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En cette obscure aube d’hiver, depuis la terre recouverte par le gel, depuis les majestueuses montagnes veillant avec sérénité, depuis l’indomptable masse aquatique s’étendant au-delà des rivages, depuis les forêts encore immergées dans le brouillard, l’appel se fit entendre. Plus mystérieux, plus fort, plus insistant… L’appel du large, de la découverte, l’appel de la terre vierge, du voyage, de l’émotion. L’heure n’était plus aux hésitations ; il fallait partir. A la conquête des océans incertains, des forêts toujours calfeutrées dans l’épaisseur de la brume, des montagnes obscures et de leurs merveilleux secrets. Partir loin, très loin, à la conquête de cet univers inconnu et enchanteur, s’éloigner jusqu’à n’être plus qu’une tache sombre noyée dans un horizon de cendres.


Impensable ! Incroyable ! Une telle métamorphose tient du prodige ! Qui aurait pu penser en découvrant « Sailing the seas of fate » en 2005 que Sig:ar:tyr serait à ce point capable de se réinventer au point d’évoquer et de susciter des panoramas aussi grandioses ? Daemonskald, seul homme aux commandes de son puissant navire et unique pourvoyeur de trames sonores, a su passer d’une musique ambient et minimaliste avec des passages folk/Metal à un vrai Viking Metal enchanteur, d’une bien plus grande envergure, proposant une évasion spectaculaire dans un univers d’une insondable richesse, comme bien peu en seraient capables. Tout simplement éblouissant !

Que ceux qui cherchaient un successeur au Bathory d’ « Hammerheart » ou une alternative à Falkenbach dans la catégorie « Viking Metal qui mise sur les ambiances et le charme du dépaysement plutôt que sur l’agression sonore » se précipitent sur cet opus. Sig:ar:tyr vous offrira généreusement l’absolution, le voyage si ardemment désiré. Comment ne pas tomber en arrêt devant la pureté des lignes de guitare de « Sword From an Unknown Hand » ? Comment ne pas se prosterner devant cette utilisation presque martiale de l’acoustique, maniée avec puissance et originalité comme seuls Agalloch et Primordial savent habituellement le faire ? Et ce mélange d’influences si bien digérées qui permet la véritable naissance d’une nouvelle référence… On croit rêver !

Car ce one-man-band canadien au fascinant patronyme composé de nom de runes s’impose directement en tête du peloton. Misant énormément sur l’acoustique, présente dans chaque morceau, tantôt plus délicate et mélancolique, tantôt efficace et bien rythmée… L’homme maîtrise son art à la perfection. Mais attention, l’électrique sait aussi se faire entendre et fournit quelques riffs et lignes rythmiques tout bonnement suprêmes, immortels. Les soli, quant à eux, sont d'un niveau technique hallucinant, et contiennent des passages véloces dignes des plus grands guitar heroes. Et même si les tempos ne dépassent jamais le mid, l’ennui semble tout simplement proscrit, interdit de séjour sur ces terres de légende.

Les claviers, que ce soit en fond sonore où leur son évoque des chœurs masculins fantomatiques et confère toute leur majesté à ces odes nordiques, ou en leads (comme sur l’introduction épique de « King of the world », m’évoquant le dernier opus d’Ancient Rites) sont employés de manière irréprochable, avec beaucoup de justesse, sans jamais donner dans le kitsch ou la surenchère. Quant au chant ; il reste peu présent, mais le murmure qui parcourait le premier album a ici fait place à un chant clair simple, pas tout à fait juste, mais prenant et émotionnel, alternant avec un chant black âpre et étrange, manquant peut-être un peu de puissance, mais encore une fois, utilisé avec goût et à-propos.

Et les morceaux de s’enchaîner pour notre plus grand plaisir. Chacun contient son charme, son lot d’émotions. Cependant, s’il ne fallait en citer qu’un, je retiendrais l’extraordinaire « Etched In Stone ». Riff black irrésistible, break mystique à couper le souffle, et cette aura si unique… Un bijou de Pagan/Viking Metal. La ballade « Far away », tout en chant clair, saura aussi émouvoir les plus sensibles d’entre vous. Seul morceau plus faible, « The Way », avec une mise en avant du chant un peu maladroite, et des sonorités et soli typés hard/heavy 80’s pas déplaisants en soi, mais un peu en décalage avec la majesté de l’opus.


Bon, d’accord, je m’emporte… Mais croyez-moi, cet album en vaut la peine ! Et quand bien même les variations sont peu nombreuses et confèrent à l’œuvre une dimension peut-être trop monolithique ou monotone, une fois embarqué, impossible de s’échapper, Sig :ar :tyr vous emporte corps et âme, pour un voyage vraiment inoubliable. L’un des albums de l’année pour moi, cela va sans dire. Heading North !!


Gounouman

0 Comments 22 décembre 2008
Whysy

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