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Depuis le départ de son principal compositeur il y a deux ans, Mercenary semblait en sursit. Le groupe allait devoir se remettre en question et bouleverser ses habitudes. Peu après la refonte de son line up sortait « The Hours That Remains » : excellent disque qui soulignait la nouvelle voie musicale adoptée par le combo. En effet, l’album s’annonça comme le moins extrême de leur discographie. Toujours aussi riche et complexe d’un point de vue instrumental, le disque brillait également par l’excellente performance de son chanteur, Mikkel Sandager, qui illumina l’album de tout son talent. Finalement, nous aurions pu croire que le départ de Henrik « Kral » Andersen n’avait pas vraiment porté préjudice à Mercenary

Erreur ! Ce que l’on ne sait pas toujours, c’est que « Kral avait participé à l’écriture et à l’élaboration de « The Hours That Remains » bien qu’il soit parti avant son enregistrement. Voilà qui explique la saveur progressive des titres, la grande qualité des mélodies, et l’omniprésence de la voix claire. Finalement ce nouvel album « Architect Of Lies » est la première vraie réalisation de Mercenary sans son charismatique leader / créateur / compositeur. Si les musiciens restants ont su sauvegarder la couleur des guitares, la dualité vocale et la surenchère de mélodies, Mercenary n’est plus que l’ombre de lui-même, allant même parfois jusqu’à s’autoparodier.

À vrai dire, ce nouvel album ne possède pas la saveur relevée des précédents. J’ai tout d’abord été choqué par le manque de profondeur des différentes chansons. Elles ont toutes perdu leurs digressions progressives pour s’enfermer dans une relative facilité d’écriture. Dorénavant la force de Mercenary semble plus résider dans son aspect direct et « catchy » que dans sa richesse d’écriture et sa complexité musicale. Je pense que le 1er single « Embrace The Nothing » et l’ouverture « New Desire » en sont d’excellents exemples tout en restant de très bonnes chansons aux refrains efficaces et mélodies entêtantes. Mais la crainte de voir cet excellent groupe se diriger vers la facilité me fait peur.

Mercenary a perdu son charme. Je me rappelle avec nostalgie des merveilleuses pièces épiques affichant parfois près d’une dizaine de minutes au compteur. Ces pistes étaient d’une richesse et d’une densité folle alternant les nombreux riffs, de superbes mélodies, des pianos de toute sorte, des soli en veux – tu en voilà. Il est regrettable que ce nouveau disque ne contienne aucune chanson de cet acabit, seule la superbe « Isolation (The Loneliness In December) » semble renouer avec le passé. Une chanson vraiment magnifique : tout au chant clair elle illustre à merveille le talent du chanteur dont la voix porte une réelle émotion. Mikkel Sandager est l’une des grandes forces de Mercenary depuis plusieurs années. Ce type possède une voix hors norme, mais également un excellent feeling au niveau de ses lignes de chant.

« Architect Of Lies » marque également le retour à une musique plus agressive. En effet « The Hours That Remains » marquait une césure nette en n’incluant que très peu de chant extrême. Kral étant également le vocaliste extrême – et bassiste – Mercenary ne mit la main sur René Pedersen (basse et growl) que trop tard dans l’enregistrement. Cette fois-ci l’homme a pu prendre part à l’écriture des chansons pour assurer un retour aux sources, c'est-à-dire à une alternance de voix plus appuyées. Des chansons comme « Bloodsong », « This Black And Endless Never » ou « The Endless Fall » s’affichent comme plutôt rapides et agressives tout en apportant un contraste intéressant face aux chansons plus calmes et mélodiques telles « New Desire », « Embrace The Nothing » ou « Isolation ».

Il semble apparaître que sans ses développements progressifs Mercenary perde une grande partie de son intérêt. Plus inquiétant, les 3 premières chansons – « New Desire », « Bloodsong » et « Embrace The Nothing » – montrent un groupe qui semble succomber à la pression marketing. Il s’agit là de trois exemples plutôt criants : mélodies convenues et efficaces, refrains simples et mémorisables, constructions étudiées pour ne pas perdre l’auditeur… Je ne cache pas ma déception lors de la première écoute. Il semble alors que Mercenary n’ait placé ses meilleures compositions qu’en cœur d’album ! « The Black And Endless Never » suivie de « Isolation » montrent qu’avec un soupçon d’ambition le groupe est capable de faire aussi bien que par le passé. La suite n’est malheureusement pas tellement meilleure que le début d’album tant « This Endless Fall », « Black And Hollow », « Execution Style » ou « I Am Lies » semblent proposer du « Mercenary Standard » vu et revu. Seule la dernière piste « Public Failure Number One » tente enfin de faire décoller l’album par un excellent refrain et une performance vocale à nouveau excellente.

Je vais être franc : j’aurais préféré attendre ce disque une année de plus. À mon humble avis Mercenary n’a pas mis le temps nécessaire à son écriture. Les musiciens sont parvenus à restaurer la forme (la couleur) des chansons, mais en oubliant l’élément essentiel c'est-à-dire le fond (la saveur). En tirant un trait sur ses influences progressives, le groupe emprunte un chemin dangereux et risque de sombrer dans un cercle vicieux. Il est clair que ces chansons plus simples, directes et efficaces sauront séduire de nouveaux fans, et devraient par ailleurs conforter nos danois dans leur choix artistique. Un choix que je ne condamne pas, mais que je le regrette. Je pense que ceux qui ont découvert Mercenary avec « 11 Dreams » ou ses premières œuvres seront chagrinés par cette nouvelle vision musicale. Il reste bien heureusement l’excellence technique des musiciens, toutefois sous-exploitée.

À vrai dire, « Architect Of Lies » sera une affaire de goût. Certains seront charmés, d’autres très déçus. D’un œil objectif, j’avoue que ce nouveau disque de Mercenary reste bon (vu la concurrence) mais je préfère souligner qu’il constitue de loin leur album le moins réussi à ce jour. En considérant l’entière discographie des danois, cet « Architect Of Lies » ne peut prétendre à mieux qu’une moyenne bien payée.

…TeRyX…

0 Comments 07 mars 2008
Whysy

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