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Prenons un groupe. Ce groupe nous offre un EP génial, conceptuel, dont les morceaux se ressemblent vraiment et semblent avoir été écrit dans un esprit de cohésion musicale si fort qu'on peut presque parler d'un seul et unique morceau, en plusieurs parties. Sort un premier album, constitué de l'EP agrémenté de quelques morceaux dont on se rend vite compte que malgré la sympathie qu'ils nous inspirent ils étaient tout à fait dispensable. Qu'est-ce qu'on se dit ? Les avis divergent, mais personnellement ça ne m'a guère dérangé, faire un gros/long morceau génial n'est pas donné à tout le monde, que le reste de l'album soit rempli de... remplissage, bah, tant pis.

Prenons un groupe, le même. Qui sort un deuxième album. Ou est-ce le même album ? Attendez, qu'est-ce que je suis en train d'écouter là, la suite des morceaux qui tenaient lieu de remplissage ? Le remplissage du remplissage ? Hum.

Le problème de TesseracT, chers lecteurs, c'est qu'ils n'ont qu'un morceau. Aussi bon soit-il, il n'en reste pas moins qu'il est cruellement seul. Une batterie saccadée, des notes de guitare aiguës et disparates, des chœurs éthérés, puis un emballement rythmique avec une voix doublée à nouveau aiguë, des guitares plus lourdes cette fois, et rebelote, on recommence. Ad nauseam.

On ne peut pas leur enlever le fait qu'il leur a fallu un certain courage pour persévérer : les mecs ont changé quatre fois de chanteur en six ans, et puis ils ont de suite, à peine Concealing Fate paru, été catapultés « plus grand espoir du prog-djent », le genre de truc qui te foudroie une carrière. J'avais beaucoup aimé ce premier EP, l'album un peu moins, j'étais donc plutôt circonspect quant à cet Altered State, surtout que les Brits nous pondent un album concept basé sur les états par lesquels le groupe est passé récemment.

C'est nul comme idée ? Oui, mais à la limite, si vous êtes un lecteur fidèle vous connaissez mon opinion sur le sujet : peu importe la nullité du thème ou des textes, si la musique est bonne c'est tout ce qui compte. J'adore Hello Goodbye. Le problème c'est qu'il va falloir se les farcir les quatre états et dix morceaux d'Altered State, et c'est là que ça se corse.

C'est pas que ce soit un mauvais album, il n'est pas question ici du vide intersidéral d'un opus de Van Canto, c'est juste que c'est ultra répétitif, et par conséquent, monotone. A la limite, Of Mind – Nocturne sort un peu du lot, non pas qu'il ait vraiment quelque chose de différent, c'est toujours le même putain de morceau depuis trois ans, mais il est meilleur, comment dire, c'est le même en mieux, vous voyez ? Genre The Dark Knight et Batman & Robin, c'est Batman quoi, c'est la même histoire crypto-débile, sauf que l'un des films est un chef d’œuvre de second degré et une ode à la libération des mœurs, alors que l'autre est une pièce montée prétentieuse et boursouflée, pseudo-sombre, surfant sur le suicide de son acteur principal. Bale, pas l'autre. Ah merde il est pas mort ? Tu sais ce qui te reste à faire Christian, comme ça, peut-être, tu pourras comme Ledger passer du statut de beau gosse sans talent, fade, lisse et ridicule à celui de héros maudit des temps modernes et entrer dans la légende noire de Hollywood. Ou sinon fais un bon film, ça peut le faire aussi.

Revenons à nos moutons.

Altered State, à éviter, sauf si vous aimez tellement un morceau que vous êtes capables d'en écouter les plus ou moins subtiles variations en boucle, et surtout si vous pouvez passer outre le fait qu'on se fout royalement de votre gueule. Une fois passés ces écueils, mineurs, évidemment, un album rempli de bonnes idées, des petits moments sympas de ci de là, noyés dans une bouillie difficilement digeste. Vraiment dommage, y avait moyen, y avait de quoi faire, faut juste penser à se sortir les doigts et écrire un deuxième morceau. On aura déjà fait un grand pas ce jour-là, mais prudence tout de même avant d'en envisager un troisième, faudrait pas risquer la foulure.

0 Comments 16 mai 2013
Whysy

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