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Peux-tu faire une présentation du groupe ?

Rosarius : La formation d’Angellore remonte à juillet 2007. J’écrivais à l’époque pour le super webzine Nightfall In Metal Earth, et j’y avais publié une chronique coup de cœur du dernier Saturnus, Veronika decides to die. Walran l’a lue, a découvert Saturnus, et a décidé de rentrer en contact avec moi pour me remercier de lui avoir fait connaître le groupe. Il m’a trouvé sur LastFM grâce à mon pseudo et a déposé un message dans ma boîte. Je lui ai répondu. Quelques instants plus tard, nous étions au téléphone, pour une conversation épique qui a duré plus de cinq heures. C’est au cours de cette conversation que nous avons décidé de former Angellore. Nous aimions tous les deux le doom atmosphérique, avions beaucoup de groupes de référence en commun, tout était réuni pour que nous ayons envie de collaborer. Angellore a donc logiquement pris le chemin d’un groupe de doom/goth très atmosphérique. Ronnie, notre batteur, a rejoint la formation en 2009. C’était un ami de lycée de Walran ; il nous a permis d’envisager d’enregistrer en studio des versions plus résolument métalliques de nos démos. Nous sortons ces jours-ci notre deuxième album, La Litanie des Cendres, après plusieurs démos et EPs et un premier album, Errances, sorti en 2013.

Que signifie Angellore ? Et pourquoi avoir choisi ce nom ?

Rosarius : Le nom du groupe vient d’une chanson du premier album de Tristania. Nous aimons beaucoup les débuts de ce groupe (et aussi la suite, même si nous n’éprouvons pas le même attachement pour leur nouvelle période), et l’univers esthétique qu’il développe. « Angellore » est un beau titre, qui peut évoquer un prénom féminin gracieux ; si on le traduit de l’anglais, cette idée de « connaissance des anges », de « science des anges » correspond tout à fait à l’univers éthéré que nous développons.

Quelles sont les influences principales du groupe ?

Rosarius : Pour m’en tenir à des influences strictement musicales, je crois qu’on peut citer Draconian, Saturnus, Shape Of Despair et Empyrium, même si nous écoutons des choses très variées en dehors de ces essentiels. J’écoute énormément de musique gothique, de mon côté, ce qui apporte la couleur froide et élégiaque que peut avoir notre musique. Quant à Walran, il s’intéresse beaucoup à la scène viking/pagan et écoute beaucoup de folk. Ces deux aspects, que l’on retrouve dans notre musique, s’expliquent par l’alchimie de nos passions musicales respectives. S’y ajoute l’intérêt de Ronnie pour les mêmes chapelles musicales que nous, plus le prog.

Le doom mélodique était très populaire il y a une vingtaine d'années en Europe, penses-tu que le public actuel est encore réceptif à ce style particulier ?

Rosarius : Non, malheureusement. C’est une mode qui reviendra peut-être, mais il est clair qu’on ne peut pas nous accuser de jouer ce style par opportunisme ! Il y a néanmoins un public passionné, restreint certes, mais avide de nouvelles découvertes. Le doom fait appel à des émotions universelles, et notre façon de le jouer est probablement accessible. Si des gens découvrent le genre par notre biais, tant mieux !

Quelles sont les difficultés rencontrées par un jeune groupe français qui tente de se faire connaître ?

Rosarius : Le style que nous jouons. Il n’intéresse pas les majors, c’est peu de le dire. Malgré les soutiens que nous avons obtenu de la presse et des fans de la première heure, ce que tous les groupes n’ont pas la chance d’avoir au début de leur « carrière », Angellore reste essentiellement cantonné à la scène doom. Mais nous sommes encore jeunes ; nous verrons bien ce que la sortie de notre deuxième album génère côté public.

Walran : Je rejoins tout à fait l’analyse de mon ami. Et comme nous ne donnons pas de concerts pour le moment, on ne peut pas dire que nous mettions les chances de notre côté ! A moins d’avoir un label avec énormément de moyens et d’expérience et de donner 200 concerts par an, il est très difficile pour un groupe émergeant d’accéder à une certaine popularité. Surtout lorsqu’il joue, en 2015, du doom mélodique façon 90‘s !

Pourquoi le titre de l'album et de certaines chansons sont en français alors que le chant est en anglais ? Peu de groupes de ce style osent le chant français, pourquoi ne pas se lancer ?

Rosarius : Le français est une langue belle et poétique ; nous nous sommes jusqu’ici autorisés les titres d’album en français, mais nous n’avons pas encore vraiment franchi le cap pour ce qui est du chant. Je pense bien que cela arrivera à l’avenir – il y a même un passage interprété en français dans « Moonflower ». Mais le fait que nos influences chantent en anglais fait que nous avons plus de facilité à écrire dans cette langue, inconsciemment.

Walran : A vrai dire, nous avons récemment travaillé sur un morceau entièrement chanté en français, dont les auditeurs pourront prendre connaissance d’ici quelques mois. Il est cependant probable que cela demeure une exception, l’anglais étant – étrangement – bien plus confortable pour nous. Personnellement, quand j’écris en français, éviter le kitsch ou le pataud me semble toujours difficile !

La production de l'album est vraiment remarquable ! Vous avez réussi à trouver un son très propre et efficace. Où et comment s'est déroulé le processus d'enregistrement ?

Rosarius : Merci du compliment ! L’enregistrement s’est très bien passé, avec peu d’incidents. Tout a roulé, contrairement à Errances. Nous gardons tous un excellent souvenir de la phase d’enregistrement. Nous avons vraiment pris notre temps pour obtenir les meilleurs résultats à tous les niveaux.

Walran : Beaucoup d’auditeurs de l’album ont été surpris de découvrir qu’Errances et La Litanie des Cendres avaient été enregistrés au même endroit et dans des conditions similaires. Nous sommes en effet retournés au Studio EverTone de Gignac-La-Nerthe (près de Marseille) pour travailler avec Florent Krist, comme nous l’avions fait pour Errances. Il se trouve seulement que nous avions une idée bien plus précise du son que nous voulions et des chemins que nous tenions à emprunter pour donner une suite digne de ce nom à notre premier opus.  Comme Florent Krist nous connaissait déjà, nous avons gagné en efficacité et en précision. Je suis très satisfait du son de l’album, sur lequel nous avons pu exercer un véritable contrôle. Il est probable que nous retravaillions avec lui à l’avenir, car ses conseils nous sont précieux et que nous nous comprenons vraiment bien. Un mec formidable, que nous ne pouvons que chaleureusement recommander !

Avez-vous une composition favorite dans l'album ?

Rosarius : Ça change tout le temps ! En ce moment, c’est « Still glowing Ashes ». J’aime sa délicatesse, ses contrastes, sa gravité.

Walran : J’ai quant à moi un petit faible pour « Twilight’s Embrace », un morceau très personnel dont j’ai entièrement écrit les paroles, ainsi qu’une bonne part de la musique. J’y traite de souvenirs et d’impressions qui m’ont marqué durant mon enfance et rend par la même occasion un hommage discret à Empyrium, mon groupe préféré, qui puise lui aussi l’inspiration dans le romantisme des paysages mélancoliques de sa région d’origine. Cela étant dit, je pense cependant qu’ « A Shrine Of Clouds » est le morceau le plus abouti d’Angellore à ce jour et constitue une ouverture très efficace.

Ronnie : C'est compliqué de choisir un seul de ses enfants... Mais « A Shrine Of Clouds » car elle présente toutes nos facettes, c'est celle que je préfère jouer et entendre ! Après il y a « Inertia », c'est pour moi un excellent (et même plus!) morceau de Doom Goth. Une des mieux écrites selon moi. Après on aime tous nos morceaux, ça c'est clair !

Avez-vous un album culte dans le doom mélo des années 90?

Rosarius : Il y en tant ! Je citerais Velvet Darkness they fear de Theatre Of Tragedy, The Angel and the dark River de My Dying Bride, Tragedies et Tristesse de Funeral. Il y en a sans doute d’autres. Beaucoup d’autres !

Walran : Je pense de mon côté à des albums à la frontière du doom, comme le Mandylion de The Gathering ou le Wildhoney de Tiamat qui m’ont marqué au fer rouge. Sinon, je me dois de citer l’excellent Paradise Belongs To You de Saturnus qui renferme ma composition préférée de nos danois vénérés : « I Love Thee ». J’aime énormément d’albums de cette époque, notamment en matière de dark metal et de metal gothique, mais ces trois là sont vraiment indispensables et bien révélateurs de l’ambiance unique de cette époque bénie.

Ronnie : Impossible d'y répondre, à moins d’avoir des heures et des pintes devant nous ! Ah! Ils ont oublié de parler de TOUT Estatic Fear, mécréants. Plus sérieusement dans le "Doom mélo" comme tu l'appelles je pense que « l’âge d’or » se situe plutôt au début des années 2000. Du moins, en ce qui concerne la musique qui nous ressemble. Avant c'est plus l'univers des groupes de "Doom Goth" qui se rapproche de ce que nous aimons, sommes et retranscrivons avec Angellore.

Sera-t-il possible de voir un jour Angellore en concert ?

Rosarius : Oui ! Je ne sais pas du tout quand, mais nous avons fermement l’intention de travailler dans ce sens-là. Patience J

Avec quels groupes aimerais-tu tourner ?

Rosarius : Chez nos amis français, des dates avec Lethian Dreams et Ixion, groupes du même style que nous et que nous adorons, seraient fort bienvenues. Draconian, Saturnus et Shape Of Despair parmi nos groupes fétiches. Et pour ma part, et c’est un avis très personnel, j’adorerais tourner avec Lacrimas Profundere. J’écoute ce groupe en boucle depuis plus de dix ans, et je ne parviens pas à m’en détacher, même depuis que leur recette s’est faite plus… comment dire… grossière ?

Est-ce que le fait d'être à la fois critique (journaliste) et d'être soumis aux critiques (musicien) influence ta façon de travailler dans chacun de ses domaines ?

Rosarius : Pas du tout, et heureusement ! Je détesterais me poser trop de questions, et j’ai la chance d’arriver à ne pas le faire. Je n’aurais de spontanéité et de justesse dans aucun des deux domaines, autrement.

Walran : Il faut effectivement s’efforcer de garder une certaine distance… Mais cumuler ces deux activités ne me pose aucun problème. Ecouter beaucoup de sorties contemporaines et recueillir les impressions de nombreux musiciens sur leur façon de travailler en studio m’aide sans doute à affiner mes choix, à clarifier ce que je veux pour Angellore. Il arrive parfois que certains disques me paraissent ennuyeux, en dépit de bonnes idées. Nous essayons donc d’éviter cela au maximum lorsque nous composons et tentons de conférer à chaque passage un intérêt, en évitant les longueurs ou les répétitions superflues. Par ailleurs, le fait d’être « musicien » me rend plus indulgent dans ma façon d’appréhender les travaux des autres : même si je m’efforce d’être juste dans mes critiques, je me montre rarement cassant car j’ai conscience des difficultés qu’éprouvent de nombreux passionnés pour sortir un disque. Passer par là soi-même incite à un certain respect ! Et puis, j’apprends aussi à me détacher des chroniques des autres. Si une chronique positive sur Angellore a de grandes chances de me ravir, une chronique négative, à moins qu’elle ne soit très bien argumentée et constructive, me laissera relativement indifférent. Nous savons où nous allons et ce que nous voulons, c’est tout ce qui compte !

Ronnie : N’étant pas journaliste mais étant dans l'industrie musicale, je sais ce qui se vend, ne se vend pas, comment, où, pourquoi etc. Bon après on fait tout le contraire de ce qu'il faudrait ! Haha. Mais les jugements on ne les prend pas personnellement car nous faisons la musique que nous ressentons. Oui, nous prenons en compte les remarques techniques, ça c'est clair, pour le reste on fait ce que nous nous ressentons. En musique la critique est normale, qu'on aime ou qu'on n'aime pas n'est absolument pas un problème du moment que la démarche ait été, en amont, sincère.

Seriez-vous prêt à faire des concessions niveau musical pour gagner en popularité ?

Rosarius : Non. Et si jamais un jour nous faisions quelque chose de plus accessible, ce serait par goût, pas par désir de popularité.

Walran : Pas vraiment. En dépit de nos mélodies plutôt accrocheuses, nous proposons des formats de morceaux très longs et jouons un style qui, comme vous l’avez rappelé, n’est pas du tout populaire aujourd’hui. Je dirai donc que, d’une certaine façon, Angellore est l’opposé d’un groupe « commercial » ! J’ai doucement recommencé à composer et mes nouvelles idées s’incorporent dans des chansons plus longues encore… Donc je doute que nous ne devenions jamais les nouveaux Ghost !

Ronnie : NON! Sinon on aurait fait du Metalcore. Rien que d'y penser j'en perds des neurones. On a déjà 3 personnes satisfaites (nous), pour le reste on préfère une personne qui aime vraiment que 1000 qui vont juste penser "ouais, c'est cool". Enfin, tous les groupes pensent ça après tout.

Il y a quelques années tu étais chroniqueur et interviewer pour Heavylaw, qu'est-ce que ça fait d'être de l'autre côté maintenant ?

Walran : Même s’il arrive qu’Heavylaw me manque franchement – j’ai adoré mes 4 années sur le site et dans l’équipe – je suis aujourd’hui très flatté et ravi de voir mes travaux musicaux analysés par d’autres, d’autant plus sur ce site qui me tient à cœur. C’est une sensation grisante, surtout si notre œuvre parvient à générer un véritable intérêt ! Je rêverai de rencontrer des « immenses fans » d’Angellore, s’il en existe. Pas pour flatter notre égo, mais pour pouvoir parler en détail de nos compositions, de leurs naissances, des anecdotes de studio, des relations privilégiées que j’entretiens avec Rosarius, Ronnie et tous ceux qui interviennent pour faire vivre le groupe. En bref, partager mon enthousiasme et nos aventures avec des personnes totalement réceptives. Car nous faisons avec passion une musique de passionnés à destination de passionnés !

On te connait fan des groupes Sabaton, Kiss et Powerwolf, mais on ne peut pas dire que ça se ressente dans la musique d'Angellore. Pouvons-nous nous attendre à des reprises pour des chansons bonus dans le futur ?

Walran : Franchement ? J’adorerais !! Je travaille actuellement sur des reprises de Sabaton, mais qui seront plutôt pour mon autre projet, Betray-Ed, en sommeil depuis quelques années maintenant mais qui se réveillera sûrement un jour. Mais reprendre « When The Moon Shines Red » de Powerwolf ou « Strange Ways » de Kiss avec Angellore serait fantastique par exemple. J’adorerais réadapter ces morceaux et les passer à la sauce doom mélodique du groupe. Mais je connais mes compères et je doute de jamais réussir à les convaincre de me suivre dans cette voie !! Et puis, nous manquons bien souvent de temps, donc faire des reprises n’est pas vraiment notre priorité.

Ronnie : Powerwolf ? Kiss ? Ok si on fait ça on fera aussi une reprise de Sortilège (le plus grand groupe Français - mais pas que - de tous les temps). Avec ta question tu viens d'ouvrir la boite de Pandore.

La question d'Heavylaw : Tu trouves une lampe magique contenant un génie qui peut exaucer 3 vœux. Lesquels ferais-tu?

Rosarius : C’est une question bien trop difficile. J’ai tendance à répondre le grand classique « mon premier vœu serait d’avoir un nombre de vœux illimités ». Mais sinon, le pouvoir de voler vient en bonne place.

Walran : Supposons que je reste égoïste et que je fasse passer mes désirs personnels avant la paix dans le monde et la fin de la faim des peuples, je suppose que je choisirais trois « petites » choses qui me font rêver depuis longtemps : pouvoir parler d’autres langues couramment sans effort, savoir jouer de la guitare comme un dieu sans avoir à m’entraîner, et avoir suffisamment d’argent sur mon compte en banque pour me consacrer à ma musique sans avoir besoin de faire quoi que ce soit à côté. Voilà mes rêves secrets… Enfin, plus vraiment secrets à présent !!

Ronnie : Revenir dans le passé et arrêter Nightwish après Century Child, faire que Sortilège fasse un unique concert de reformation au Keep it True et voir Estatic Fear se reformer et vouloir faire un split avec nous. Je suis volontairement resté dans la musique. Pour tout le reste il suffit de répondre à ses mails placés dans les spams (enfin je crois).

PS : Merci aux groupes d'avoir répondu à nos questions.

0 Comments 14 août 2015
Whysy

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