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L’intégration d’instruments originaux au Métal n’est aujourd’hui plus une notion saugrenue pour la plupart d’entre nous, grâce premièrement à tout ces groupes de Folk qui ont ‘osés’ amalgamer un genre en pleine maturation à des instruments et influences variées. Puis, il y a eu le phénomène Apocalyptica, groupe propulsé par ses interprétations de classiques du Métal en n’utilisant qu’une batterie et quatre violoncelles. Dans ce cas, ce n’était pas le fond qui faisait l’objet de fusions avec des instruments originaux, c’était la forme. La pratique n’a pu qu’être reprise ensuite par d’autres groupes. Il y a notamment eu Van Canto, groupe Allemand de Power A-Capella dont le dernier effort est ici chroniqué par mes soins, et où le seul instrument, outre une pléiade de voix, est la batterie. C’est de cette batterie orpheline, et plus précisément de l’homme derrière les fûts, qu’In Legend est né.

Une substitution intéressante et efficace  

Ce batteur, Bastian Emig, n’est donc pas étranger à cette pratique de remplacer des instruments Métal traditionnels. L’idée derrière In Legend, c’est de remplacer la sacro-sainte guitare électrique par … un piano. Bien que certains associeront l’information à un sentiment d’inconfort voire d’incrédulité – comment un piano peut-il atteindre la même puissance qu’un bon vieux riff de six-corde? – la musique d’In Legend ne souffre pas de carences en Métal. Comme mon collègue Whysy l’exposait dans la chronique de l’EP précédant Ballads ’n’ Bullets, le pauvre piano souffre et la frappe est puissante. On devrais plutôt dire les pianos, l’usure d’un de ces instruments dans les mains d’In Legend devant être assez accélérée! Les incrédules feront bien de se rappeler que sur ceux-ci, on peut à la fois jouer une section rythmique et une mélodie, contrairement à la guitare (à son interprétation habituelle, tout de moins). La musique d’In Legend bénéficie donc de cet avantage, celui de pouvoir à la fois marteler des notes d’une main et pianoter de jolis arpèges et de belles mélodies de l’autre. Appuyée par la basse et la batterie, cette dualité souscrit très bien à la puissance et à la mélodie propre à ce genre musical que nous affectionnons tant.

Des ambiances bien développées

L’aspect technique du piano, en tant que pourvoyeur de riffs et de sections mélodiques, ne suffirait par contre pas à produire un album de ‘’Hand Hammered Piano Craft’’ intéressant s’il n’était d’un bon sens de la composition. Et à ce sens, il faut avouer que Bastian, relégué à la batterie, est cruellement sous-utilisé dans Van Canto. Les compositions sont ici d’un niveau nettement supérieur, et il n’est pas aisé d’y accoler un sous-genre en particulier. Sous la main de M. Emig, le trio piano/basse/batterie arrive à développer des ambiances souvent intéressantes, parfois angoissantes (Heya), dansantes (Vortex) ou légèrement martiales (A Hanging Matter). La power-ballade At Her Side, bien que typique et peu originale, est tout de même en contexte considérant l’omniprésence du piano. Il faut aussi mentionner les très réussies Elekbö, The Healer et Heya, où la composition rayonne particulièrement.

Une performance vocale convaincante

En plus de son instrument, il faut souligner que le frontman d’In Legend maîtrise aussi très bien l’aspect vocal de ses compositions. Héritage évident de son autre groupe, le chant occupe ici une place de choix. Bastian possède une voix puissante, qui lui permet d’aller chercher une gamme d’effets, parfois touchants, parfois empreints de plus de véhémence. Sans posséder une tessiture incroyable, et sans s’approcher des grands vocalistes, son interprétation lui permet d’appuyer avec brio les ambiances qu’il recherche dans ses compositions. L’utilisation fréquente d’harmonies vocales décuple la chose, et produit parfois un effet très intéressant, notamment sur At Her Side et sur la très bonne pièce de clôture Universe. Ces harmonies sont aussi utilisées à bon escient en duo avec la chanteuse de Van Canto, invitée à une participation sur la pièce Stardust.

De petites erreurs de parcours?  

Forcément, et même avec un nombre considérable d’années nécessaires à la maturation du projet In Legend, il faut souligner quelques petits accrocs. La création d’un Métal mené par un piano est réussie dans son ensemble mais avec les écoutes, le ‘rythme’ utilisé pour transposé un riff à un martelage de notes de piano est parfois répétitif. Le même constat peut s’appliquer à l’échelle de l’album. Si quelques pièces ressortent du lôt, et que certaines autres contiennent des éléments intéressants, Ballads ‘n’ Bullets contient forcément des longueurs. Pour une heure de musique, 14 pièce peut s’avérer un peu trop, surtout considérant leur structures et leurs durées souvent très homogène. Aussi, on pourra s’interroger sur la pertinence des thèmes de Vortex. Ce jugement étant complètement subjectif, ce sera à vous de vous faire votre idée.

Un métal mélodique accrocheur et original

Au final, ce premier essai d’In Legend s’avère un savant mélange de hargne et d’émotion, un Métal mélodique bien construit, vrai, intelligent et qui pourrais se tailler une place parmi des groupes comme, par exemple, Amorphis. Son Frontman possède un talent certain pour la composition compensant pour une technique assez brute et loin des grands pianistes classiques. L’échange de la guitare pour un piano est réussi et n’handicape pas du tout l’identité Métal de la musique, du moins beaucoup moins que quatre violoncelles. À ce sens, il est évident que cet album semblera beaucoup moins hermétique à l’auditeur moyen que ceux des groupes mentionnés au début de cette chronique. Une chose est sûre, ce projet de Bastian Emig possède le potentiel de dépasser son premier groupe en notoriété et en visibilité sur la scène Métal. Et sur scène, ce doit être quelque chose à voir!

Consultez l'interview que Bastian nous a accordé il y a quelques mois

0 Comments 14 avril 2011
Whysy

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