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Un champ de blé qui s’étend à perte de vue, impossible de dire avec précision l’endroit où cette histoire commence, seule indication: Une statue de pierre plantée au milieu des épis battus par le vent, une statue représentant un ange en larmes. Quelle signification faut-il trouver à cet étrange avertissement? Sans doute pas une invasion de sauterelle ? Alors autre chose…  Et pourquoi pas l’apparition en cette année 1994 d’un groupe qui allait ébranler le monde du Metal progressif. Contre toute attente c’est vers le brésil que nous conduit cet album pour le moins incongru nommé Angels Cry. Première galette d’une formation brésilienne aux dents longues: Angra! Pourtant à l’époque la scène brésilienne portée à bout de bras par Sepultura n’a pas vraiment d’arguments pour se développer. Et personne n’aurait parier un pesos sur ce jeune groupe évoluant dans un genre plutôt étrange: Le métal symphonique… Qui aurait crû qu’en pleine vague Grunge, le mélange subtil d’un Heavy Metal de grande classe avec une musique classique aux influences romantiques, aller provoquer le raz de marrée que l’on connaît, et redéfinir les bases de tout un genre musical. Personne, il aurait fallu être fous pour avancer une chose pareille.  Et c’est en prenant ce risque qu’Angra va rencontrer le succès, en apportant au métal un nouveau souffle, un nouveau terrain, de nouvelles opportunités. La performance est de taille, les brésiliens nous distillant une musique certes difficile d’accès, mais absolument magnifique une fois qu’on en a saisi toutes les caractéristiques. Les influences sont nombreuses, outre la musique classique avec des éléments orchestraux particulièrement bien intégrés, empruntant tantôt au baroque, tantôt au romantique (en reprenant d’ailleurs une pièce de Schubert en intro : «Unfinished Allegro»). Mais aussi au progressif dans le jeu de guitare, au Heavy Metal pour les riffs et la plupart des tempos. Et enfin pour finir a la musique latine au niveau de la basse et d’une bonne partie des percussions. Évidemment avec un tel patchwork d’idées, le résultat est éminemment complexe et difficile d’accès, cependant Angra ne perd jamais de sa cohérence et les morceaux recèlent de véritables trésors de composition (bridge/solo de basse sur «Never Understand», choeur/mélodie d’introduction sur «Evil Warning», arpège folklorique sur «Stand Away»).  On pouvait s’attendre à voir de grosses individualités sur ce Angels Cry et des musiciens dévoilant un talent hors du commun, avec un bassiste de génie (je n’hésite pas à le dire): Luis Mariutti distillant un travail d’orfèvre, d’une qualité incroyable tout au long de l’album («Streets Of Tomorrow» et «Evil Warning» pour ne citer qu’elles), un chanteur à la carrure de future légende: André Matos, atteignant un niveau de maîtrise dans les aigus jamais vu auparavant (Au point d’aller reprendre Kate Bush sur «Wuthering Heights»). Et enfin un duo de guitariste qui va bientôt prendre la mer, pour conquérir le monde de la scène métal, Loureiro/Bittencourt, inspirés directement par les anges au niveau des leads et des soli. Et à ce niveau les exemples sont indénombrables, pour ne citer que le riff de «Carry On», en passant par l’arpège de «Time» ou encore le final de «Never Understand». Avec un tel potentiel artistique, le groupe se prépare de belles années.  Les dix morceaux qui composent cette galette valent tous le détour… Je commencerai ce tour d’horizon de la plaine par les morceaux Heavy, la speed «Carry On» avec son enchaînement couplet/pré-refrain/refrain qui vous laisse scotché le cul sur la chaise (sans oublier une envolée finale de Matos à vous filer des frissons). «Evil Warning» et sa mélodie entêtante, ses paroles somptueuses et son refrain (vais-je faire ce même commentaire pour toutes les chansons de la galette?), ou encore «Streets Of Tomorrow» virevoltante mid-tempo brisée en son milieu par un break de toute beauté emmené, à la basse, par un Luis des grands jours. Les pièces purement symphoniques sont également au rendez vous, avec «Lasting Child» finish tout en émotions retenues, et le morceau éponyme «Angels Cry» sur laquelle les violons prennent, l’espace de quelques instants, une dimension insoupçonnée. Un morceau d’école pour un métal symphonique encore à l’état embryonnaire. Deux prises de risques, un peu trop osées viendront légèrement ternir ce Angels Cry, d’abord une reprise de la diva Kate Bush «Wuthering Heights» un hommage ressemblant un peu trop à de la performance vocale de la part d'André Matos. Et «Never Understand» la chanson prog de l’album, d’une inspiration bienvenue, mais peut être trop démonstrative dans le contexte de l’album. Rien de bien méchant, vous l’aurez compris.  Malgré ce très léger bémol, Angels Cry m’a comblé! Certes l’approche fut difficile et parfois contrariante, mais l’impression finale est réellement jouissive. Angra a accouché d’une petite merveille sur les rives de l'amazone, posant la première pierre d’un chemin pavé de chef d'oeuvres. Vivement la suite, la scène brésilienne va-t-elle enfin prendre son envol?  SMAUG...

0 Comments 07 mai 2005
Whysy

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