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Il vous est sûrement déjà arrivé de vous dire, après avoir écouté les premières minutes d'un album que vous découvrez : « İİ santa madre de dios, qué bomba !! ». C'est en substance ce qui m'est venu à l'esprit avec la première réalisation du jeune groupe espagnol Angeldark, formé il y a un an sur les cendres de leur précédent combo The Stormrider. Désireux d'avoir une réelle autonomie artistique, les ibériques sont donc repartis de zéro, avec entre autres un nouveau label, pour bâtir cet opus qui répond au doux nom de Angélique, en français dans le texte. En tout cas, pas besoin d'être un connaisseur averti du métal pour reconnaître un bon groupe quand il en passe un, et je peux vous assurer que Angeldark vaut le coup qu'on s'y attarde. Le groupe originaire des Asturies n'est clairement pas là pour n'être qu'un faire valoir de plus, et cet album doit leur permettre de se faire une place de choix sur l'impitoyable scène métal actuelle.

D'ailleurs, ces ambitions sont clairement affichées : autour d'un power symphonique de très bonne facture, viennent s'articuler quelques suppléments qui apportent une plus value non négligeable. En effet, Angélique est en fait un concept album construit à la manière d'un opéra, avec plusieurs chapitres bien distincts et différents protagonistes (Angélique donc, Omega, Doménico, Alpha et The Count of Saint-Germain). Je ne vous détaillerai pas le scénario ici, je vous laisse le découvrir, mais je peux néanmoins vous dire qu'il est bien ficelé et recherché. Ensuite, le groupe s'est payé le luxe de faire appel à l'orchestre symphonique de Bratislava pour appuyer ses parties symphoniques, et le résultat est concluant. Enfin, le groupe s'est entouré de pointures pour enregistrer (enregistrement qui s'est déroulé à New York) et produire cet album, notamment UE Nastasi et surtout George Marino (à qui l'on doit des albums comme Scenes From A Memory, Master Of Puppets ou Seventh Son Of A Seventh Son). Il y a pire comme références. Vous l'avez compris, les espagnols ont fait les choses en grand pour ce premier opus.

Cela étant, on a connu par le passé des groupes qui, après avoir mis les petits plats dans les grands, ont plus ou moins accouché d'une souris. Angélique n'entre pas dans cette catégorie, c'est un fait. Pas besoin de l'écouter vingt fois pour le comprendre. La production, excellente (le contraire aurait été étonnant), offre un équilibrage instrumental impeccable, avec un travail remarquable au niveau des claviers, omniprésents mais sans vampiriser la musique, qui s'accordent bien aux différentes chansons (des sonorités classiques sur Rain à des tons plus cyber sur Saint Germain Part I). L'autre gros point fort de cet album est incontestablement le chant : chaque personnage ayant son identité vocale propre, on a donc une grande diversité (très bon chant clair masculin, chant lyrique féminin, growl, chœurs), et cela colle parfaitement à l'ambiance opéra de cet album. Plus généralement, les ibériques font montre d'une maîtrise technique certaine, et s'en servent pour construire des morceaux convaincants dans leur ensemble (le riff atomique de Wolf par exemple), même si on peut noter que quelques titres de la fin de Angélique manquent un peu de punch.

Voilà en tout cas un jeune groupe qui se donne les moyens de ses ambitions : un concept développé et pas fait à la va-vite comme on peut en voir beaucoup à l'heure actuelle, une dimension orchestrale qui n'est pas usurpée (et en cela l'orchestre symphonique de Bratislava a fait un remarquable travail), et puis surtout un réel talent de composition et d'interprétation. Le pari d'indépendance artistique était pourtant de taille, mais les espagnols s'en tirent avec les honneurs, et ce malgré les petits défauts qui parsèment Angélique : une intensité qui retombe quelque peu après un départ en boulet de canon, des longueurs sur certains titres, un accent espagnol parfois prononcé... Mais ce n'est pas grand chose au regard de la qualité de cet opus, qui dure la bagatelle de 70 minutes, et sur lequel l'ennui est proscrit. Un de mes gros coups de cœur en cette fin d'année 2008, et assurément un groupe qu'il faudra surveiller de près à l'avenir.

Note réelle : 8.5/10

NB : l'album est en écoute intégrale sur le site du groupe ici

0 Comments 30 octobre 2008
Whysy

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