Vous recherchez quelque chose ?

« Fermez les yeux, respirez profondément, détendez-vous et laissez-vous transporter par nos ondes. Celles-ci vont progressivement vous plonger dans un état de détente optimal. »

A en croire le projet de Jolly, c’est peut-être ce que l’on pourra entendre dans quelques années en guise de thérapie de relaxation… Vous avez en effet probablement déjà entendu parler de cette petite révolution dans le monde sonore que sont les ondes binaurales. Le principe en est assez simple: des bruits à la limite des ultrasons qui, diffusés avec une fréquence sensiblement différente dans chaque oreille, produisent chez l’auditeur un état d’ébriété, de tristesse ou de bonheur… Bien qu’étant encore à un état très rudimentaire de leur développement, ces petits bruits on déjà fait pas mal parler d’eux et convaincu une flopée de scientifiques ou d’artistes. C’est le cas de Jolly, groupe New-Yorkais dont le premier album Forty-six Minutes, Twelve Seconds of Music paru en 2009 fut fort bien accueilli par la critique et a permit au quatuor de parcourir les scènes européennes aux cotés de Riverside et surtout de signer chez InsideOut Music.

Comme son prédécesseur donc, Audioguide To Happiness (part 1) prétend révolutionner la musique en y intégrant ces fameuses ondes binaurales. Le tout en 4 parties dont les deux premières sont ici proposées. Projet audacieux qui ne manque ni d’originalité ni de culot ! Et la démarche vaut la peine d’être étudiée car elle pose une question essentielle : Quel-est aujourd’hui le rôle de la musique ? Selon Jolly, il s’agirait de plonger l’auditeur dans un état second, de le laisser s’oublier lui et sa vie monotone dans les aspérités du son bienfaiteur.

Mais qu’on ne s’y méprenne pas, au-delà des ondes on trouve encore les instruments classiques de la musique Rock ! Alors, laissons la technologie de coté pour un moment et voyons voir ce que Audioguide to Hapiness (part 1) raconte !
La première chose que l’on remarque lorsque la musique se lance après une introduction « binaurale », c’est une volonté d’efficacité, essentiellement au niveau des riffs de guitare. Tout est propre, juste, et les effets sont bien travaillés, notamment sur la voix D’Anadale. Le coté progressif est finalement fort peu présent et cela restera comme tel sur la quasi-totalité de l’opus: des structures fort simples servent de base à des mélodies assez agréables que nous proposent le chant et la guitare, bien posés sur un couple basse-batterie « groovy »… A tel point que l’ensemble est finalement fort lisse et monotone, flirtant presque avec un groupe comme Muse dans  Pretty Darlin’ entre autres... Bien qu’aucun titre ne s’avère vraiment mauvais, Jolly ne parvient ni à écrire un « tube » ni à installer une ambiance à laquelle la plupart des auditeurs doivent pourtant s’attendre sur les 42 minutes de musique proposées ! J’ai même du mal à vous citer des titres en exemple, c’est dire.
Un peu comme si le groupe était tiraillé entre deux envies: celle de nous évader et celle de nous faire balancer la tête sur des pistes comme Joy ou The Pattern. Les variations sur l’intensité ne sont que trop faibles et aucune ne sort réellement du lot.

Voici donc bel et bien le problème de Jolly. Les amateurs de musique progressive seront déçus par une trop grande simplicité tandis que les autres préfèreront les riffs de leurs groupes favoris pour s’amuser. Sans être dérangeant, voire plutôt agréable et surtout bien produit, audioguide to Happiness (part 1) n’a visiblement pas l’envergure pour s’inscrire dans les productions majeures de la musique actuelle. Il se consommerait plus comme une pastille pour la gorge, dont l’effet s’arrête presque instantanément après usage.

Mais, et les ondes binaurales alors ? Où sont-elles passées ?! Et bien elles ne sont que peu remarquables. Elles se perdent en fait tout le long de l’album, probablement dans les parties subliminales de notre cortex. Mais peut-être suis-je de la partie des consommateurs sceptiques pour qui la technique n’aura pas fonctionné… Toujours est-il qu’à l’heure actuelle, je n’ai pas encore trouvé meilleur remède pour être heureux que d’écouter une musique plus authentique, éventuellement aidé par une boisson dont les effets, eux, ne sont plus à prouver !

Que faut-il donc retenir du deuxième essai de Jolly ? Je crois qu’il faut tout de même applaudir cette démarche qui vise à donner un nouveau souffle à la musique progressive. L’idée est loin d’être mauvaise, elle est juste à mon sens trop expérimentale et mal exploitée et prend finalement le pas sur des compositions de qualité qui restent le meilleur des stupéfiants auditifs, quoi qu’on en dise. Mais comme je vous l’ai dit cet opus se vit personnellement,  n’hésitez donc pas à vous le procurer pour vous faire votre propre opinion, sans attendre une révolution… Elle est ailleurs pour le moment.

Rom'


(Note réelle : 6.5/10. Que j’arrondis à 7 car il me semble que le ressenti variera fort d’une personne à l’autre)

0 Comments 04 mars 2011
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus