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L’odyssée Fractal Gates reprend son chemin vers les confins de l’infini en dévalant la voûte astrale dans un voyage interplanétaire. Rappelez-vous, le vaisseau avait déjà commencé son trajet il y a quatre années lumières, et force est de constaté que le périple était jusqu’alors plaisant, agréable et profondément ancré dans un style extrême tout en laissant de la place aux ornements sidéraux qui ont brillamment abreuvé le flot mélodique délivré par le groupe. Nos Français reprennent la barre et dévoilent un second opus qui renoue là où Altered State Of Consciousness nous avait abandonné (ou presque (1)). En tout cas, tout est mis en oeuvre pour nous refaire monter à bord de l’entreprise avec des promesses tant visuelles qu’auditives. Si on en croit la cover, on nous fait le serment d‘arpenter les nébuleuses et le trailer nous avait mis l’eau à la bouche avec un court extrait de chaque morceau composant cet album et où on pouvait effectivement découvrir des mélodies inondées dans le monde interstellaire.

En effet, on ne peut nier le fait que Beyond The Self récupère les éléments constitutifs de l’opus précédent. À nouveau, l’esquisse dévoilée par la première partie est respectée, ainsi on retrouve avec plaisir une tracklist perforée par la présence des interludes appelée « Vision ». Or, comme je viens de le dire, les différents titres reprennent les accents cosmiques d’Altered State Of Consciousness qui se délivrent furieusement sur les breaks instrumentaux ou les ponts omniprésents, mais pas seulement ! Car même si une fois encore, le bâtiment traverse l’espace et le temps avec cet opus, c’est une palpable frénésie qui nous est servie tout au long de notre exploration.

Après quelques minutes, nous noterons que l’album se démarque invariablement, et afin de ne pas engloutir les efforts et la personnalité du premier échantillon, les musiciens se sont ostensiblement éloignés des compositions. En plus clair, l’estampille Fractal Gates est diluée, de ce fait, on sent une nette volonté de ne pas se répéter et cela passe par une démarcation. Chose nécessaire pour enrichir une structure musicale et ceci permet dans un second temps de pousser cette oeuvre sur les hauteurs du déchaînement. Les morceaux tels que « Reverse Dawn » ou « Dissonance » sont uniquement présents pour abattre des notes à la vitesse supersonique en couplant des percussions dotées de puissance se mesurant à la mégatonne.

Le magma céleste de Fractal Gates fait remonter des coulées de riffs aiguisés comme des couteaux de cuisine tranchant le tissu musical en quartiers exquis. De plus, l’alternance avec les titres plus mélodieux apporte une saveur plus aérée à l’album, ce qui au final aurait pu manquer à cause de son homogénéité évidente. Ainsi les cavalcades de « Timeless » (invitant Sotiris Vayenas de Septicflesh) donnent le tournis tandis que les blast beats de « The Experiment » tabassent au point de nous créer des ecchymoses aux tympans. En évitant un éventuel écueil, le combo parvient sans mal à retenir une tension constante. Or, n’oublions jamais que l’intensité qui anime cet album frôle l'impétuosité et qu’il faudra peu de temps au groupe pour gravir les hauteurs de l’effervescence afin de nous électriser grâce aux soli notamment.

Au niveau du chant, un large panel sera couvert depuis des semi-murmures sporadiques (« On Your Own ») jusqu’aux apparitions de Dan Swano (chant clair) sur « Everblaze » et « Mighty Wings ». Cependant, le death mélodique indexe principalement la technique vocale sur un bon death grunt virulent et quasi systématique. Grâce au chant, le sentiment de surexcitation s’intensifie et se développe au fil de l'écoute. Cette caractéristique permet d'établir une véritable masse captivante d’ingéniosité, redoublée par une grandiloquence infiltrant la composition. Ainsi les refrains s'égrainent avec fluidité alors que les leads guitares se diffusent dans une limpidité exemplaire. Les morceaux sauront être suffisamment lourds pour nous dispenser de mélodies punchy sans pour autant sombrer dans une violence aveuglée et le tour de force est réalisé par les afflux à la guitare.

Beyond The Self est comparable à un bloc musical très dense, ventilé par les riffs spatiaux. Les chansons sont montées avec puissance tout en conservant un doigté apposé ponctuellement afin d’embrasser une envergure musicale plus éclatante tout en rehaussant le niveau de la structure mélodique (« We Are All leaders »). Si on devait s’attarder sur les pépites renfermées par cet opus, on citerait « Everblaze », « Timeless » et « Beyond The Self ». Ce sont pour moi les véritables piliers sur lesquels reposent les fondements d’une armature solide et parfaitement orchestrée. On pourra tout de même accuser une certaine uniformité suffocante de s’installer avec « The Experiment », titre pour lequel j’attendais bien plus de par sa dénomination. Même si les musiciens se hasardent à quelques essais, le morceau finit par tourner légèrement en rond...



La reprise de « Mighty Wings » de Cheap Trick a le mérite d’incrémenter un afflux un peu plus rock dans les veines de la musique des Français. On reste toutefois dans l'atmosphère avec ce titre tiré de la BO de Top Gun. Je dois avouer que j’ai été dans un premier temps, décu avec le recul pris dans la lancée des sonorités intersidérales d’Altered State Of Consciousness, mais je me suis vite rendu compte qu’il ne fallait pas bouder le plaisir, car la très bonne surprise est de découvrir que le groupe a su s’extirper d’un couloir qui allait certainement devenir sombre. Les Français ont réussi à dépeindre un album maitrisé et faire éclater au grand jour une composition équilibrée et indéformable.


The End?...



(1) En effet, pour les plus observateurs, vous aurez constaté qu’Altered State Of Consciousness se termine sur « Vision V » et Beyond The Self démarre avec « Vision VII ». « Vision VI » fait partie des unreleased tracks d’Altered State Of Consciousness et il est très probable que les musiciens sortent les quatre titres en téléchargement. Avis aux amateurs...

0 Comments 17 février 2013
Whysy

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