui, son hyper-activité a clairement nuit aux deux derniers albums d'Edguy et au dernier Avantasia ("Angel of Babylon"). Si il s'était contenté d'un seul Avantasia au lieu de deux l'année dernière, cet album et "Tinnitus Sanctus" auraient certainement bénéficié de plus d'attention et auraient évité quelques pistes de remplissage.  Donc oui, cet album est plutôt bon, loin d'être parfait, aurait pu (dû ?) être meilleur et comporte comme principal défaut un léger manque de soin par endroits et un similarité trop évidente avec Avantasia mais montre toutefois que Sammet n'est pas à court d'idées et gageons que la mise au placard de son opéra metal lui évitera de trop se disperser et d'accoucher de l'album qui rabattra enfin le caquet à tout le monde. On y croit.   " En complément de la chronique, je vais prendre la parole et m'exprimer de façon purement subjective. Oui, cet album m'a plu et non, je ne cherche pas à me positionner à contre courant de la plupart des gens par pure hipsteromania. J'ai été très déçu aux premières écoutes et m’apprêtait à faire mon deuil d'un groupe que j'adulais il n'y a pas si longtemps, mais à force de le réécouter il a su prendre de la valeur à mes oreilles. HD tu dis "aussitôt écouté, aussitôt oublié", tu as entièrement raison. Mais en ce qui me concerne, "me l'imposer" lui a permis de gagner des points et de passer d'une prestation fade sans inspiration à un album solide sans pour autant renouer avec les sommets du groupe. Je ne cherche pas à traiter les haters de gros-cons-qui-puent-qu'ils-ont-rien-compris-on-touche-pas-à-Tobi-allez-apprendre-à-chanter-avant-de-critiquer mais tiens juste à faire un plaidoyer sur un album à mon sens injustement critiqué.  On pourrait aussi polémiquer sur "Two out of Seven" et sa charge en règle contre tous les détracteurs du lutin qui leur hurle qu'après tout il n'a rien à prouver et demeure le plus à même de juger si ce qu'il fait est bien ou pas, brillamment illustrée par (je cite) "What the fuck, suck my cock, I'm only a seven out of twelve. When I wank at the bank, I'm ten out of ten my friend". Mais dans un sens il a raison. Tout le monde lui casse du sucre et prend plaisir à se moquer d'un artiste dont l'ego a certes une légère tendance à gonfler ces derniers temps mais qui demeure extrêmement talentueux et témoigne d'un réel amour pour la musique. Vous ne l'aimez pas ? Et bien tant pis, ne l'écoutez pas, il a certainement mieux à faire qu'écouter les gémissements de certains pleurnichards.  Donc j'assume complètement cette chronique et ai réellement espoir de voir jaillir dans deux ans un putain d'album comme Edguy a su le faire par le passé. J'ai le sentiment que tailler Tobias Sammet est devenu à la mode et que l'on finit par oublier que chaque semaine sortent des albums vraiment mauvais sur lesquels ont déverse bien moins de haine."

0 Comments 23 octobre 2011
Whysy

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