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Pour ceux qui aiment le rock progressif et qui ne connaissaient pas encore Unitopia, «Artificial» est le moment de remédier à cette lacune : le groupe rappelle les plus belles chansons de Peter Gabriel, des mélodies comme «Solsbury Hill» à sa quête «world».

Le troisième album des progueux australiens est en effet une véritable réussite. Passons sur la thématique de l’album, censé être conceptuel et traiter selon le groupe de sujets très sérieux de l’opposition entre destin et libre arbitre et d’intelligence artificielle. Il ne semble pas que les paroles de l’album permettent véritablement d’en dire plus, la rédaction des textes est le plus souvent elliptique.

La musique est la vraie raison d’être de cet album, plutôt que le message. On sent un groupe uni, prenant plaisir à travailler ensemble, à jouer de la musique et à laisser toute sa place à chacun. Le groupe prend son temps, installant des ambiances planantes de toute beauté.

Un hommage nostalgique mais énergique est rendu aux Beatles dans le titre «Nothing Last Forever». Nul besoin d’être un fan invétéré du quatuor de Liverpool pour apprécier les clins d’oeils multiples faits aux quatre garçons dans le vent (à «Come together», mais aussi «All you need is love», et l’intro laisse fortement penser à celle de «The Fool on the hill», chanson qui est d’ailleurs citée dans le refrain). Sans doute Unitopia a voulu souligner ici la dette du prog à l’égard d’albums comme «Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band» par ces références appuyées. La piste porte en tout cas l’ambiance du film «Across the Universe» appuyée en cela par le passage au saxophone.

Et ce petit retour en arrière est révélateur de l'ambition de l'album : les chansons nous font voyager dans toutes les dimensions du rock progressif ! Mais pas question d’expériences pénibles ici : les titres sont tous très mélodiques, et le chant de Mark se cale sur l’exigence des compositions : sa voix se mêle à la multitude des instruments (avec moult sortes de guitares et percus), des orchestrations, pour un rendu parfait.
Les titres se succèdent sans pause enregistrée, ce qui joue sur l’ambiance et l’absence de temps mort : ainsi le changement de piste entre «No human anymore» (dont le refrain fait songer aux titres les plus doux de Stone Sour, et laissant entendre de jolies notes de mandoline) et le titre fleuve «Tesla» se fait plutôt au début de ce dernier au moment où l’on entend la pluie tomber quelques secondes qu’auparavant, les deux semblant, comme les autres d’ailleurs, se suivre tout naturellement.
Car, à se laisser porter par l’album, on ne sait plus très bien où une chanson commence et où elle finit, ce qui est très bien comme ça  (par exemple, «The power of 3», titre séparé de «Rule of 3’s» dont il est l’intro).
«Tesla», venons en à cette oeuvre de plus de treize minutes : un titre rêveur, changeant, démarrant comme les autres relativement calmement mais se poursuivant en expérimentations psychédéliques, puis en solo de saxo procurant la gaieté douce des fins d’après midi trop chaudes, tandis que les percussions de samba viennent immédiatement nous changer d'ambiance, avant que le rock reprenne ses droits, avec des paroles presque incisives et un choeur à l’enthousiasme hymnesque (ou presque).
«Reflections» est un titre vraiment original, tandis qu’il égrène ses sonorités cinématographiques en alternance avec violon, clavier, saxo encore. On reste dans cette ambiance de salle noire avec «The power of 3», instrumental dont on regrette la courte durée...

Bref ! Artificial est une débauche d’instruments, de mélodies et de mélopées, de sons classiques et de sonorités futuristes, servant des atmosphères différentes et chatoyantes, mélange des genres réussi et surtout, appréhendable dans un style où l’éclectisme le dispute parfois au snobisme.
À ne surtout pas laisser de côté.

0 Comments 24 mai 2010
Whysy

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