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«Machine à créer des tubes»...

…Rien qu'avec ce fragment de phrase en guise d'introduction, l'impression d'avoir déjà tout dit est présente. Parce qu'Amaranthe, pour son premier album éponyme, a décidé de ne pas faire dans le compliqué et de s'embrouiller dans le complexe.

Présentons bien sûr Amaranthe comme il se doit, après tout, car il est possible que vous n'en ayez jamais entendus parler. Le fondateur n'est autre qu'Olof Mörck, célèbre pour son rôle de guitariste et ses compositions chez Dragonland, un groupe de power metal symphonique assez reconnu. Entouré de 5 autres musiciens, qu'il a cherché ici et là, dont 3 chanteurs (Andy aux growls, Jake au chant masculin clair, Elize au chant féminin), avec une volonté de créer la fusion parfaite entre le power et le death melo. D'abord Avalanche, puis changement de nom pour un premier EP en 2009 du nom de «Leave Everything Behind», dont les 5 titres sont présents sur l'album.

Inutile de faire trop long et trop compliqué pour un album pourtant si simple, mais terriblement accrocheur. A l'instar du controversé «The Unforgiving» des néerlandais de Within Temptation, ce «Amaranthe» risque de faire parler de lui dans son approche définitivement très pop. Les morceaux ne dépassent pas les 5 minutes, ils ne les atteignent même pas, en gros, c'est court et calibré pour être efficace au maximum, aller droit au but, et rester en tête. Évidemment, un tel style ne plaire pas aux puristes, et la présence d'un chant féminin viendra encore renforcer cette impression de groupe à tournure fortement commerciale. Là, il n'y a rien à contredire, cette vision est exacte : Amaranthe, c'est un groupe exclusivement fait pour marcher.

Et les suédois/danois ont réussis leur mission, car ce premier jet marche, et à merveille ! Que ce soit par les chants, tous bons, efficaces, les growls bien gras qui feront des fans dès les premières notes, le chant de Jake assez banal mais tout de même efficace et, surtout, la belle voix d'Elize, sur qui la part émotionnelle de l'opus repose, et la mission est réussie. Si la demoiselle a été choisie pour tourner avec les américains de Kamelot, ce n'est pas pour des prunes, et il est fort à parier que la miss fera encore parler d'elle dans l'avenir, du moins, avec une voix aussi belle que la sienne, on le souhaite fortement. Les structures sont simples, pas besoin d'aller chercher loin, mais l'approche est beaucoup plus pop/radio que rock, là où la grosse part est faite aux refrains, tous meilleurs les uns que les autres. En plus de cela, la production est énorme, semblant sortir tout droit des studios les plus chers et les plus réputés.

Et pourtant à première vue, on veut rejeter Amaranthe, se dire que c'est un enfant indigne à laisser enchainer dans la cave, pour que plus jamais il ne revoit la lumière du jour (comme dans «Director's Cut», super morceau). Rien que la pochette de l'album, elle ne trompe pas, et pour tomber aussi bas dans le cliché, on se demande ce qu'en Scandinavie, ils avaient dans la tête à ce moment là. Probablement une intoxication alimentaire qui perturba leur jugement, ou je ne sais quelle autre théorie fumeuse émettre. Peu importe, il faut faire avec. Autre point qui pousse à détester le groupe avant même de l'avoir écouté, outre l'esthétique donnée dans les photos promo, c'est cette idée de mixture power/death melo, dans laquelle on sent sans même ouvrir le coffret la terrible odeur de la facilité et de la niaiserie.

Grossière, mais alors, énorme erreur ! Car oui, il faut se laisser emporter par tant de dynamisme, les deux côtés étant parfaitement réunis, power dans la rapidité, le refrain, les chants clair qui s'alternent de manière régulière et continue, death dans le growl, les martèlements fracassants de la batterie et les touches electro. Les refrains sont tous d'excellents moments, jouissifs à excès et qui forment un beau tourbillon. Un duo fatal se constitue autour d'«Hunger» et surtout de l'excellente «Serendipity», les deux pistes qui régissent l'ensemble tant elles sont facile à retenir et relèvent presque du coup de maître, ce que l'on était en droit d'exiger d'un pareil line-up, après tout. Elles contrebalancent avec les moins bonnes «Act of Desperation» sans intérêt, qui était déjà énervante sur l'EP, et surtout «Call Out My Name», un peu trop techno pour pouvoir contenter. Mais à chaque instant, un déferlement ravageur prend le dessus et assène un coup fatal, avec un riff bien placé, ou une envolée féminine à la Sharon den Adel. «Leave Everything Behind» ouvre le bal avec beaucoup de brio, et il aurait été difficile d'imaginer un autre morceau à sa place au début, «My Transition» assure un rôle exquis elle également, avec des voix solides et complémentaires, tant et si bien qu'elles éclipseraient presque «Enter the Maze» pourtant agréable, et «Automatic» qui ressemble à «Hunger» en légèrement inférieure mais réussie tout de même. N'oublions pas «1,000,000 Lightyears» qui doit donner un effet de boeuf sur scène, la sueur sous la chemise des garçons s'imaginant déjà pendant qu'Elize harangue la foule, pour adoucir les moeurs sur la belle ballade «Amaranthine», et continuer dans cette trajectoire avec «Rain».

Nul besoin de tergiverser ou de passer par quatre chemins pour annoncer la couleur. Et de toute façon, tous les chemins semblent ici mener chez Amaranthe. Avec un premier effort digne de la carte sortie de la manche pour gagner la partie, le sextette place la barre très haut, si bien qu'elle va être difficilement franchissable par la suite, à moins d'être expert en saut à la perche. A écouter absolument, les efforts sur «Amaranthe» valent le coup d'oreille et si vous avez aimé l'EP, préparez-vous à ne pas subir de déception. Pour les autres, ceux qui n'aimaient pas la précédente réalisation, il sera assez improbable que la satisfaction vous gagne à l'écoute de cet opus.

0 Comments 15 avril 2011
Whysy

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