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Les Israéliens d'Orphaned Land sont de retour avec leur message de paix et d'union à travers la sortie de leur 5ème album « All Is One », oscillant entre la simplicité dans la lignée et la pure tradition du groupe et la recherche élaborée, ainsi qu'une vision assez pessimiste.

Orphaned Land n'ont pas changé, le message au cœur même de leur travail reste inchangé, seulement cette fois-ci il est plus explicite que jamais : peu importe nos différences nous sommes tous des frères et sœurs (comme l'indique la chanson « Brother »). La pochette de l'album appuie cette idée et est particulièrement évocatrice : une croix chrétienne, une étoile de David, et un croissant musulman représentant chacune des grandes religions monothéistes, qui s'entremêlent pour ne faire qu'un tout dont chaque partie est indissociable du reste. Grâce aux importants moyens mis à disposition par leur label, Century Media, le groupe a pu enregistrer en Suède avec un choeur de 25 personnes qui donne un aspect tout à fait épique à l'album, en Turquie avec un ensemble de 8 cordes, et en Israël, renforçant encore une fois cette idée d'unité dans la diversité. On notera également l'arrivée d'un nouveau guitariste dans le groupe : Chen Balbus qui s'intègre d'emblée parfaitement au groupe, à sa musique, à son esprit.

Mauvaise nouvelle pour les puristes du metal, ils risquent d'être déçus : ce nouvel opus est l'un sinon l'album le plus accessible et progressif du groupe qui fait cette fois-ci le pari de très clairement franchir une étape en mettant un peu plus sa musique au service de ses idées, il y a donc très peu de passages réellement « metal » même si l'on retrouve des riffs musclés (sur « Fail » par exemple), All Is One tend plus vers le rock progressif orientalisant, la plupart des mélodies sont plus mélodiques (« Brother » relevant presque de la ballade).

Comme tout album d'Orphaned Land, « All Is One » ne fait pas exception, et est à apprécier à travers les paroles aussi bien que la musique, mots scandés et chantés alternant les langues : arabe, hébreu, latin, anglais, tout rejoint l'idéologie même du groupe. Contrairement aux opus précédents celui-ci ne suis pas l'histoire d'un personnage en particulier, cependant on retrouve un fil directeur tout au long de l'écoute : on retrouve l'idée de frères, tout d'abord dans « Brother » contant l'histoire d'Isaac et Ismaël (on retrouve le parallèle musulmans/juifs puisque les musulmans se clament les descendants d'Ismaël et les juifs ceux d'Isaac), et dans les autres titres comme « Let the Truce be Known » qui reprend le thème de l'affrontement fratricide. Les paroles dans leur ensemble comme l'indique très bien la chanson « Fail » sont pessimistes et basées sur une contradiction : ne faire tous qu'un est une utopie, un rêve irréalisable, or dans l'album c'est la réalité qui est décrite et laisse transparaître l'amertume voire l'agacement du groupe, reflétée par la phrase que l'on retrouve dans les différents albums du groupe « The Storm Still Rages Inside » présente dans cette chanson.

C'est devenu une habitude, après « Sapari » le titre porteur de « Mabool » et qui ouvrait le disque, cette fois-ci c'est « All Is One » qui ouvre l'album et révèle un potentiel de single dont l'air nous reste dans la tête, ce qui sera le cas dans l'ensemble de l'album : mélodies entraînantes et donc plus accessibles, le metal ne perce plus qu'à travers les guitares et les growls sur « Fail ». On notera la mélancolie et la déception présentes sur la ballade « Brother », les premières chansons s'attardent sur la violence de la réalité de notre monde, jusqu'au point culminant atteint dans « Fail », chanson au centre de l'album, probablement la plus puissante de l'album et la plus variée. L'antagonisme entre juifs et arabes est plus présent que jamais, notamment dans « Through the Fire and Water » placée juste avant « Fail » et montre la désillusion face à ce rêve de paix et de fraternité. Le mélange de chant en arabe et en hébreu représentant à merveille à la fois cet antagonisme et cette harmonie puisque les deux langues se fondent parfaitement sur cette piste. Une fois le point culminant atteint on retombe dans du plus calme avec le magnifique morceau instrumental « Freedom » auquel succèdent « Shama'im » et « Ya Benaye » qui font la part belle à la musique orientale et s'éloignent encore un peu plus du metal. L'album se clôt sur une critique acerbe du monde actuel avec « Children » : « How can we live with this horror that we bring to this world?
What is it that blinds us to the error of our ways? » (comment pouvons nous vivre avec cette horreur que nous apportons au monde ? Qu'est-ce qui nous aveugle et nous empêche de voir les erreurs sur nos chemins?), phrase qui synthétise bien le pessimisme croissant qui semble s'être emparé du groupe qui poursuit pourtant sa route et continue de délivrer son message de paix.

En somme « All Is One » est un album dans la lignée des précédents, il va cependant plus loin dans le message et le contenu, s'éloignant du death metal des débuts du groupe et poursuivant dans la voie de l'accessibilité au plus grand nombre. Il ne s'agit pas d'un album délivrant un message mais d'un album au service d'un message à ne pas écouter comme un disque de metal mais tout simplement comme du Orphaned Land.

0 Comments 27 février 2014
Whysy

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