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A l’heure d’écrire cette chronique, j’ai encore en mémoire ce candide émerveillement qui étreignit mon coeur à l’écoute du premier disque de Sirenia. Certes les temps ont changé depuis, mais tout de même, comment ne pas se remémorer cette incroyable unanimité qui encensa le disque de milles lauriers, et qui propulsa Sirenia, dés ses premiers balbutiements au rang de maître. Il y avait peut être un excès d’enthousiasme, mais l’excitation qui entoura la sortie de «An Elixir For Existence» fut bien la preuve que Morten Veland avait su marquer les esprits.

«At Sixes And Sevens» est sorti en 2002 dans une atmosphère plutôt difficile, Sirenia représentait alors plus une échappatoire pour son leader qu’un véritable groupe. Morten y avait cherché à sublimer ses passions, et à faire la synthèse de son expérience musicale pour aboutir à l’un des meilleurs disques du nouveau millénaire. La concrétisation de son projet deux ans plus tard allait donc nécessairement montrer un certain retour sur terre, la passion artistique cédant sa place à un processus de création plus classique. Morten Veland du pour se faire, procéder à un grand nombre de changements, en particulier dans le groupe lui-même, laissant de côté des membres qui ne s’étaient engagés qu’a titre d’intérimaires, c’est notamment le cas de la chanteuse Fabienne Gondamin et du vocaliste Jan Kenneth Barkved. Des changements également dans la ligne musicale elle-même, en épurant les formes et en simplifiant l’ensemble, pour proposer une musique plus proche d’un Tristania période «Beyond The Veil» et en tout cas beaucoup moins originale.

De là à dire que Morten s’est pris les pieds dans le plat en tentant de surfer sur la vague du succès il n’y a qu’un pas. L’ensemble apparaît moins varié, arpentant des chemins déjà connus, abandonnant ses onces de Black/Death pour se rétracter vers un Metal Gothique certes plus attractif, mais infiniment moins profond. Le constat est également sans appel au niveau du chant, la nouvelle vocaliste Henriette Bordvik est sans doute plus photogénique, mais son chant apparaît bien fade par rapport aux envolées enchanteresse de Fabienne. Son rôle est également revu à la baisse, n’apparaissant qu’a titre de soutien du chant extrême et avec une réussite toute relative.

Bref vous l’aurez compris, le retour à la réalité s’annonce difficile pour Morten Veland, qui devra assumer sur le long terme des choix qui réduisent singulièrement son champ d’action musical. Mais il convient toutefois d’apprécier à sa juste valeur ce «An Elixir For Existence», car si la musique est largement moins intéressante que celle du premier opus, elle n’en reste pas moins d’un niveau fort respectable. Conservant la puissance et l’impact des premiers jours, en ajoutant des mélodies claviers/pianos plus cristallines et accrocheuses, la musique de Sirenia perd en complexité ce qu’elle gagne en efficacité.

Ainsi des titres comme «Lithium And A Lover» ou «Mental Symphony» n’ont pas grand-chose a envier à ce qui se fait de mieux actuellement dans le genre. La diversité n’a ainsi pas totalement disparu du registre, comme nous le montre «The Voice Within» ou «In My Darkest Hours» pleines de surprises et d’idées. On ne crache pas non plus sur une excellente composition instrumentale : «Seven Sirens And A Silver Tear» qui révèle une fois de plus les incroyables talents de pianiste de monsieur Morten. Malheureusement le disque est très loin d’afficher la même régularité à tous les niveaux, et des compos comme «Voice Within», «Star-Crossed» ou «Euphoria» souffrent d’un vrai manque de souffle, et se rapprochent trop les unes des autres pour ne pas y voir un gros déficit d’inspiration. Quand à la très calme «Save Me From Myself», elle est tout simplement affligeante de médiocrité.

Au final nous avons là un bon album, ni plus ni moins, et c’est bien dommage à côté de l’attente énorme qu’il avait provoqué. Cela dit ne jetons pas trop la pierre sur Morten Veland car il aurait de toute façon été difficile de faire aussi bien qu’«At Sixes And Sevens». Sirenia restera encore pour quelques années le groupe d’un seul album. En attendant je me contenterais des quelques très bonnes compositions de cette nouvelle offrande pour patienter jusqu’au prochain.

SMAUG...

0 Comments 14 juin 2006
Whysy

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