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J'ai eu le privilège d'interviewer Esa Holopainen, le leader, guitariste et compositeur principal d'Amorphis. Voici ce qui s'est dit dans l'heure qui a suivi la sonnerie de mon téléphone...





-Quelle est la question des journalistes que tu détestes le plus? Généralement c’est celle que j’avais prévu de poser en deuxième… :P

-C’est probablement « Peux-tu me parler du Kalevala ? ». Je doute que tu me poses cette question, mais c’est le cas de la plupart des journalistes qui ne connaissent pas la culture et l’histoire finlandaise et je dois alors reprendre le Kalevala de A à Z. A force, c’est un peu lassant… (rires)





SKYFORGER


-Comment s’est déroulé l’enregistrement de l’album?

-De manière très tranquille, au Sonic Pump Studios, comme pour Eclipse et Silent Waters. Marco Hietala s’est de nouveau occupé de la production des parties vocales et Sami Koivisto, notre mixeur, s’est chargé de l’enregistrement cette fois. Il est très rapide pour enregistrer et cela fait une éternité qu’il mixe nos albums donc il connait bien notre son. Pas grand-chose à signaler, ça c’est passé de la même façon que pour les albums précédents. Marco et Tomi (Joutsen) ont bossé encore plus dur qu'avant, ils sont habitués à travailler ensemble et ont accompli des prouesses. Tomi a encore progressé et nous a tous bluffés, une fois de plus !


-Quel a été précisément le rôle de Marco Hietala, et comment avez-vous pensé à lui?

-Nous avons fait appel à Marco pour la première fois pendant les sessions d’enregistrement d’Eclipse, c’est une vieille connaissance pour plusieurs d’entre nous et un ami d’enfance de notre manager, Jouni Markkanen. C’était d’ailleurs une idée de Jouni de lui demander à quel point son agenda était chargé.

Généralement Marco obtient les morceaux à l’avance, il commence à réfléchir dessus en parallèle de Tomi et lui apporte par la suite ses idées d’arrangements. Il est vraiment brillant dans la construction des lignes vocales, il créé des harmonies vocales magnifiques. Sa contribution varie selon les morceaux, et puisqu’il est lui-même un excellent chanteur il participe également fréquemment aux chœurs.


-Qui s’est chargé de la composition cette fois?

-Sur Skyforger, il y a 4 morceaux que j’ai composés, notre claviériste Santeri (Kallio) en a écrit 4 autres, Tomi Koivusaari en a composé un et la paternité du dernier titre de l’album revient à Tomi Joutsen.



-Vous avez enregistré 18 morceaux pour cet album, dont 12 serons publiés. Avez-vous gardé autant de morceaux de côté lors de l’enregistrement de vos deux derniers albums? Savez-vous ce que vous allez en faire ?

-Pas autant non. Les morceaux qui n’ont pas été retenus lors de cette session étaient à vrai dire aussi bons que les autres, ils collaient seulement moins bien à l’ensemble, soit thématiquement soit musicalement. Nous leur avons consacré autant de travail que pour les morceaux figurant sur l’album, et ils méritent vraiment d’être publiés, donc nous les gardons de côté pour un futur EP.


-Les paroles de Skyforger proviennent une nouvelle fois de poèmes liés au Kalevala. Qui en sont les auteurs ?

-Tout comme pour Silent Waters, nous avons réfléchi avec le poète Pekka Kainulainen à un thème pour cet album, et nous avons choisi l’histoire du forgeron Seppo Ilmarinen. (personnage mythologique apparaissant dans le Kalevala, plus d’informations ici). Pekka Kainulainen en a livré sa propre vision sous forme de poèmes, en prenant en compte le fait que ses textes devaient être mis en musique. Erkki Virta, un ami de longue date et excellent linguiste les a traduits en anglais. La traduction devait évidemment être irréprochable afin de ne pas trahir l’esprit des textes originaux. Erkki comme Pekka se sont pleinement investis dans leurs travail et apportent une contribution essentielle à l’album, ce sont presque des membres du groupe.


-De qui provient l’idée de faire un album sur Ilmarinen? Tous les morceaux de l’album se rapportent-ils à ce personnage ?

-C’est une idée qui nous trottait dans la tête depuis un moment, mais c’est probablement Pekka qui a eu le dernier mot. Une fois la thématique connue nous avons commencé à plancher sur ce que pourrait contenir la musique. Contrairement à Eclipse, tous les morceaux se rapportent à Ilmarinen cette fois-ci.


-Comment Travis Smith a-t-il été amené à illustrer vos magnifiques pochettes ?

- Lorsque nous avons eu envie de tout reprendre à zéro avec l’arrivée dans le groupe de Tomi Joutsen et que nous réfléchissions à un illustrateur pour la pochette d’Eclipse, je voulais vraiment que ce soit lui qui s’en occupe. J’adore son travail, notamment ses pochettes de Katatonia, qui dégagent quelque chose d’incroyable.


-Il a fait de véritables œuvres d’art pour vous aussi, on se demande à chaque fois comment la pochette du nouvel album peut être encore plus belle que la précédente…

-Oui, je suis ravi de son travail. Je me rappelle d’ailleurs que quand je lui avais envoyé un mail à l’époque, il était très enthousiaste à l’idée de travailler avec nous. Il nous avait dit qu’il avait été marqué par la pochette de Tuonela… C’est un gars incroyable, il nous a proposé des centaines de versions différentes pour illustrer Skyforger, et la communication fonctionne très bien avec lui. Ce n’est pas le genre d’artiste à se vexer et à refuser de retravailler une œuvre, il a peaufiné la pochette jusqu’à ce qu’elle soit parfaite à nos yeux.


-Pourrais-tu me décrire en quelques mots chaque morceau de l’album ?

-Le nom de travail de Sampo était Eepos (Epopée en VF), en raison de sa longueur et de sa complexité, il s’y passe beaucoup de choses. C’était un vrai challenge d’arriver à le maitriser, nous avons peaufiné ses arrangements pendant un très long moment. Ça a payé puisque nous en sommes totalement satisfaits. C’est un morceau compliqué à jouer mais facile à écouter, très épique, je pense qu’il sert bien son rôle d’introduction à l’album.

Silver Bride est un morceau plus direct, dans le même esprit que House of Sleep ou le morceau éponyme de Silent Waters, avec un refrain assez puissant et beaucoup de mélancolie. C’était un choix évident pour un premier single, un des seuls morceaux de l’album que l’on imagine pouvoir entendre à la radio. (rires) Même s’il y a des growls à la fin, ça n’a pas l’air de les déranger puisqu’il passe assez souvent sur les ondes en ce moment (rires) C’est agréable de constater qu’on a encore passé un cap en Finlande en matière de musique, puisqu’un morceau avec des growls peut être un tube pour les radios !

From The Heaven of My Heart est un autre morceau plus simple, et qui sera d’ailleurs vraisemblablement le second single de cet album. Un morceau plus lent, raison pour laquelle nous ne voulions pas en faire « l’apéritif » de Skyforger.

Sky Is Mine est mon morceau préféré de l’album, il a été très compliqué à bâtir, avec des mélodies très différentes qu’il a fallu faire fonctionner ensemble. Le résultat est très aérien, planant, avec un chant incroyable de Tomi.

Pour Majestic Beast, il était clair depuis le début qu’il faudrait un chant saturé, c’est le morceau le plus extrême, et dans le même temps le traditionnel « morceau kebab » de l’album, avec des sonorités orientalisantes.

-A quoi correspond le titre ?

-Les paroles sont un peu stupides, presque drôles : il y est question de poursuite de monstres... (rires))

-Un croquemitaine lapon ? (rires)

-Une histoire de croquemitaines, oui, en quelque sorte ! (rires)

L’album se calme ensuite avec My Sun et Highest Star, qui contiennent une ambiance plus douce, pleine d’émotion. Skyforger suit le même schéma que ses prédécesseurs, avec des passages calmes qui contrebalancent les morceaux plus agressifs. Nous avons réussi à leur donner une atmosphère que j’aime beaucoup.

Ensuite arrive l’autre morceau épique de l’album, le titre éponyme Skyforger. Son emplacement fut longuement réfléchi, il fut un temps question de le mettre en premier, mais il est idéalement placé, avec Highest Star juste avant qui prépare le terrain en quelque sorte. Son introduction acoustique est très réussie, il contient des parties de saxophone et de flûte, c’est un autre morceau que j’adore.

Course of Faith est un morceau plus calme, semblable à From the Heaven of My Heart, rien de révolutionnaire.

From Earth I Rose est le titre de Tomi Joutsen. C’est drôle parce qu’à chaque fois que Tomi apporte des idées pendant les sessions d’enregistrement ça sonne exactement comme le vieil Amorphis ! (rires) Ce morceau était si bon qu’il fallait absolument l’intégrer à l’album. Je ne sais pas si le résultat final sonne vraiment comme Tomi l’imaginait au départ. Il a été pas mal modifié, avec notamment l’ajout d’une partie finale plus grandiloquente. Tomi aime beaucoup ce que nous en avons fait, et je trouve que c’est une très bonne conclusion pour l’album.


-Et non une ballade niaise comme font d’autres !

-Non non non, une ballade pour finir un album c’est terriblement ennuyeux… Pour moi, un bon album c’est comme un bon film, il faut y avoir un bon début, une intrigue bien ficelée qui fait monter la tension jusqu’au paroxysme final. Il faut avoir envie de le réécouter tout de suite après la dernière note.


-Les textes de Skyforger racontent-ils successivement une histoire, ou bien sont-ce des poèmes sur le même thème sans ordre particulier ?

-Il n’y a pas d’ordre très précis dans les textes car cela aurait imposé un ordre aux morceaux, ce qui saurait été gênant étant donné que la musique est composée indépendamment. Nous avons cependant réussi à suivre une certaine logique dans le déroulement de l’histoire, et Pekka Kainulainen est tout à fait content du résultat.


-Pour la première fois dans l’histoire d’Amorphis il y a eu deux, et maintenant trois albums avec le même univers musical. En avez-vous marre de jouer aux caméléons, est-ce du au fait que pour la première fois le line-up du groupe est stable, ou bien avez-vous tout simplement trouvé votre vrai son ?

-Je ne vais pas te promettre que nous fassions à l’avenir d’aussi grands écarts stylistiques que par le passé. Il y a un temps pour tout, il était très important pour nous à l’époque de faire des expérimentations sur notre son. Nous avons effectivement un line-up stable aujourd’hui, il n’y a plus eu de changement dans l’effectif depuis l’arrivée de Tomi, c’est une donnée qui explique que l’univers sonore est resté fondamentalement le même. Et puis nous aimons vraiment le son que nous avons aujourd’hui, je n’ai plus vraiment envie de partir dans une toute autre direction. Les influences que l’on entend sur Skyforger ne sont pas nouvelles, ce sont les mêmes qui sont importantes à nos yeux et qui ont façonné notre son depuis des lustres. Notre plus grande influence aujourd’hui est notre propre musique en fin de compte.


-J’ai lu des propos sur une trilogie Eclipse-Silent Waters-Skyforger, est-ce une constatation a posteriori ou bien quelque chose d’intentionnel ? La trilogie pourrait-elle s’allonger en quadrilogie ?

-Je n’en ai aucune idée. Eclipse est clairement le début d’une séquence dans laquelle s’inscrit Skyforger, à la fois thématiquement puisque ce sont des albums centrés sur un personnage du Kalevala (le malheureux Kullervo pour Eclipse, le séduisant Lemminkäinen pour Silent Waters, et donc Ilmarinen pour Skyforger) et musicalement, nous avons tourné le long des mêmes cercles (sic) en faisant ces albums. Peut-être allons-nous poursuivre cette séquence, peut-être pas, c’est trop tôt pour le savoir. Mais on en est à une trilogie pour l’instant, effectivement.


-Vous allez faire comme pour Star Wars et nous composer une seconde trilogie ?

-Trois albums de merde alors! (rires)


-Bon, oublie ce que j’ai dit ! (rires)

-Je pense qu’il y a quand même des différences évidentes entre ces trois albums, il faut qu’il y ait une petite progression, on ne veut pas s’enliser et refaire la même chose. Skyforger est par exemple beaucoup plus mélodique que son prédécesseur…





LE KALEVALA


-J’imagine que beaucoup de vos fans attendent impatiemment que vous abordiez le personnage le plus important du Kalevala

-Nous finirons bien par nous occuper de l’histoire de Väinämöinen un jour, c’est inévitable !


-Voici donc la « presque horrible question », que représente le Kalevala pour toi?

-C’est presque devenu une partie de moi, ou du moins un outil de travail très important. Il est tellement omniprésent dans Amorphis. Il est aussi dur d’imaginer ma vie sans le groupe que le groupe sans le Kalevala… Je dirais que c’est un outil de travail inspirant.


-Pekka Kainulainen vous a décrit dans une interview comme des bardes des temps modernes, qu’en penses-tu?

-Si Pekka l’a dit, je veux bien approuver ! (rires) Ca sonne bien en tout cas, et nous avons la chance de toucher un auditoire bien plus large que les bardes finlandais d’antan !


-C’est vrai que vous avez fait s’intéresser au Kalevala et à la culture finlandaise bien des fans…

-J’en ai conscience, et j’en suis très fier. J’attends maintenant qu’une quelconque instance étatique nous récompense avec une folle somme d’argent pour assurer nos vieux jours ! (rires)


-Une question que tu as dû entendre maintes et maintes fois, mais allons-y : pourquoi à ton avis la culture nordique se fond-elle si bien dans le metal?

-Le metal a toujours été empreint de mystique et d’une certaine froideur. Thématiquement, les histoires nordiques s’y prêtent bien. Et puis tu sais bien que par ici l’hiver est long et la densité de population faible donc on n’a pas tant d’activités que ça… Le metal correspond à la mentalité finlandaise et c’est vraiment devenu une musique de masse ici, tout le monde l’écoute, des bébés aux grands-pères, et il n’y a pas de signes d’essoufflement du phénomène.





LA MUSIQUE D’AMORPHIS


-D’aucuns classifient Amorphis dans une catégorie indéterminée appelée Dark Metal. Donnes-tu une quelconque signification à ce terme ?

-Je n’en ai absolument aucune idée, je ne sais pas ce que ça veut dire et je ne vois pas quel autre groupe ferait du « dark metal »… J’ai vu tout à l’heure qu’un communiqué de Nuclear Blast nous décrivait effectivement de cette manière. Il faut toujours que les labels inventent une catégorie pour promouvoir la musique qu’ils essayent de vendre… Mais bon, le pire c’était quand nous avons fait un album pour EMI (Il s’agit de Far From the Sun), nous avons été qualifiés de « gothic folk » ! (rires) Gothic folk… Quand j’ai vu ça, des frissons de haine ont parcouru tout mon corps ! (rires)


-Tales From the Thousand Lakes a 15 ans cette année, et Amorphis soufflera ses 20 bougies l’année prochaine. Quelque chose de spécial en vue ?

-Oui, nous allons sortir un DVD l’année prochaine ! Il aura une partie documentaire qui couvrira toute notre carrière, et puis nous comptons filmer divers concerts pendant six mois. Ça c’est une certitude, je ne sais pas s’il y aura autre chose. J’imagine qu’on sera tous complètement bourrés pendant un an ! (rires)


-Therion a joué Theli en entier pour l’anniversaire du groupe il y a deux ans, Metallica a joué Master of Puppets de A à Z en 2006. Alors ? :D

-Pourquoi pas…


-Y a-t-il un mince espoir que vous réenregistriez Tales avec le line-up actuel, le chant de Tomi, le son des claviers de Santeri… ?

-Je ne sais pas, c’est une sorte de vache sacrée à laquelle j’aurais un peu peur de toucher… C’est une idée très attrayante en tout cas, et j’aimerais bien savoir comment ça sonnerait – même si ce que nous en faisons en concert donne une bonne indication… Mais il y a tellement de choses qui font le son si particulier de Tales, à commencer par le moyen d’enregistrement : un simple magnétophone… Peut-être que ça briserait le charme de l’album de le réenregistrer avec une bonne production…


-En presque 20 ans de carrière, quel est le meilleur album d’Amorphis ?

-Hmm, ça doit être Skyforger... Du moins c’est ce que je pense maintenant. Je dirais qu’Elegy et Eclipse complètent le trio de tête.


-Tu as écrit les paroles de quelques morceaux, comme par exemple Brother Moon sur Eclipse. D’où puises-tu ton inspiration ?

-La nature est très importante pour moi. Je passe l’essentiel de mon temps libre à me promener ou à skier dans la nature pour me tranquilliser, elle a une grande influence sur moi et m’inspire beaucoup.


-Te reste-il en tant que musicien ou en tant que membre d’Amorphis des objectifs à atteindre ?

-C’est vrai que qu’on a eu une carrière folle, je n’aurais jamais imaginé ça il y a 20 ans… Je pense que j’ai réussi à assouvir mes désirs musicaux successifs par le biais du groupe et de la composition. Peut-être un projet acoustique, c’est quelque chose qui me trotte dans la tête depuis une dizaine d’années mais je n’ai jamais eu le temps de m’y atteler. Un jour, j’espère !


-Etant donné que vous mettez en quelque sorte en musique le Kalevala, seriez-vous tentés par la composition d’une BO de film ?

-Oui, ce serait un projet intéressant. En fait, l’idée de départ d’Eclipse a germé il y a bien dix ans quand un réalisateur nommé Pekka Lehto voulait tourner un téléfilm basé sur le Kullervo de Haavikko. Nous nous étions rencontrés et nous devions en faire la BO. Malheureusement, alors que nous avions déjà beaucoup étudié l’œuvre et avions pas mal d’idées de compos, le projet est tombé à l’eau parce que Lehto n’est pas parvenu à obtenir le financement nécessaire. L’idée a donc refait surface il y a quelques années, et nous avons demandé à Paavo Haavikko si nous pouvions utiliser la traduction anglaise de Kullervo pour notre nouvel album. Il était enchanté par l’idée et avons donc pu faire Eclipse. Pour en revenir à la composition d’une BO, oui c’est quelque chose qui me plairait. C’est une approche différente de la musique, on doit s’adapter aux images animées auxquelles il faut apporter une dramaturgie supplémentaire par la musique. Le point de départ du travail de composition est donc tout autre.


-Tu n’es plus intéressé par les side projects ? Tu avais Chaosbreed à côté d’Amorphis il fut un temps…

-Si, bien sur, mais je n’ai tout simplement pas le temps. Parfois en tournée on rencontre des gens intéressants avec qui le courant passe super bien et avec qui on a envie de monter un projet, mais ça ne va pas plus loin une fois rentré à la maison. Chaosbreed était une expérience très amusante, avec des types géniaux. Mais quand les propositions de dates pour Chaosbreed ont commencé à arriver en masse j’ai été obligé d’arrêter parce que c’était complètement impossible. Je trouve toujours le temps de réaliser des projets de moindre envergure ceci dit.





LE METAL FINLANDAIS


-La scène finlandaise du metal a sacrément évolué pendant la carrière d’Amorphis, quel constat dresses-tu de son état actuel ?

-Il y a un nombre incalculable de groupes aujourd’hui, j’essaie tant bien que mal de suivre ce qu’il se passe. C’est vraiment fou, il y a de plus en plus de groupes qui arrivent, mais aussi de plus en plus de groupes qui percent à l’étranger, et ça c’est énorme. On dirait que les crosses de hockey sur glace ont été troquées contre des guitares électriques !


-J’ai trouvé l’année 2008 assez pauvre en matière de metal finlandais, avec beaucoup d’albums commerciaux sans âme. Crois-tu que le metal est en danger lorsqu’il passe sur NRJ et dans Idols ?

-Silver Bride passe sur NRJ, et je dois avouer que je ne sais pas trop quoi en penser. Il faut croire que le metal est commercial… Je regardais pour le fun le classement des meilleures ventes d’albums ce matin, et j’ai vu que l’album acoustique d’Ajattara était 8e ou 9e, pourtant ils ne font pas de concessions sur leur musique…


-J’ai vu Beherit dans le top40…

-Oui c’est fou, ça ne serait jamais arrivé avant ! Donc voila, on parle de musique commerciale, c’est indéniable. Et nous devons être à l’extrémité la plus commerciale puisque nous passons sur NRJ ! (rires)


-Mais on ne peut pas mettre sur le même plan Amorphis et par exemple Ari Koivunen…

-Je ne qualifierais pas ces groupes de ‘metal’, ils ne font pas partie de la scène. Ca m’énerve de voir des mecs qui composent des morceaux de heavy pour Hanna Pakarinen (une chanteuse de variété), ces gens-là qui veulent faire fondre le heavy dans la pop n’ont pas du tout la même approche de la musique que nous, et ça s’entend. Ce mec d’Idols a sorti ses deux albums, on n’entendra plus parler de lui. Les carrières et les cycles musicaux sont beaucoup plus courts. C’est un phénomène de mode, l’industrie musicale s’adapte à la demande des ados…





AMORPHIS EN LIVE


-Vous allez faire une tournée européenne à l’automne, en passant par la France. Ca fait trois ans qu’on vous attend, qu’est-ce qu’il s’est passé ?

-On n’a pas vraiment notre mot à dire dans ce genre de choses, ce sont les managers et les promoteurs qui s’en occupent. Nous serions venus avec plaisir en France sur la tournée précédente, mais bon, mieux vaut tard que jamais !


-Quel est l'endroit le plus étrange où tu aies joué?

-Il y a deux ans on a fait une tournée russe, on est allé très à l’est. Juste avant Vladivostok on était dans un patelin du nom de Khabarovsk, et d’après le programme on devait jouer dans un endroit appelé « Circus ». Je croyais que ce serait une sorte de boîte, mais en fait c’était vraiment un cirque, avec un chapiteau, des chevaux dans les écuries et tout ! Et puis il y avait plein de flics qui forçaient les gens à rester gentiment assis sur leurs sièges, c’était une situation totalement absurde. En plus je suis allergique aux chevaux donc j’étais rouge comme une pivoine pendant tout le concert… Un cirque, je déconne pas ! (rires)


-Y a-t-il un groupe avec lequel tu rêverais de tourner ?

-Je sais pas, je n’ai aucune envie de tourner avec un mégagroupe… On a fait une tournée américaine avec Opeth dans le temps, c’était vraiment chouette. Et puis musicalement nous collions bien ensemble. Allez, on va dire Porcupine Tree, ou bien Riverside, un groupe polonais excellent





TOUT ET N’IMPORTE QUOI...


-Comment Tuomas Saukkonen s’y est-il pris pour arriver à refaire chanter Tomi Koivusaari sur l’album de son projet Black Sun Aeon? Je croyais qu’il ne voulait plus jamais jamais chanter ?

-J’en sais rien, c’est un mystère complet ! (rires) Peut-être qu’il a le gosier qui commence à le démanger après toutes ces années, on va essayer de lui mettre un micro devant la bouche en concert pour voir… (rires)


-Vous avez débuté votre carrière très jeunes et vous avez signé un contrat ridicule avec Relapse à l’époque... As-tu un conseil à donner aux groupes qui débutent ?

-Je dirais qu’il ne faut surtout pas se précipiter sur la première offre que l’on reçoit, et surtout, surtout, garder les droits sur sa musique, il ne faut les céder sous aucun prétexte.


-Venons-en à un sujet brûlant : que penses-tu du téléchargement illégal ?

-Bah, ça ne m’empêche pas de dormir, mais je ne comprends pas ces gens qui pensent avoir le droit de tout avoir gratuitement en téléchargeant sur le net, qui clament que tout le monde devrait avoir un accès gratuit et illimité à toute la musique… Si tout le monde pensait comme cela, plus personne ne ferait de la musique ! Mais j’ai remarqué qu’à partir du moment où les gens ont commencé à télécharger nos albums, ils se sont bien mieux vendus. C’est donc également un canal de promotion efficace. Je crois que dans le milieu du metal, si un album est bon, que son packaging est réussi, les gens iront l’acheter après l’avoir téléchargé.


-Le support CD est-il important pour toi ?

-Oui, le CD en tant que format physique est important pour moi. Tant qu’il y en aura je continuerai à en acheter, je ne me suis pas fait à l’achat de musique numérique. Quand je fais de la musique je pense au support physique qui la contiendra, je veux qu’il rende bien.


-Quels groupes écoutes-tu en ce moment?

-Surtout des vieux classiques, Led Zep, Jethro Tull, Pink Floyd… Mais j’aime également acheter de nouveaux albums, le dernier Mastodon par exemple a pas mal tourné dans ma platine. J’ai adoré le dernier Riverside aussi. Je les ai découverts à un festival à Atlanta dont nous partagions l’affiche l’année dernière, ils m’ont vraiment scotché, il faut que j’aille acheter toute leur discographie !


-Qu’est-ce que tu aimes en dehors de la musique ?

-J’ai une famille, donc j’aime passer du temps avec mes enfants, tout simplement. Et puis me promener dans la nature. Je ne suis vraiment pas un citadin, je ne vais JAMAIS dans les bars, je dois déjà y passer suffisamment de temps à jouer avec Amorphis


-Vous êtes le premier grand groupe de metal finlandais, mais la reconnaissance à plus grande échelle n’est venue qu’avec Eclipse, alors que la seconde génération de groupes avait fait exploser la scène. Ca ne te laisse pas un goût amer en y pensant ?

-Pas vraiment, c’est fabuleux que certains groupes finlandais aient pu exploser à ce point, surtout Nightwish… C’est incroyable ! Il y a énormément de travail derrière, et chaque groupe a mérité sa place. Pendant longtemps nous avons été une espèce d’oiseau bizarre, et après Elegy nous aurions peut-être pu nous compliquer un peu moins la tâche, mais d’un autre côté si nous n’avions pas fait certains albums, serions-nous où nous en sommes aujourd’hui ? Je suis ravi de notre carrière et comblé par notre situation actuelle. Le chemin a été long et sinueux, mais aujourd’hui nous sommes vraiment heureux.


-Question traditionnelle de Heavylaw: quels sont les deux vœux que tu formulerais au génie d’Aladdin?

-Oh putain... (gros blanc) Je lui demanderais une longue vie et que mes enfants restent en bonne santé, voilà l’essentiel.


-Pourquoi les lecteurs d’Heavylaw doivent-ils écouter Skyforger, outre le fait que ce soit à coup sur l’album de l’année ?

-C’est un voyage musical un peu mystique, il leur procurera je l’espère de fortes émotions et les fera s’évader de leur quotidien. Et puis j’ajouterai qu’il faut qu’ils viennent nous voir en concert, il paraît qu’on est même devenu un bon groupe en live ! (rires)


-Un dernier mot pour nos lecteurs ?

-J’espère qu’ils viendront nous voir à Paris cet automne s’ils n’ont pas l’occasion de se rendre aux divers festivals où nous joueront cet été. Nous allons fortement promouvoir le nouvel album en live, ce qui ne nous empêchera pas de continuer à jouer une large sélection de toute notre discographie.

0 Comments 23 avril 2009
Whysy

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