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Les Finlandais sont les maitres incontestés du métal. S'exerçant à plusieurs styles plus ou moins extrêmes, appliquant des mélodies sur un spectre musical plus ou moins large, il serait de mauvaise foi de ne pas reconnaitre ces qualités. Le nombre de formation finlandaise est hallucinant, et même plus que ça, ils sont pour la plupart très reconnus dans les sphères du métal. Et là je pourrais me lancer dans une énumération de groupes pour appuyer mes dires mais ça serait bien trop fastidieux étant donné la richesse et le volume fourni par la Finlande. En tant que mère nourricière, ce pays allaite en son sein un parterre de fameux groupes, mais elle donne naissance à de toutes nouvelles, et c'est le cas pour Sole Remedy. Avec un premier album The Wounded Ones, le groupe se défini dans une musique recherchée et  estampillée par l'innovation, souhaitant créer de nouvelles dimensions musicales. Ils tentent une nouvelle fois avec The Apoptosis de susciter les émotions tout en effleurant les contrastes. Mixant adroitement des influences  dark telles que Ghost Brigade, Katatonia ou même death/prog comme Opeth, les Finlandais s'ouvrent un monde très mélancolique marqué par la tristesse et teintée de rage par de subtiles touches éphémères.

En effet, cette ambiance affirmée par le titre cadre avec les mélodies et les chansons proposées sur cet opus. Avant d'aller plus loin, laissez moi le temps d'expliquer brièvement ce qu'est l'apoptose. Car quand j'ai voulu me renseigner sur le mot, je m'attendais plutôt une définition d'un dieu égyptien inconnu...  Mais que nenni, puisque l'apoptose c'est la mort programmée des cellules, c'est ce phénomène qui permet le renouvellement cellulaire en bonne et due forme. Ce suicide permet la survie de tous les organismes pluricellulaires. Bon je ne vais pas plus loin parce que je sens déjà que certains décrochent. Mais revenons sur la musique, comprenez donc juste que l'album souhaite s'inscrire dans un mouvement musical dans lequel la fin est déterminée mais permettant la continuité de ce cycle.
Ce qui est moins compréhensible c'est le choix de la pochette de l'album. J'ai beau essayé de trouver un sens, je n'en n'ai pas vu. Les couleurs restent bien ternes et sombres tout comme la direction musicale, l'ouverture de cette porte sur un escalier descendant pourrait imager le phénomène mais c'est beaucoup trop abscons.

Bref, Sole Remedy n'est pas un groupe comme les autres, la volonté de se démarquer est belle est bien présente. Nous n'avons pas à faire à une bande de pédants souhaitant se lancer à la conquête d'un marché musical employant toutes les stratégies commerciales pour y parvenir. Non, Sole Remedy est un groupe qui pense et qui conçoit sa musique de manière intelligente. Leur musique est avant tout progressive. Les morceaux proposés se montrent convaincants, et appellent au recueillement. La panoplie des effets employés soutien l'écoute sans jamais laisser tomber l'auditeur dans la torpeur. Les contretemps bien marqués, les jeux de guitares  tantôt légers tantôt gorgés de célérité restent toujours vertueux ("Solace"). D'autre part, les riffs sont mélodieux mais ne revêtent pas le caractère pénétrant. C'est-à-dire que lorsque l'on écoute cet album, on s'aperçoit de la qualité de composition mais la structure musicale comporte un aspect froid. Certains riffs se montrent hypnotisant, d'autres complexes, mais on ne peut pas les qualifier d'efficaces.

Apoptosis joue aussi sur les oppositions, notamment sur les lignes de chants. Jukka le guitariste chanteur sort des tirades en chant clair rappellant le timbre de Devin Townsend, mais il est capable de passer en un instant sur un chant dissonant à ce moment là plus proche d'un Before The Dawn ("Leave"). Dire qu'il oscille entre deux catégories de medium serait réducteur puisque tout comme son jeu de guitare, le frontman passe par tout un tas d'intermédiaires. En outre, le chanteur crie ("Past Decay"), repose son chant de manière délicate ("Comatose") et épouse un large panel vocal.
Autre point à remarquer, c'est l'intensité évoquée par la batterie. Henkka envoie des percussions limites tribales, ou joue à contretemps afin de marquer les esprits, sans oublier de renforcer les passages plus extrêmes donnant au passage un rythme catchy très appréciable. Sur "Wolf in Me" ou "The Burden" on pourra noter un changement de registre assez spectaculaire : du brutal  électrique enragé on passe à un niveau plus "classieux" avec une guitare acoustique. L'ensemble des musiciens se montre carrément incroyable sur ces revirements surprenants et savamment amorcés.

Les claviers ne sont pas non plus en reste car étant de véritables supports à la création, ils ne font pas ce qu'on leur demande de manière habituelle. Généralement, les nappes de claviers servent à arrondir des mélodies à la guitares ou viennent en renfort sur un passage bien précis afin de le rendre encore plus mélodique. Or ici, le clavier s'intègre dans la structure musicale et appuie les ambiances profondes et neurasthéniques de manière délicate. Sole Remedy s'évertue d'élaborer un album d'une noirceur inextricable et sait doser la juste quantité de claviers afin que le rendu final ne soit pas indigeste ou gâché. Les instruments "conventionnels" sont d'abord mis en avant et le synthé reste  discrètement en arrière pour approfondir l'ambiance et donner plus de dimension.

Apoptosis est un album qu'il faut absolument découvrir, il pourra éventuellement initier les profanes avec des morceaux comme l'instrumentale "Ordeal" très proches du registre katatonien dans son jeu introductif de guitare doublé par une basse grésillante. Ou bien cet album restera le plus accessible d'une ténébreuse lignée. En tout cas, on ne pourra pas reprocher à Sole Remedy de s'être creusé la tête malgré des influences bien marquées. Certains pourraient penser et dire que c'est du "sous-Ghost Brigade" (comme certains pensent que Sybreed est du "sous-Samael en moins violent"), mais attention, Sole Remedy est né en 1998 soit sept ans avant son possible comparant...


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 26 août 2010
Whysy

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