Vous recherchez quelque chose ?

« Violence is the last refuge of the incompetent » (Isaac Asimov)

Je ne ferai pas d’intro supplémentaire car cette citation présente sur la cover reflète exactement l’esprit de l’album. Je vais quand même commencer par une petite mise au point biographique car je me dois de vous présenter l’homme de génie qui est à l’origine de Frameshift, j’ai nommé Henning Pauly. Frameshift est son troisième projet et An Absence Of Empathy est son second album sous ce projet. Il a précédemment sorti en 2004 Unweaving The Rainbow et s’était offert pour l’occasion les services de James LaBrie (vocaliste de Dream Theater), qui avait assuré le chant tout au long de l’album. Après avoir traité de l’évolution, vue par Richard Dawkins, célèbre sociobiologiste, Henning Pauly nous revient cette fois-ci avec un album très engagé et lourd de sens basé sur la violence et plus particulièrement sur la violence présente en chacun d’entre nous. Mais je m’étendrai plus longuement à ce propos dans quelques lignes. Et cette fois, qui a-t-il déniché comme chanteur ? C’est avec une joie manifeste que je vous annonce qu’il s’agit de… Sebastian Bach !! Bon voilà pour l’aspect informel… Et commençons sans plus attendre cette chronique !

Cet album est tellement riche… Par où commencer ? La musique me semble être un bon point de départ. L’album est très varié et arrive pourtant à conserver une homogénéité certaine. En effet, des styles de toute sorte sont rassemblés ici mais tous liés par le concept de l’album et par un arrière fond mélodique : on passe ainsi du rock (avec Human Grain par exemple) à un metal proche du black symphonique (sur le titre Blade). On peut également apprécier un ou deux passages hard rock (Push The Button et Miseducation), une pointe de thrash (Just One More pour ne citer qu’elle), et un côté électro régulier. Le fond sonore mélodique dont je vous parlais est la plupart du temps assuré par le clavier, mais à plusieurs reprises on peut noter la présence de violons, de même que celle du piano, toutefois plus rare. Mais s’il est peu mis en avant, ça ne l’empêche pas de posséder des lignes mélodiques à couper le souffle, comme le prouvent les splendides arpèges sur When I Look Into My Eyes. En ce qui concerne les instruments plus présents et notamment les guitares, on a de beaux soli (comme sur In An Empty Room ou sur I Killed You), des riffs en général très aiguisés, très tranchants, voire agressifs certaines fois. Mais malgré quelques trames mélodiques (notamment sur le premier titre, Human Grain), on ne peut pas dire que les guitares soient le cœur du mélodique (sauf par les soli). Un petit mot tout de même concernant la batterie pour vous signaler l’originalité de ses rythmes, souvent insaisissables, ainsi que sa rapidité mais qui ne tombe jamais dans le « trop ».
Du côté des acteurs de l’album, vraiment rien à reprocher, la technicité est au rendez-vous mais tout en restant humble, sans être trop mise en avant mais en donnant une réelle consistance à l’album. Bon sachez quand même que les « acteurs » sont seulement trois : Sebastian Bach au chant ; Eddie Marvin à la batterie : et… Henning Pauly pour tout le reste ! En effet, chapeau bas au Monsieur car il fait preuve d’une polyvalence tout simplement hallucinante en assurant toutes les guitares, la basse, le piano, le synthé, les percussions et même le banjo ! Et il gère tout ça avec l’apanage propre à ces personnes que l’on qualifie de surdoués. Tout en humilité, il a réussi à nous offrir une pure bombe comme ça faisait longtemps que je n’en avais pas écouté, avec des refrains ravageurs, une réelle atmosphère et des mélodies très belles, très parlantes, très riches, qui permettent une immersion rapide dans l’univers de l’album mais progressive, ni soudaine, ni brusque.
Côté chant, je vais tenter de me faire la plus objective possible mais il faut reconnaître que Sebastian Bach est un chanteur d’exception. Depuis ses années Skid Row, sa voix a gagné en maturité et se révèle ici plus puissante et plus émouvante que jamais. Il a une capacité à tenir les notes vraiment hors du commun et son aptitude à moduler sa voix atteint son apogée. En effet, il a un timbre chaud et très doux sur les ballades (In An Empty Room et What Kind Of Animal) et très écorché sur d’autres titres tels que This Is Gonna Hurt ou Blade. Mais généralement sa voix reste à dominante claire. Il est important tout de même de noter que la voix si particulière de Sebastian donne une réelle dimension personnelle aux paroles.

Enfin nous y venons ! Les paroles ! Alors le concept de base, comme je l’ai précédemment évoqué, traite du rapport humain à la violence est a été conçu par Shawn Gordon. L’album narre l’histoire d’un homme qui, en écoutant An Absence Of Empathy justement, plonge dans la violence dans différents domaines et avec différents points de vue. Ainsi, l’album est divisé en six sujets (deux chansons par thème). Le second s’intitule Murder I – Serial Killer et nous propose la vision de deux meurtres : le premier commis par un tueur en série et le second commis sous une pulsion. Le troisième thème, Violence in Scools traite de la responsabilité du système éducatif dans l’émergence et le développement de la « graine » de violence présente en chaque être. Vient ensuite le redoutable Torture qui parle de lui-même, sachant qu’on alterne entre le point de vue du bourreau et celui de la victime (qui fut le bourreau précédent). C’est après cela au tour de l’inévitable War qui aborde deux aspects différents de la guerre et qui montre à quel point elle est devenue impersonnelle. Enfin on termine avec Rape qui approche le sujet délicat qu’est l’enlèvement et les conséquences qu’il peut avoir, en adoptant là encore le point de vue de la victime et celui du kidnappeur.
Ok… vachement joyeux le truc…ça a l’air super sain, me direz vous… Et bien détrompez vous ! On n’a pas là une critique du système qui dit « fuck the world and W.Bush » ! Au contraire, les paroles sont très marquantes, poignantes au possible, mais jamais crues, vulgaires ou violentes. De plus, musique et paroles sont très contrastées : souvent les lyrics les plus dures sont associées à une musique très énergique, très dynamique (mais pas trop), avec tout de même une pointe de douceur, mais jamais agressive ou oppressante, ce qui fait qu’on n’est jamais submergée sous une vague de malaise. Au contraire, la musique rappelle toujours qu’il y a un espoir. Et d’ailleurs c’est ainsi que se clôt l’album, avec What Kind Of Animal, qui dit que l'on doit confier notre avenir aux mains de nos enfants, ne pas les laisser suivre le même chemin que nous et que la solution à tous ces conflits inutiles ne se trouve ni dans la politique, ni dans la religion, mais bien dans l'innocence de l'enfance.

Je termine quand même avec mes petits préférés. En premier : When I Look Into My Eyes, absolument époustouflante de par sa puissance, ses mélodies, ses paroles, son refrain… Tout est fabuleusement accrocheur dans cette chanson ! Ensuite je dirais Miseducation, pour son côté hard rock et révolutionnaire avec, là encore, un refrain à couper le souffle tellement il est puissant. Vient après ça la ballade In An Empty Room, de laquelle se dégage une incroyable douceur. J’aime aussi beaucoup Blade, avec son côté très sombre et ses chœurs guerriers. Je vais peut-être m’arrêter là parce que ma chro commence à être longue…

En tout cas, ce second opus de Frameshit s’avère de qualité vraiment exceptionnelle car il nous offre un metal original de par sa diversité mais très riche et restant homogène. De plus, à chaque écoute, on découvre une nouvelle dimension dans chaque morceau. Un album profondément touchant et que je vous recommande hautement !
Bonne écoute !

~ La Dame à la Licorne ~

0 Comments 13 mai 2006
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus