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Deux ans après le très bon « World of Glass », Tristania effectue un come back des plus remarquables, car bien surprenant. On sait pourtant que le Metal gothique n’est pas un genre où les groupes proposent de majeurs changements d’un album à l’autre. On sait que le combo norvégien, malgré l’éviction de son chanteur et principal compositeur Morten Veland, à présent parti explorer d’autres eaux profondes avec Sirenia, s’est toujours efforcé de garder la même ligne de conduite sur l’ensemble de sa discographie. Et pourtant, là, Tristania a décidé de changer, au moins pour un temps….de nous surprendre !!

Exit le lyrisme grandiloquent et les arrangements pompeux de l’album précédent, nous voici avec en main un album, qui comme l’indique sa pochette, se veut plus épuré, plus simple sur le fond, reposant davantage sur la sobriété, la lourdeur des guitares, et l’alternance des chants, que sur l’aspect très orchestral et symphonique, autrefois marque de fabrique du groupe.

Après tout, on ne peut que louer cette démarche d’épuration. C’est vrai, Tristania prend de vrais risques ! Mais d’un autre côté, le groupe aurait peut-être fini par lasser son public en proposant un album trop proche des précédents. Ici, à l’évidence, une page est tournée, et les norvégiens prouvent qu’ils sont complètement libérés de l’influence de Morten Veland, influence encore omniprésente sur « World of Glass ».

Kjetil Ingebrethsen, recruté pour cet album, est là pour soutenir la douce Vibeke de son chant black/death. Malheureusement, celui-ci aurait mieux fait de laisser cette tâche au guitariste du combo comme sur l’album précédent. Car son chant est criard et très désagréable, ne collant pas vraiment avec le style du groupe... Là, c'est trop agressif !! Bon, au fil du temps, on s’habitue, mais je me souviens que la première fois…Quel choc odieux à la première écoute de « Libre » ! Et malheureusement, il alourdit certains morceaux déjà assez plats et peu intéressants à la base (« The Wretched », malgré ses parties instrumentales soignées, l’étrange et parfois déplaisant « Circus »).

Plus sobre, cela signifie également plus sensible. Sur certains morceaux, l’influence des vieux albums de The Gathering se fait délicatement sentir (flagrante sur « Shadowman » et surtout « Cure », très beau morceau, d’une grande douceur, que l’on croirait issu de « Nighttime birds »), car le groupe développe une certaine ambiance, belle et mélancolique, apte à émouvoir l’auditeur. Le single « Equilibrium » est, par exemple, un excellent cru de Metal gothique, à la fois calme et accrocheur. Le chant clair masculin d’Østen Bergøy fait mouche, surtout en duo avec notre jolie soprano. Autrefois simple invité, il est devenu membre du groupe à part entière, ce qui est, je pense, un très bon choix. Et le violon et la guitare acoustique, par légères touches, viennent délicatement supporter l’ensemble et nous émouvoir…


Pour conclure sur ce « Ashes », voilà un album déconcertant, qui malheureusement rate un peu son objectif. Nul doute que la voix de Kjetil y est pour quelque chose, d’ailleurs cet opus sera sa seule pierre marquée à l’édifice Tristania, puisqu’il quittera le groupe peu de temps après.

Bien difficile pour moi d'attribuer une note à cet ensemble un peu décousu, où les moments de bonheur sont bien réels, et parmi les meilleurs du groupe (« Libre », « Cure », « Equilibrium », « Shadowman »), mais qui suscite aussi chez moi d’autres sentiments moins positifs, qui viennent ternir mon jugement : la lassitude, la déception. Déception, car si le niveau de l’album avait été homogène, on aurait touché quelque chose de grand, de très grand. Car ici, le moyen côtoie le très beau. Un album sympathique, à recommander, mais somme toute, pas transcendant.

Méfiez vous cependant : je m’étais promis d’être plus sévère avec cet album, que je jugeais fade et peu intéressant aux premières écoutes... mais les richesses qu’il révèle avec le temps sont bien réelles…et le 7/10 attribué aux bons crus s’impose alors naturellement.


Gounouman

0 Comments 22 mars 2007
Whysy

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