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Pour tout groupe, la sortie d'un premier album est toujours un évènement ! Afin de célébrer dignement la parution de "Start from scratch", première réalisation des français de Benighted Soul, le groupe a donc eu la gentillesse de répondre à toutes nos questions dans l'interview que voici !!



* Sept ans après la sortie de votre première démo (Enchantment), vous voici désormais avec votre premier album (Start from scratch) entre les mains ! Qu'est-ce que cela vous fait ? Comment vous sentez-vous ?

Géraldine (chant) : Le premier album, cela fait un moment qu’on en parle ! C’est un aboutissement, celui du travail accompli durant toutes ces années, mais c’est aussi le commencement de beaucoup de choses, un nouveau tournant ! On y a mis beaucoup de nous-mêmes et recevoir enfin ce CD dans nos mains, c’était beaucoup d’émotion et de fierté !



* Quel regard portez-vous sur les débuts de votre carrière (premiers enregistrements, concerts, supports, fans, etc.) ? Quels souvenirs et expérience en gardez-vous ?

Géraldine : L’aventure Benighted Soul a commencé en 2003 et à cette époque, nous n’avions pas les mêmes ambitions qu’aujourd’hui. Le groupe est parti de presque rien. Nous voulions juste jouer ensemble, faire quelques concerts dans les bars… Nous ne sommes pas arrivés directement avec un niveau professionnel : c’est un groupe dont vous avez pu suivre les évolutions, qui s’est construit doucement, au fil du temps. Mais c’est cela aussi qui fait le charme et la force du groupe : son histoire, son cheminement. En réécoutant les anciens enregistrements ou en regardant de vieilles vidéos, nous avons parfois de bons fous rires ! D’autres fois, c’est un peu difficile de les écouter sans rougir mais ça fait partie de notre histoire et ça nous rappelle le chemin parcouru... et le chemin qu’il reste à parcourir !



* « Start from scratch » semble être un opus à la fois plus varié et plus dense que vos précédentes réalisations. Avez-vous eu de nouvelles influences musicales ces dernières années ou de nouvelles façons d'aborder l'écriture des morceaux ? Était-ce une évolution prévue dès le départ ?

Flavien (claviers) : Oui, cette évolution était prévue et amorcée dès « Anesidora ». Elle correspond en quelque sorte à la « deuxième vie » du groupe, avec les changements de line-up en 2006 qui ont abouti à la formation actuelle. A cette époque, de plus en plus de groupes ont commencé à pratiquer ce style de Metal Symphonique et il nous a semblé vital d'avoir une identité musicale très forte pour sortir du lot. Il serait dommage de se limiter à copier Nightwish (excellent groupe par ailleurs), alors qu'on peut faire tellement de choses différentes avec une formation qui comprend une chanteuse et des orchestrations… Il suffit d'écouter Diablo Swing Orchestra ou Ram-Zet pour s'en convaincre ! Donc concrètement, nos influences lorgnent beaucoup sur le Metal Prog’ et le Rock Progressif je dirais, le Thrash, le Black Metal, la Fusion, la musique de film... J'en oublie sans doute, surtout que chaque membre du groupe a des goûts assez différents des autres.



* Comment procédez-vous pour l'écriture des compos ? Que vous vient-il en premier lieu (lignes de guitare ou lignes de chant) ?

Flavien : Bien que claviériste, j'aime bien composer en premier l'ossature des morceaux, à savoir les guitares rythmiques, la basse et la batterie. Il est hors de question que les orchestrations dominent tout le reste, Benighted Soul reste un groupe de Metal avant tout ! J'ai des grilles d'accords dans la tête et je pianote souvent pour trouver des idées, mais j'essaie toujours d'écrire des riffs intéressants en me basant là-dessus. Les claviers et les orchestrations viennent pratiquement toujours en dernier, sauf peut-être sur les morceaux plus calmes. Une fois que le morceau est quasiment finalisé, Géraldine cherche des lignes de chant et pose sa voix dessus !



* Les orchestrations se montrent très présentes sur ce nouvel album ; comment ont-elles été composées et enregistrées ?

Flavien : Les orchestrations ont été enregistrées avec divers logiciels et banques de sons, une fois que presque tous les instruments ont été enregistrés. La chorale, qui est bien réelle et a été montée spécialement pour l'enregistrement de l'album (Géraldine et notre bassiste Jean-Gabriel ont géré les répétitions), a été enregistrée un peu avant.



* Certains titres de « Start from scratch » étaient déjà joués en live depuis 2009. Tous les morceaux de l'album étaient-ils déjà prêts à cette date ou d'autres ont-ils été composés par la suite, voire au moment d'enregistrer en studio ?

Flavien : En effet, « Ticking Time Bomb » et « Start From Scratch » ont été joués car ces morceaux étaient tout simplement les premiers écrits pour l'album ! De même que « Falling in Sin », mais ce titre est en fait une adaptation d'un ancien morceau qui apparaît sur la toute première démo du groupe. Les gens apprécient énormément « Falling in Sin » en concert et en le ré-enregistrant nous voulions faire un petit cadeau à tout ceux qui nous suivent depuis le début.



* Quels sont les thèmes développés sur l'album ? Y a-t-il un rapport direct avec la pochette ? Et faut-il y voir un concept-album ?

Géraldine : Non, on ne peut pas vraiment parler de concept-album dans la mesure où il n’y a pas une seule histoire. Cela dit, il y a un fil conducteur dans les textes qui font beaucoup référence à l’enfance et ses souffrances, à la difficulté de grandir et de se libérer de ce que d’autres attendent de nous. Si bien qu’on peut effectivement suivre un personnage, la poupée présente sur la cover, à travers ses questionnements, ses états-d’âme. Sur la cover, elle se trouve dans une usine, sur une chaine d’assemblage de « poupées-enfants » fabriquée par d’étranges bonhommes sans âme, presque des machines. Elle est la seule à réaliser ce qu’il se passe. Elle prend conscience qu’elle n’est pas libre d’être elle-même mais qu’elle est façonnée par d’autres (des thèmes repris sur « Broken Icons », « Start from Scratch » ou « Edge of Insanity ») et cherche à briser ses liens pour s’enfuir. Dans ses yeux, le reflet d’un autre monde et l’espoir…



* La poupée visible sur l'artwork (également présente sur l'EP « Anesidora ») est-elle devenue un gimmick ou une marque de fabrique du groupe ? A t-elle une histoire particulière ?

Géraldine : Elle a été créée graphiquement pour l’EP « Anesidora » puis nous avons décidé d’en faire concevoir une « vraie » qui nous suivrait sur les concerts. Du coup, nous nous y sommes vraiment attachés et le public également ! Elle est devenue un symbole du groupe et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de continuer son histoire sur l’album « Start from Scratch ». Nous avons demandé à Eliran Kantor de la relooker, de la représenter à sa manière. Du coup, elle paraît un peu plus humaine ou alors a-t-elle juste grandi un peu ?



* Le titre « Start from scratch » (« repartir de zéro ») a-t-il une signification précise pour vous ? Souhaitiez-vous repartir sur de nouvelles bases avec cet opus, faire table rase du passé ?

Géraldine : Oui, ce titre a vraiment une signification pour nous. Le groupe a changé de line-up en 2006 et à cette époque nous avons décidé d’enregistrer un premier CD pour accompagner ce renouveau : l’EP « Anesidora ». Néanmoins, sur cet EP, nous avons uniquement repris des morceaux qui dataient de l’ancienne formation et les avons réarrangés. Ce n’était donc pas exactement le fruit de cette nouvelle formation. En cela, « Start from Scratch » a constitué un gros challenge. A part « Falling in Sin », tous les titres sont des inédits. Il a fallu fixer plus précisément notre ligne musicale, notre manière de procéder pour composer, arranger… Tout était nouveau. Donc oui, c’est un peu comme si on était reparti de zéro ! C’était aussi une volonté de notre part de marquer une rupture avec ce que nous avions fait auparavant : en choisissant ce titre, nous le revendiquions haut et fort.



* La scène du Metal symphonique et du Metal dit « à chanteuse » est devenue très populaire ces dernières années et les groupes y abondent. Comment pensez-vous pouvoir vous démarquer du reste des groupes ? Et comment voyez-vous l'évolution de cette scène à l'avenir ?

Nicolas (batterie) : Héhé ! J’adore cette question :-)
Cette scène est devenue relativement populaire mais aussi trop uniforme dans ses codes, ce que nous déplorons. Je dis « relativement populaire » car il faut bien comprendre que ce style (surtout en France) ne concerne qu’une niche d’auditeurs ! Mais elle a le mérite d’être bien organisée et de fonctionner comme une véritable communauté. C’est assez simple pour un bon groupe  de faire le tour des forums spécialisés et de rencontrer son public.
C’est donc un avantage certain au départ, mais un vrai casse-tête quand se pose la question d’une véritable signature auprès d’un label et d’une éventuelle professionnalisation ! Ce fonctionnement en vase-clôt n’est plus viable et ne permet pas d’évolution d’échelle.
Il est clair que ce fichage « à chanteuse » n’est pas très bien perçu par le reste de la planète Metal car il est pour beaucoup synonyme d’une démarche mercantile, édulcorée et calibrée sur les mensurations de la chanteuse. C’est absurde mais nous le comprenons tant il faut reconnaître que certains headliners n’hésitent pas à mettre en avant leur chanteuse à outrance... Ils discréditent eux-mêmes leur démarche ! Les petits groupes comme nous payent les pots cassés et essuient bien des préjugés avant-même d’être écoutés.
Cette étiquette n’a pour nous aucun sens et nous essayons le l’ignorer à tous les niveaux… Elle ne définit pas notre musique et nous nous considérons plutôt comme un groupe de Metal Progressif ou Symphonique, point barre. Je pense que cet état d’esprit s’entend dans notre musique et nous aide à nous démarquer.
Et puis il y cette connotation négative et sexiste dans la bouche de certains « vrais mecs » qui nous fait un peu rire… Je les invite à venir constater en live si on ne peut pas leurs botter la raie :-)
Je pense qu’à long-terme, cette scène n’a d’avenir en France que si ce clivage implicite Metal de filles / Metal de mecs disparaît. Mais les mentalités évoluent doucement et c’est encourageant ! Des groupes à chant féminin commencent petit-à-petit à s’incruster sur les gros festivals d’été et nous assistons à l’émergence d’une nouvelle génération de chanteuses prometteuses qui ne se cantonnent plus à l’imitation hasardeuse de Tarja Turunen ou d’Amy Lee. Le train est en marche et je pense que nous nous inscrivons clairement dans cette démarche. D’ailleurs nous avons pu constater avec soulagement que c’est largement perçu et exprimé nous concernant, depuis la sortie de « Start from Scratch ».



* Comment abordez-vous la suite de votre carrière ? Des projets (tournée, nouvel album, clip vidéo,  etc.) sont-ils déjà en cours ?

Nicolas : Nous venons de sortir notre premier clip « Edge of Insanity » et à l’heure où je te parle nous terminons tout juste la première partie de notre tournée française. Nous allons profiter de l’été pour composer le prochain album et finaliser la préparation de la suite des dates. Nous préparons aussi une sortie numérique de « Start from Scratch » sur l’ensemble des plateformes de téléchargement légal et nous travaillons à un Tour Report retraçant la vie du groupe sur la route depuis la tournée avec Tarja et Kells de décembre 2010. Il y a du pain sur la planche !


* Vous possédez une excellente réputation scénique ; est-ce un domaine dans lequel vous vous sentez particulièrement à votre aise ? Plus que le studio ?

Géraldine : Ça a été vrai aux débuts du groupe. Le studio, c’est quelque chose d’assez difficile à appréhender et effectivement, on a d’abord fait nos preuves sur scène. En tant que musiciens, la Scène, c’est LE rendez-vous avec le public, c’est un moment d’échange intense qu’on attend tous avec impatience et oui, je pense qu’on y est à l’aise. Mais plus qu’en studio ? C’est beaucoup moins vrai depuis « Start from Scratch ». Le travail a fait que le studio n’est plus forcément un passage qui nous fait peur mais au contraire, on le voit comme un lieu d’expériences, un laboratoire dans lequel on peut tester nos idées et se renouveler.



* La tournée en première partie de Tarja a du être une étape importante et marquante. Qu'en avez-vous retenu ? Quel accueil vous a réservé le public et les autres groupes ?

Nicolas : Tu l’as dit, une telle tournée c’est marquant ! Nous en avons retenu principalement que nous sommes faits pour ça et que nous croyons en notre potentiel. Mais n’y vois aucune prétention ! Nous avons juste constaté qu’avec de la patience et de l’acharnement, tout est possible. L’accueil formidable du public sur tous les concerts nous a prouvé que malgré un contexte difficile de crise du disque, un petit groupe sorti de nulle-part peut tout défoncer s’il s’en donne les moyens et ne vit que pour ça.
Et puis nous avons appris énormément auprès des Kells avec qui nous partagions le tour-bus. Ils sont incroyables sur scène et se paient en plus le luxe d’être adorables… Nous avions parfois l’impression de tous faire partie du même staff tellement l’ambiance était irréelle.
Enfin, nous n’avons souffert d’aucune restriction technique de la part de Tarja. Après qu’ils aient constaté ce que nous faisions sur scène le premier soir, nous nous sommes sentis respectés et considérés. Ce qui nous a soulagés d’une partie de la pression…


* Vous avez également participé à deux éditions du festival « H'elles on Stage » à Lyon (en 2008 et 2010) ; quels souvenirs en gardez-vous ? Avez-vous perçu une évolution (soit au sein du groupe ou du public) entre ces deux années ?

Géraldine : Nos deux participations nous ont laissés de très bons souvenirs ! L’évolution au sein du groupe est évidente puisqu’en 2008, nous étions venus pour la sortie de notre EP « Anesidora » et en 2010, nous présentions les titres de l’album « Start from Scratch » à paraître. Mention spéciale tout de même pour l’édition de 2008 puisque c’était notre première date à Lyon et nous avions été très surpris de l’accueil chaleureux qui nous avait été réservé !



* De manière générale, quelle a été votre expérience (scénique ou non) la plus « exaltante » ? Et la plus difficile ? Une petite anecdote à nous raconter ?

Géraldine : La plus exaltante ? Je crois qu’on se rappelle tous de Milan avec Kells et Tarja. Le public était tout simplement hallucinant ! Je pense que c’est une date qu’on n’est pas près d’oublier... Mais paradoxalement, techniquement, ça a aussi été la plus difficile de la tournée ! Comme quoi les conditions techniques ne font pas toujours le concert  ;-)

Nicolas : Milan !!! Je me souviens que les cris du public arrivaient parfois à couvrir la sono ! C’était délirant…
Pour l’anecdote, j’ai arraché le fil de mes ear-monitors et perdu une batte de grosse caisse sur le même morceau pendant ce show. Il a fallu serrer les fesses !



* S'il y a une chose que vous n'avez pas encore pu réaliser avec Benighted Soul et que vous souhaiteriez concrétiser, laquelle serait-elle ?

Nicolas : Nous avons constaté sur notre boutique en ligne que nous vendons pas-mal de disques au Mexique et en Amérique du sud depuis notre premier EP. Nous avons d’abord été surpris mais il semblerait que la tendance s’accentue avec « Start from Scratch ». Nous aimerions tenter le déplacement dans un futur pas trop lointain mais là, c’est une autre paire de manches ! A voir…  



* Pour terminer cette interview, la traditionnelle « question du génie » : vous trouvez une lampe magique avec un génie à l'intérieur, il vous offre d'exaucer trois de vos vœux, quels sont vos choix ? (hormis la paix dans le monde et la réponse à la question précédente -trop facile- )

Nicolas :
1 - Taper le bœuf avec Matthew Bellamy (Muse). Après ça je peux mourir l’âme en paix !
2 – Ne plus avoir le vertige.
3 – Donner un concert sur le toit d’un grand immeuble.



Merci à vous pour avoir consacrer du temps à cette interview. Félicitations pour votre album, bonne continuation au groupe et à très bientôt sur la route !



Un dernier mot à ajouter ?

Géraldine : Merci à HeavyLaw et à tous ses lecteurs !

Nicolas : Pareil ! C’est grâce aux motivés dans votre genre que nous existons :-)

0 Comments 01 juillet 2011
Whysy

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