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Après s’être abandonné quelques instants encore à la mélancolie, notre merveilleuse rêverie au bord du lac a fini par nous lasser. A quoi bon ressasser des idées trop semblables, et sombrer dans un état lymphatique ? (cf : chronique de « Spirit of Sorrow »). Il est donc temps de reprendre la route, et de découvrir un nouveau paysage du monde de Fear of Eternity. Nous longeons donc le très beau lac des esprits chagrins, et finissons par arriver sur une terre nue, désolée, sans couleur ni relief. Les eaux du lac s’enfoncent sous la terre et ne viennent resurgir qu’en de rares endroits… ce qui explique que la végétation, surtout composée de lugubres arbustes décharnés, ait si piteuse mine ! Et le brouillard de revenir… et notre guide Andrea Tilenni de sortir à nouveau des ombres. D’un grognement plus strident que jamais, il nous rappelle à le suivre… dans la région des marais cette fois, à la recherche de traces de souvenirs de célébrations mystiques oubliées, de rites ancestraux, d’anciens symboles…


Avec « Ancient Symbolism », Fear of Eternity étoffe son black Metal. Contrairement à ce que pouvaient laisser présager la pochette et le minuscule livret, dépouillés au possible (que voulez-vous, avec ce groupe, la sobriété a toujours été de mise), la musique d’Andrea évolue avec cet opus, gagne en variété et en puissance. Toujours très atmosphérique et reposant presque entièrement sur les claviers, elle propose cependant des ambiances plus originales, des breaks bien plus recherchés, et s’affiche dans un apparat plus subtil, nettement plus travaillé qu’auparavant. Que les fans se rassurent, rien de foncièrement innovant, et l’on reconnaît immédiatement la patte de l’italien, mais le mode d’expression s’est légèrement transformé.

Autant le dire tout net, aux premières écoutes, cet album m’a beaucoup déçu : effrayé par ce retour à des vocaux plus agressifs, par ces ambiances horrifiques (comme sur l’effrayant morceau titre, à l’atmosphère oppressante et glacée), beaucoup moins contemplatives et mélancoliques, je ne parvenais pas à en saisir réellement l’essence. Mais c’est en insistant, en le forçant un peu au début, que cet écrin de mystère finit par me révéler ses secrets.

C’est vrai ! Alors que les deux premiers opus offrent une immersion immédiate et durable, cet « Ancient symbolism » nécessite bien plus d’écoutes pour se laisser apprivoiser. Proposant toujours des leads de claviers à la fois minimalistes et omniprésents, propres à susciter l’émerveillement (« Malignant spirits »), des lignes de guitares distantes, basiques, mais soutenant efficacement l’ensemble, et des voix écorchées au possible, l’album surprend par ses très forts changements d’ambiances d’un titre à l’autre, ces breaks épiques ou atmosphériques superbes évoquant souvent Summoning, et ce côté moins immédiat, plus délicat à appréhender.

Même si après de nombreuses écoutes, je craque littéralement sur « Fragment of wisdom » (dont la seule écoute du lead de clavier m’avait fait acheter l’album sans réfléchir davantage), « Human Weakness » (reprenant un extrait du « Starring at the dark » de l’album précédent… Un peu exaspérant pour moi, qui n’aime pas cette démarche) ou encore « Throne of the gods » et le final grandiose «The End of the Times »  (plus proches des albums précédents), je suis toujours déstabilisé par cette troisième livraison, qui contient du bon, et, pour la première fois chez Fear of Eternity, du bien moins bon. Les émotions retranscrites sont souvent moins accrocheuses, moins pénétrantes !


Au final, ce côté « retour aux sources » couplé à une volonté d’innovation ne parviendra malheureusement pas à convaincre pleinement les auditeurs qui, comme moi, n’aspirent qu’à se laisser bercer dans l’obscurité par la beauté des ambiances typiques du groupe. Revenir à quelque chose de plus black que ne l’était « Spirit of Sorrow », c’est une bonne idée. Varier les ambiances, travailler les transitions, pourquoi pas. Mais Andrea ne semble pas avoir insufflé à cette dernière création autant de magie que dans les précédentes… Un album plaisant, contenant de vraies perles il faut l’avouer, mais restant un cran en dessous des deux précédents malgré tout. A découvrir cependant ! Ce serait tellement dommage de s’en priver...


Gounouman

0 Comments 04 juin 2007
Whysy

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