Et voilà que Rebellion[, engendré par deux mutins de Grave Digger, en est à son 5e album, qui se trouve être le 3e et dernier d'une trilogie consacrée aux vikings. Pour les personnes fouinant sur ce merveilleux site, cet album doit vous rappeler qu'il y a eu 2 précédents volets relatant les aventures d'un équipage et du pauvre Valmi, équipage qui se faisait mettre une rouste à chaque assaut du navire Rebellion. Alors, par intégrité et respect pour l'auteur de ces fables marines, il serait déplacé de s'engouffrer dans son sillon, mais après tout, pourquoi ne pas profiter de la vague ? Le navire Rebellion est-il toujours aussi imposant ? Son nom seul suffit-il à réduire en poudre à canon nos moussaillons les plus aguerris ?

Les vents marins murmuraient que l'équipage de Rebellion était fatigué et s'en remettait aux Dieux pour continuer à répandre la terreur sur les mers. Et pourtant, quand leur proue a surgi, c'était la Guerre : l'enfer pleuvait, la peur planait, la sueur virevoltait...ils étaient là, et prêts à en découdre. Et puis ils se sont levés, et se sont mis en quête de réduire chaque parcelle du navire en cure-dent. Ce n'est pas avec des choppes de bière et des petits couteaux qu'il pouvoir y avoir un espoir de s'en sortir. Ah, il valait mieux ne pas être là : à ce rythme-là, il n'allait plus rester un seul survivant. La légende de ce capitaine implacable semblait se répéter une fois de plus.

Et pourtant, quelque chose clochait. Tous ces flibustiers tapaient comme des sourds, n'importe comment, et ne semblaient plus se soucier de si leur hache touchait un ennemi ou non. Était-ce dû à la présence de ces Dieux d'Asgard ? En attendant, on ne reconnaissait plus l'efficacité de la redoutable bande. Tout était plus pataud, plus lourdingue, moins précis, moins percutant. Invoquer Odin n'a pas arrangé les choses. A croire que leur légendaire science du combat s'était évaporée. Taper, toujours taper. Est-ce ça leur seul argument maintenant ? Invoquer des Dieux, utiliser des Runes magiques, là voilà leur dernière carte ? Autant dire que la peur des premières minutes venait de se changer en une sorte d'espoir et de "Et si finalement ils étaient inoffensifs ?". Même leurs cris de guerre étaient à côté de la plaque.

En plus, un doute s'est réinstallé quand Thor est arrivé dans la bataille, mais l'équipage est devenu tout mou, attaquant sans arriver à garder un rythme cohérent, et, si on a cru revoir leur magnificence un furtif instant, au bout de quelques minutes ils se sont mis à ralentir et l'occasion était trop belle d'aller leur tailler dans le gras. Vexés, forcément. Alors ils ont grogné et se sont remis à taper comme des gros bœufs, et ont fini par jouer leur dernier atout, Loki. Peine perdue (comme disent les Toulousains à l'heure du goûter), ils étaient en train de détruire leur propre navire, se sabordant alors qu'en faisant bien les choses, l'océan aurait été en leur possession.

Très vite, il ne resta plus que leur capitaine, qui tenta d'amadouer ses adversaires en leur contant l'histoire de Ragnarök, mais se fit vite savater car sa chanson était mauvaise, alors il dégaina sa guimbarde et entonna une complainte sur les Einerhjar, valeureux guerriers. Comme il réussit à tirer quelques larmes à ses bourreaux, ces derniers décidèrent de le laisser en vie à condition qu'il laisse tomber les vikings et se remette aux Harley Davidson.

Et c'est ainsi que le nom de Rebellion se retrouve d'avantage dans les livres de recettes de soupe que dans les grimoires de contes héroïques.