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La musique est un cadeau de la vie.Je ne sais pas si le groupe Theocracy a en tête cette citation du romancier canadien français Michel Tremblay quand il compose ses mélodies mais cette formation peut, de toute évidence, en revendiquer l’esprit. Rarement un groupe aura, en à peine deux albums assez espacé d’ailleurs, réussi à incarner le plaisir du don, la générosité désintéressée de présenter, et donc d’offrir une partie de soi, par l’intermédiaire de la création. La flamme religieuse qui anime le groupe peut expliquer cette magie, ce supplément d’âme mais la qualité de la composition ne peut être étrangère à cette caractéristique.  Troisième opus des Américains après un Miror Of Souls acclamé et reconnu en son temps (la première année après la catastrophe électorale de 2007), As the world Bleeds sort cette année et présente une nouvelle lecture habitée et heureuse du speed mélodique. Rien n’est plus européen que Theocracy (comme Symphony X avant Iconoclast): racé, lumineux et laissant toujours planer dans sa musique une certaine bonhommie alerte qui, sans rejoindre l’happy metal teutonique ou reinxeedien, porte en lui une certaine joie de vivre assez appréciable. Le groupe a d’ailleurs maintenu un semblant d’activité ces trois dernières années en se rappelant à nos bons souvenirs lors du traditionnel et très américain exercice de la chanson de Noël, qu’ils ont adapté à leur tempérament : le dernier en date, All I Want For Christmas était ainsi un tube féérico-social sur l’espoir d’un Renne de retrouver son vieil emploi après la crise financière de 2008("All i want for Christmas is my old job back"). Il est d’ailleurs regrettable de ne pas avoir glissé cette pépite dans la track list de ce CD ou le titre de 2008, le désopilant Rudolf versus Frosty. Quoiqu’il en soit la formation d’outre atlantique revient à nos esprits à la faveur de cette troisième publication et il était grand temps.  Premier titre et première surprise: I AM est progressif à souhait, c’est un morceau ambitieux de 11 minutes placé courageusement en première piste et si on rajoute le titre final As The World Bleeds, complexe et abouti, on obtient un ton, une tendance, à mâtiner un speed décomplexé de développements progressifs ambitieux (break hispanisants, passages folks, accélération speed, changement de rythmes) comme si la dernière piste de Miror Soul, composition fleuve de 22 minutes avait donné le la de l’opus suivant. Mais attention amis lecteurs, le penchant progressif des Américains ne se veut pas démonstratif, conceptuel, surjoué techniquement et bourré de références élitistes, il se fond dans une ambition noble, celle de donner sa pleine mesure à des titres tout en finesse, en montée des voix, une progression par pallier qui ne rechigne pas à cumuler les plans speed énergétiques (As the world Bleeds) un peu comme le légendaire Halloween des citrouilles (et je ne vois guerre d’autres comparaisons pour cet exercice, ce qui n’est pas le plus faible des hommages). Ces morceaux de bravoure sont la pierre angulaire d’un album qui se montre très plaisant mais rétif à toute synthèse tranchée.  Riffs rentre-dedans (Drown) , introductions dignes d’une première partie d’album de Gamma Ray (Light of the world) ou d’Europe ( ah le gospel en canon d’Altar to the unknown god qui évoque irrésistiblement le Superstitious des Suédois)) ce troisième album élargit considérablement l’éventail des possibles et il s’en retrouve aéré et addictif. Le plaisir ne s’estompe pas avec des titres comme The gift of music une mièvrerie angélique qui se transforme en farandole speed entêtante et béate...Mais, mais, il ya du Freedom Call dans cet album et que 23 pistolets à purin KA-ME-HA-MISENT François Baroin si ça ne fait pas du bien. Pas de chemins balisés ni de structures préconçues dans ce As The World Bleeds, Theocracy développe des titres personnels composés de ruptures accélératrices ou temporisatrices I AM, Nailed (ah ce mode rugueux/complexe à la Dream theater/Octavarium) mais qui demeurent assez efficaces, concises, ramassées. Les morceaux sont extrêmement bien mis en valeur par Matt Smith dont le chant est léché, propre et si clair. Il développe même des tonalités Ben Sottiennes tant Nailed m’a fait penser aux premiers Haeavenly. 30 piece of silver est un des morceaux les plus réussis et la synthèse parfaite de cet opus: Pensiez vous qu’une synthèse entre Andromeda et Freedom Call pouvait être réussie? Breaks, rythmes heavy-rugueux, voix et solo speed et si finalement Theocracy avec ce titre ne lorgnait pas une nouvelle fois sur le vieux (le seul?) Helloween.  Autre point fort le métal évangélique développé par le groupe est toujours présent mais semble plus discret pour le plus grand plaisir des libres penseurs allergique aux prêches des exaltés du multiplicateur des pains. Certes le titre de l’album ou Light of the world ne peuvent s’affranchir de références bibliques ou d’un certain esprit assez religieux, mais l’engagement des Américains est moins évident (enfin tout est relatif) ou tout du moins il s’impose moins au non angliciste inattentif.  Alors la faiblesse perceptible de cet album est sa richesse et sa versatilité. La combinaison de développements ambitieux et de brûlots ultra mélodiques bonhommes et sautillants (Light of The world, The Master Storyteiler) ne favorisent pas une digestion simple de ces 10 titres. Loin d‘être déroutant ou décousu, cette optique révèle tout de même une hétérogénéité qui surprendra et l‘amateur de prog et l‘esthète du speed. Theocracy trouvera-t-il son public à la croisée des chemins??? Rien n‘est moins sûr. Miror Of soul avait pleinement convaincu en son temps(troisième album de l’année 2008 selon les membres sélectifs et chevronnés d’Heavylaw, c‘est pas rien ça tout de même nom d‘un pitbull dopé au Redbull pour jouer chez les Bulls), que sainte Adèle adhère à l’adhésif si As The World Bleeds n’est pas aussi en son genre un indispensable de 2011.

0 Comments 18 novembre 2011
Whysy

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