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Depuis l’annonce inattendue du départ de Anneke Van Giersbergen du groupe The Gathering il y a quelques mois de cela, les choses semblent aller dans le bon sens, à en juger par la précocité de l’album « solo » de la belle néerlandaise. Pour The Gathering et ses inconditionnels, dont je fais partie, la transition sera sans doute plus longue et délicate, mais on aura quelques éléments de réponse avec le prochain album à venir pour 2008. D’ici là, prenons un peu d’altitude avec Air, petit délice venu tout droit des Pays-Bas.

Entourée de musiciens expérimentés, la belle a donc formé ce nouveau groupe au doux patronyme de Agua de Annique, et ce premier album sobrement baptisé Air est tout un symbole. Symbole de renouveau, symbole d’une aspiration à quelque chose de foncièrement différent, Anneke Van Giersbergen a visiblement bel et bien tourné la page The Gathering. Le thème abordé (les textes de Air abordent avec originalité, sensibilité, humour parfois la vie surprenante des hôtesses de l’air !!), le graphisme coloré et épuré (très rose !!), sur la forme Agua de Annique cherche l’émancipation.

Musicalement cependant, on s’aperçoit que le rock mélancolique proposé ici reste assez proche de celui de The Gathering. D’ailleurs, difficile de ne pas penser au groupe maternel de la chanteuse pour parler de cet album, et c’est vrai que la néerlandaise ne cherche pas non plus à se détacher artistiquement de la formation qui a construit son succès et sa renommée. Les racines sont tenaces, mais on ne peut pas s’en plaindre. Entre ballades enivrantes, mid-tempo ou titres plus énervés (Witnesses), Air fait la part belle à l’alternance.

L’équilibre subtil entre chant et musique a parfois du mal à se faire sentir, notamment au travers des guitares parfois trop discrètes, bien remplacées cependant par une basse omniprésente, frénétique et douce. Trail of Grief, très axée sur l’instrumental, a bien du mal à décoller, tandis que des titres comme Day After Yesterday ou Sunken Soldiers Ball nous bouleversent littéralement par leur profondeur, bien aidées en cela par ces cuivres sublimes qui transpirent la mélancolie. Agua de Annique pêche par gourmandise sur certains morceaux, trop dépendants du chant, ne laissant pas la place nécessaire aux guitares pour prendre leur envol.

Quand on a passé plus de 10 ans au sein d’un groupe de l’envergure de The Gathering, on ne peut pas prétendre se détacher totalement de ces années bénies en quelques mois, surtout lorsque l’on sait que c’est Anneke elle-même qui a écrit et composé cet album. Alors émancipation oui, mais sur la forme seulement, car le fond de la musique ressemble sensiblement à ce que l’on a pu voir et entendre sur Home, dernier album en date des néerlandais. Mais qu’importe, Air est tout de même une réussite musicale, malgré quelques titres un peu en retrait. On se laisse bercer par cette voix toujours aussi magnifique, transposant avec grâce et talent la joie, la mélancolie ou la frustration. Anneke Van Giersbergen n’a rien perdu de son talent d’interprétation, bien au contraire, et Air nous prouve en plus son talent de composition. Cet album est une renaissance, une confirmation, un (beau) caprice, appelez cela comme vous voulez, mais vous ne pourrez pas rester indifférent, c’est sûr.

0 Comments 27 novembre 2007
Whysy

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