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Angra est un groupe qui a pour habitude de ne jamais proposer deux fois le même album. Sa carrière poursuit une évolution constante, d’album en album. Seulement, voilà. « Temple of shadows », chef d’œuvre puissant, ambitieux et progressif, constituait un véritable aboutissement dans la carrière du groupe. Alors comment évoluer à nouveau sans proposer une redite ou que le groupe accuse une première baisse de régime ? Faut-il mieux revenir au heavy puissant et mélodique mais somme toute plus classique du très bon « Rebirth » ou pousser le bouchon encore plus loin et exploiter la dimension progressive déjà bien présente sur l’album précédent ?   Donc, malgré l’étonnant manque de promotion accompagnant la sortie de l’album, Angra est attendu au tournant avec ce 6ème opus, qui célèbre également le 15ème anniversaire du groupe brésilien. Il s’intitule « Aurora Consurgens », d’après un ouvrage de St Thomas d’Aquin, dans lequel l’auteur tentait d’établir des relations entre les rêves et certains « problèmes mentaux ». Même si cet album n’est pas conceptuel, plusieurs morceaux tournent néanmoins autour de ce thème, assez cliché d’ailleurs pour un groupe de Metal progressif, où de nombreux musiciens ont déjà mis en parallèle les structures complexes de leurs oeuvres avec la folie et les maladies mentales (« Six degrees of inner turbulence » de Dream theater ou encore « Remedy Lane » de Pain of Salvation ne sont que quelques exemples…).   Et alors qu’en est-il de la qualité de l’album ? La mise en bouche effectuée par le single « The course of nature » est vraiment un choix étrange de la part du groupe, de même que le choix de placer ce morceau en première place de l’album qui, comme « Fireworks », est dépourvu de petite introduction symphonique. Qu’on se le dise, voilà une introduction très (trop ?) directe, avec un Eduardo assez agressif et méconnaissable sur les premières notes du morceau. Angra a au moins le mérite de jouer carte sur table : pas le choix, l’entrée est brutale, on rentre de plein pied dans un album heavy et complexe, mélodique mais surtout… progressif !  Progressif, voilà, le mot est lâché : où que l’on mette les pieds sur l’album, cela sent le progressif à plein nez ; voix modifiée sur « Window to nowhere », une première pour Angra, thème général de l’album, solos plus complexes que jamais, break techniques et bien surprenants (« The course of nature », « Window to nowhere »...) Une simplicité retrouvée sur la forme d’un côté, et une construction instrumentale plus labyrinthique que jamais sur le fond de l’autre, voici comment on peut aborder ce nouvel opus d’Angra, qui s’avère assez déstabilisant pour les fans de heavy plus traditionnel ou les amateurs des premiers opus du groupe.  La production est toujours excellente, le son typique du groupe fait toujours de l’écoute un moment de bonheur (c’est toujours Dennis Ward aux manettes), Eduardo chante mieux que jamais (moins agressif que sur « Temple of shadows »), la section rythmique est comme toujours parfaite (la basse est très bien utilisée sur les intros !) et Kiko semble être sorti grandi de son expérience solo : les solos de cet album sont tous magnifiques et très prenants, donnant de la force et de la consistance même aux morceaux plus moyens (« Window to nowhere»).  Mais attention, si certains breaks paraissent un peu étranges et assez proches de Dream theaterEgo painted grey »,), Angra ne sacrifie jamais la mélodie à la technique. De même, que les fans du groupe se rassurent, les percussions brésiliennes et ce côté chaleureux propres à la musique du groupe n’ont pas disparus, même s’ils sont moins présents que sur des albums comme « Holy land » ou « Temple of shadows » (« Course of nature » et « So near, so far »).  Et à mon grand plaisir, la magie d’Angra est toujours présente ! Sporadiquement, par étincelles, on retrouve même quelques traces de l’Angra d’antan. La douce « Breaking ties » évoque légèrement « Fireworks », mais c’est surtout l’excellente « The voice commanding you », l’un des meilleurs morceaux de l’album, speed et des plus catchy, qui me rappelle Holy Land, aussi bien par son surprenant mais très beau passage orchestral que par les parties rythmiques qui m’évoquent « Nothing to say » ! En dehors de cela, certains titres n’auraient pas dépareillé sur l’album précédent (la douce « Ego painted grey », petite sœur d’ « Angels and demons »). De même, "Breaking ties", morceau plus calme faisant office de semi-ballade, possède un très beau refrain, un peu dans la lignée d’un « Wishing well ».   Au final, comment résumer cet album en quelques mots ? Homogène et varié, progressif et émouvant, complexe et puissant, il est tout cela à la fois, et même plus encore…  Angra s’affranchit du Metal allemand ou du speed mélodique traditionnel pour inscrire son talent si unique au sein de l’élite du Metal progressif. Cet album, malgré son apparente simplicité, est donc probablement l’opus le moins accessible de la carrière du groupe. Et malgré quelques passages un peu faibles, l’incroyable talent des musiciens fait que cet album peut se ré-écouter à l’infini, gage de qualité majeure à mes yeux. Angra continue de planer bien au dessus de toute concurrence, et nul ne pourra l’en déloger…Ce n’est donc pas demain que l’on enterrera Angra. Messieurs, félicitations, et vivement la tournée française, prévue pour début 2007…  Gounouman

0 Comments 08 octobre 2006
Whysy

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