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On peut dire qu’on l’attendait de pied ferme, le nouvel album de Dark Moor! Après Tarot, promu ici même album de l’année 2007, la barre était haute pour les Sympho-Métalleux espagnols. Si les années n’ont pas été clémentes pour les piliers du genre qu’ont été Rhapsody et Nightwish, elles l’ont certainement été pour leur petit frère. En effet, depuis l’apparente disparition du groupe phare du style, Dark Moor s’est hissé au sommet de la scène. Et on peut dire qu’ils ont travaillé pour. Après une carrière ponctuée par 6 albums et un changement majeur de line-up et des orientations musicales passant du heavy au symphonique, la maturation du groupe est complète. La période Élisa C.Martin est passée et l’intégration d’Alfred Romero au chant est pleinement digérée. Alors donc, que nous réserve ce nouvel opus ?

La pochette d’Autumnal laisse présager un changement. J’irais même, en la comparant avec celle de son frère aîné, jusqu’à parler de maturation. La superbe scène transpire à elle-même de cette nostalgie qui colle si bien au nom de l’album. D’emblée, on est en droit de se demander si la sortie n’aurait pas mieux collé au mois de novembre, et surtout, si la musique reflète cette atmosphère mélancolique. On lance donc l’écoute, débutée par une reprise du lac des cygnes (Tchaïkovski), et on est tout de suite frappé par la qualité des orchestrations qui font pâlir celles de Tarot. Le mélange entre les instruments standard et les multiples instruments classiques est réalisé de main de maître et l’ensemble est clair et chaque ligne musicale est parfaitement audible. Section de violons, cuivres, xylophones, clavecins, piano et compagnie, tout est présent et fait preuve que de nos jours, il n’est pas nécessaire de recruter un orchestre complet pour obtenir d’excellents arrangements symphoniques. (à condition d’avoir un bon budget, bien sûr !) La longévité de l’album est donc facilement doublée par cette abondance musicale qui fournit de nouvelles surprises au fil des écoutes.

Le travail des musiciens – appelons les permanents – du groupe n’est aucunement éclipsé par l’abondance symphonique. La batterie, même si ce n’est pas elle que l’on remarquera en premier, fait preuve d’une technique traduisant l’expérience de Roberto Cappa et ponctue très bien l’ensemble, orchestrations comprises. Le guitariste et compositeur des arrangements classiques, Enrik Garcia, fait office de gratteur rythmique préférant faire passer à l’avant ses mélodies de violons et violoncelles et ses grandiloquents crescendo de cuivres. Pourtant, chaque pièce comprend un duo entre solos de 6 cordes et leurs équivalents symphoniques, renforçant cette dualité réunificatrice entre musique classique et Métal. Le chant de Romero s’est aussi amélioré depuis ses débuts avec le groupe sur leur album éponyme, même s’il ne s’est pas débarrassé de cet incontournable accent espagnol. Le travail vocal est fréquemment appuyé par des cœurs d’une qualité explosive par rapport à ceux que l’on retrouve sur tarot, et par l’apparition d’un chant féminin discret.

L’atmosphère générale se dégageant de l’album n’est finalement pas si mélancolique que la pochette le laissait paraître. Le premier single, On the Hill of Dreams, pourrait certes souscrire à cette définition, mais il s’avère être en bout de ligne le titre le plus doux de l’album. La pièce suivante, Phantom Queen vient d’ailleurs accélérer le rythme avec son intro celtique, pour laisser à la très baroque Faustus la palme de la pièce la plus sombre. Quelques growls viennent même surprendre l’oreille sans être déplacés ni agressants.

La production, si dantesque soit-elle, n’est pas un remède à tout. Alors que Tarot suivait un concept que je ne crois pas avoir besoin de souligner, Autumnal suis un parcourt plus conventionnel. Bien que dépourvu de grosses faiblesses apparentes (je fais référence au douteux passage à capella présent sur Tarot), les variations dans la construction des pièces semblent ici plus homogènes et conservatrices. Le tempo de l’album est toutefois assez varié. Don’t look back, When the sun is Gone et The Sphinx explosent par leur rapidité rappelant les compositeurs classiques plus énergiques (Bach, par exemple). Bien qu’elles sont difficilement différentiables, elles sont séparées par la mid-tempo The Enchanted Forest et l’épique For Her, dont la mélodie rappelle la période Power of the Dragonflame de Rhapsody.

Au final, le choix sera déchirant : Tarot, ou Autumnal ? Quel album surpasse l’autre ? Le choix sera personnel tant les deux méritent leurs lauriers. Ayant personnellement eu un engouement mitigé pour Tarot, je choisirai donc celui-ci. Autumnal s’avère être un album d’une grande qualité, d’une maturité durement méritée et d’une durée de vie prolongée par ces orchestrations symphoniques parfaites n’entravant pas l’identité Métal de la musique. Une addition obligatoire à la collection de tout amateur du genre !

0 Comments 27 mars 2009
Whysy

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