Fragile Art ou art fragile ? Serait-ce un mouvement artistique ? Curieux nom pour un groupe jouant du death mélodique, qui plus est, venant tout droit des immenses plaines gelées de Russie. Aux premiers abords on penserait avoir affaire à un groupe de métal brutal et technique servant à chauffer les salles les soirs de concert dans la taïga aride … Bon j’arrête les gros clichés, en fait le groupe est composé de cinq membres dont le chanteur chauve me fait penser à Bjorn Strid (Soilwork) et performant dans le style death aux attraits mélodiques.

Passons aux choses sérieuses : l’album commence par une mélodie de synthé qui tout à coup est rattrapée par un déferlement de batterie et à partir de cet instant Fragile Art ne va plus s’arrêter, le groupe s’embrase jusqu’à se consumer, le frontman pousse des growls digne de Opeth sans jamais s'essayer au chant clair ! Côté instrumentation les riffs de guitares se mêlent et s’entremêlent à la percussion formant une audacieuse mélodie de métal carrément puissante. Elle  est ponctuée par des petits accords de synthé qui donnent toute la douceur et la fragilité que la formation russe proclame ("Run 2U").

La plupart des groupes cherchant à se faire connaître prennent une bonne partie de leurs inspirations chez leurs aînés, j’avoue que j’ai ressenti cette impression notamment dans "Not Dead Not Alive" par exemple. Cependant comme chacun le sait, on ne ressent pas de fierté à avoir emprunté les bonnes idées aux autres, et malgré ses influences Fragile Art impose sa griffe et nous pousse au loin des comparaisons possibles et arrive à nous arracher des similitudes et du déjà réchauffé en marquant leurs mélodies de tonalités propres dont la structure s'articule autour du synthé ("Axiom").
D’autre part au fil de l’écoute des titres, le groupe joue de plus en plus avec les mélodies aux synthés, les guitares font petit à petit place à cet instrument franchement jouissif et servant de pilier aux refrains ("Dreams Of Dumb Instincts"). Les guitares ne s’éteignent pas non plus "There is a Hope" laisse le champs libre à leur expression et les soli sont carrément déments !

"PainFull" introduit une voix féminine chaleureuse, proche de celle de Kimberly Goss (Sinergy), c’est donc à ce moment que le duo vocal prend de l’ampleur à un tel point que cette chanson est pour moi le titre à écouter, certainement le moins représentatif de l’album mais qui vaut que l’on s’attarde dessus.

A ce point culminant, rien apparemment semble arrêter nos Russes, et pourtant, passé le titre phare de leur album, on commence à ressentir de légers signes essoufflements. En effet, c’est à la moitié de l’album que la magie de la formation russe commence à s’estomper et la témérité dont le groupe avait fait preuve, commence à lui faire défaut, "Mirror Of Fate"  annonce déjà que l’on est sur une pente descendante. "Ray Of Light" comprend des solis téléphonés, "Black Freedom" est convenu, rien de ces titres arrive à retenir l'attention et on commence à se détacher. Des points noirs sont à noter comme la fin de l’album qui se termine sur une percussion honteuse ou encore certains riffs qui accrochent peu, n'apportant rien de plus à l'ambiance générale.

Malgré tout Fragile Art est quand même un groupe intéressant, qui n'hésite pas à pousser les limites au sein d’un style en vogue et composant avec un panache et un feeling peu commun dans les contrées froides. Les musiciens font preuve d'un savoir faire qui fera headbanger les amateurs du style. Cependant  la technique n’est pas mise en valeur sur cette galette, seul le plaisir de jouer pour être écouté et reconnu est le but recherché.


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