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Curieuse chose que ce premier album de Lost Opera qui nous tombe sur les genoux. Venus d'Evreux, les quatre membres du groupe sont donc français et après deux démos enregistrées il y a trois ans de cela sortent enfin un album portant le nom d'"Alchemy of Quintessence" (paye ton nom pompeux...). Curieuse car on ne peut pas dire qu'il existe énormément de groupes jouant sur le registre de Lost Opera. Non pas que l'on ait affaire à de l'avant garde jazz doom electro pin-pon mais disons que Lost Opera joue du metal symphonique assez musclé et y intègre des voix majoritairement extrêmes sous forme de chant growlé et black, ainsi que quelques incursions de chant clair, le tout à la fois déclamé en français et anglais et ce par la même personne, à savoir Loïc Conti. Impressionnant me direz-vous, sauf que sa prestation n'est pas des plus remarquables, mais nous y reviendrons...

Musicalement, on pourrait vite fait rapprocher Lost Opera d'un groupe comme "Epica" de par leur approche rugueuse du metal sympho sans pour autant virer death ou quoique ce soit. Pour faire simple, des claviers, des guitares agressives qui se taillent une bonne part du gâteau et une batterie pas avare en double pédale caractérisent plutôt bien le style pratiqué par Lost Opera.

Mais voilà, le groupe ne met pas vraiment les chances de son côté... En effet, ce qui frappe très rapidement, outre le chant globalement foiré, c'est le son synthétique de la batterie, cheap des claviers et manquant de corps de la guitare. Certes, c'est loin d'être catastrophique, mais on a déjà vu largement mieux dans le milieu et cela n'empêche pas le fait que l'assimilation de l'album est ainsi rendue un poil plus difficile.

Dommage car à côté, malgré pas mal de redondances, le propos musical de Lost Opera est assez intéressant et sait offrir de plutôt bons passages, que ce soit l'excellent solo de Sombres Peines, les arrangements acoustiques de Xenocide, la ballade Is Happiness Just a Word, quelques accélérations bien senties dans Luzibel ou encore le riff un peu mystérieux de Psykose. Lost Opera montre que de bonnes idées sont là, plutôt assemblées de façon cohérente et constituent une base musicale qui  sans pour autant être rocambolesque ne s'avère pas dégueu du tout.

Lost Opera ne pèche donc pas par son écriture mais plutôt (surtout) par les moyens mis en œuvre. Au banc des accusés : Guitare, Claviers, Batterie et Chant. Basse n'ayant rien à se reprocher, elle ne fut même pas convoquée. Si Guitare n'a écopé que de deux mois avec sursis en ayant pour consigne de se doter d'un son plus chaleureux et massif tandis que Claviers en a choppé quatre (toujours avec sursis) et pour mission de trouver de meilleurs instruments virtuels, leurs compères n'ont pas eu autant de chance. Batterie a pris un mois de tôle pour son synthétique et triggé de mauvais goût. En témoigne l'infâme Alone qui nous donne en pâture un riff des plus patauds servi par ce fameux son de batterie sans âme et dézingué par l'incroyable prestation de Chant. Car oui, Chant demeure le cerveau de ce naufrage...

Pour clarifier les choses, rappelons tout d'abord que Chant existe en 6 versions différentes : clair, scream black et growl, déclinés en français et en anglais. Si cela nous offre "six fois plus de saveur", on choppe aussi "six fois plus de risques de se vautrer". Et si le growl sans faire des prouesses est loin d'être honteux (français comme anglais), les choses se compliquent par la suite. On le sait, le chant français accuse souvent un cachet "franchouillard" et on n'y coupe pas ici. Si quelques groupes (Adx, Vulcain, Speed Rock Machine, Sigis...) s'en sortent haut la main, Lost Opera n'en fait pas partie et aura vite fait de nous achever avec son "Méééééééééééé, jeussuiiiiiiiii un angeuuuuuuuuuuuu..."... Quant au chant clair anglais, l'accent français le dynamite et le refrain de Alone finira de vous convaincre. Il reste le chant black, lui pour le coup techniquement raté ; on parlera plus volontiers de crachotements dans le cas présent. En anglais il n'est pas terrible, en français ridicule (le "Laissez-moi vous expliquer comment ça s'est passé" de Psykoze se passe de commentaire)... Du coup, il faudrait s'améliorer grandement sur ce point ou tout simplement limiter les registres.

Car si on schématise rapidement, un meilleur traitement sonore pour les instruments, l'abandon du chant black (ou alors délégué à quelqu'un d'autre) et un gommage de cet accent français persistant pourrait rendre Lost Opera bien plus attrayant. Alors cela n'en fera pas LE nouveau messie mais cela permettrait d'asseoir une présence bien plus crédible sur la scène metal. Comme dirait Laspalès, "C'est possible !".



0 Comments 25 décembre 2011
Whysy

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