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Ah, Trans-Siberian Orchestra et ses orchestrations métal-rock de Noël ! Nul besoin d’en dire tellement plus pour que sonnent telles des «glockenspiel» à vos oreilles les réalisations festives du groupe.  «Beethoven's Last Night», qui est sorti initialement en 2000 aux USA déroge pourtant à la tradition de l’inspiration de Noël. Cependant, rien ne vous empêche de l’écouter dans les semaines à venir, c’est même recommandé, avec un vrai chocolat chaud (dans lequel vous aurez bien sûr saupoudré un peu de cannelle, mais passons).  Car on reste dans le même esprit, façon bande-son d’ «Un conte de Noël» de Dickens, où les instruments les plus importants sont le piano et la voix, à la manière des comédies musicales dont TSO s’inspire également. Mais, comme indiqué dans le titre de l’album même, conceptuellement, c’est quand même autre chose que Noël puisque l’album raconte la dernière nuit de Beethoven sur Terre, pendant laquelle il rencontre Fate (la Destinée), son fils Twist et Méphistophélès. Ce dernier vient forcément proposer un marchandage de l’âme du compositeur, lequel va évidemment refuser. L’histoire en elle-même est quand même vraiment bateau, si cela vous motive, le livret vous permet de vous plonger intégralement dans les détails de ce suspens absolu. Interviennent également Mozart, sans doute Thérèse von Brunswick, i.e. l’amour de sa vie, les muses de la création etc. Pour permettre à tous ces personnages et leurs orchestrations correspondantes de se déployer, le concept album va osciller entre instrumentaux et morceaux chantés, en se nourrissant plus ou moins explicitement, malignement, plus ou moins longuement de la musique de Beethov- ou d’autres contemporains.  Il y a deux manières d’aborder l’album, mais vous ne pouvez pas choisir entre elles deux car l’une s’impose à vous. Soit les reprises, quelles qu'elles soient, vous ont toujours posé beaucoup de questions, et les premières écoutes sont déstabilisantes : malgré toutes les utilisations possibles et imaginables de la musique classique par le métal, l’album usant des partitions du maître, les recyclant, il y a des moments d’hésitation. Par exemple, à titre de comparaison, récemment, le groupe de métal symphonique Niobeth a repris l’air de la Reine de la Nuit. La première écoute m’a laissée l’impression que « Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen » était tout simplement massacré ( Itea Benedicto n’a absolument pas la colorature nécessaire), et il m’a fallu écouter Patricia Petibon rapidement. Pourtant, l’interprétation de la chanteuse de Niobeth, bien qu’infininiment inférieure à celles des plus grandes sopranos à qui l’on a confié cet air, avait quelque chose d’intéressant, même si je n’ai jamais réussi à trouver comment l’exprimer. Soit vous êtes très ouverts aux reprises, et vous abordez l’album sans être perclus de questionnements (c’est la branche de l’alternative la plus reposante). Il fallait une longue introduction, pour expliquer qu’il m’est difficile de chroniquer cet album, parce que la première branche de l’alternative s’est imposée à moi (c’est quand même plus marrant quand c’est difficile).  Bref, commençons. Le morceau d’introduction n’hésite pas à opérer un sacré mélange, en ouvrant sur la divine sonate pour piano n°14, dite au Clair de Lune, quelques notes de la 8ème sonate pour piano, celle-ci dite «Pathétique», le dernier mouvement de la 9ème en lui faisant succéder le premier mouvement de la 5ème, dans un instrumental complètement déconcertant. Ce morceau est important car il donne un rapide aperçu des principales pièces qui vont être recyclées à l’envie sur le disque. Les morceaux s’enchaînent avec maestria : Jon Olivia, s’il n’est ni Karajan ni Carlos Kleiber, se révèle un grand instigateur dans le mélange des genres et la mise en place d’une véritable mise en scène mentale autour de Beethov, dans un bel hommage moderne au Maître.  Il serait relativement indigeste d’indiquer pour chaque morceau les sources qu’a utilisé le groupe. Indiquons les grandes lignes du récit musical auquel se livre TSO : après l’ouverture, une première période du disque oscille entre Queen, clins d’oeil au chant médiéval, et utilisation de la Sonate au clair de Lune. «The moment» est un morceau particulièrement réussi, où le chant émouvant de la ballade laisse place cette fois pour un court instant à l’air le plus connu de la Symphonie Pastorale. On est plongé en pleine rêverie, pour un court instant, le morceau fait office d’interlude. Puis, c’est «Vienne», un vrai cinéma, comme le laisse présager le titre : Beethoven se rémmore le jeune homme qu’il a été au son de la valse. Mais ce n’est rien encore avant «Mozart», morceau puisant dans les Noces de Figaro ! À partir de «The Dreams of the Candlelight», on entre dans une partie à la fois plus sensible avec une prédominance de la voix féminine et plus noire, seulement égayée par la Bagatelle de la Lettre à Élise, abrégée mais non adaptée. «After the Fall» fait écho à «The Dreams of the Candlelight» dont il est très proche. Avec «This is who you are», les morceaux suivants sont plus enlevés, notamment celui-ci qui électrise de façon jouissive le 2ème mouvement de la 9ème, et «Beethoven», un des morceaux d’anthologie de l’album, qui mêle tout ce à quoi on assiste depuis le début, la musique classique, le métal, les voix féminines, masculines, l’enthousiasme du rock et l’emphase des morceaux utilisés. La fin du disque, ses trois dernières pistes, reviennent au son de la deuxième partie, illustrant le happy-end de façon à peine trop guimauves.  Un chocolat chaud ?

0 Comments 27 novembre 2010
Whysy

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