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Il est très agréable de constater que les meilleures sorties récentes proviennent de notre mère patrie. Le métal est peut-être en déclin, critiqué et bafoué par les masses, mais il n'est pas près de s'éteindre. La France a acquis depuis peu un statut intéressant au sein du métal européen avec, entre autres, Anorexia Nervosa et Gojira, deux entités musicales respectées par delà nos frontières et encensées par toutes les critiques. De plus en plus de jeunes groupes prometteurs, comme The Old Dead Tree ou Dagoba, commencent à s'exporter tant bien que mal. Comme quoi, quand la France se met sérieusement au métal, ça dépote sévère.

Mylidian en est la nouvelle preuve. Ce jeune groupe s'est lancé dans un projet fou. En effet, nous avons ici affaire à un opéra métal d'un nouveau genre, un défi musical nommé "Rise Of The Cursed Son", une ambitieuse histoire comptant les déboires d'Antoine, sa malédiction, sa déchéance. Un scénario aux teintes baroques dans un univers plus que moderne, le tout découpé en trois chapitres dont le premier, "Birth Of The Prophet", est disponible depuis quelques jours dans le commerce. Le groupe s'est donc forgé un univers particulier entre héroic fantaisie et cyber gothique, un métal à la fois mélodique, incisif et très bien interprété.

Mylidian propose une alternative originale aux opéras métal dits classiques, car à cette base heavy/speed mélodique se greffent de nombreuses influences plus extrêmes (notamment death, et black symphonique) pour un mélange détonnant et d'une fraîcheur bienvenue. Le groupe parvient, à l'aide d'orchestrations et de choeurs majestueux, à créer toute une pléiade d'ambiances différentes, savoureuses et toutes très réussies.
Le songwriting se révèle absolument fabuleux. Armendar et Mortek (principaux compositeurs) ont réalisé un travail d'orfèvre en accordant les orchestrations à des structures suffisamment alambiquées, le tout au service de chansons à fort potentiel. Il faut avouer qu'outre quelques transitions hésitantes, c'est du bonheur sur toute la ligne. Les changements de rythmes sont nombreux et mettent en valeur de prenantes montées en puissance, des passages plus slowy emplis de nostalgie, voire des parties uniquement symphoniques, vierges de tout métal. Des chansons pourvues de refrains souvent assez énormes et forts bien pensés.
Une qualité générale que l'on doit aux musiciens, tous possèdent une excellente maîtrise instrumentale, un guitariste qui aligne les solos fluides et les mélodies à la pelle, un jeune mais très bon batteur qui assure des rythmiques diverses et puissantes, et surtout, un impressionnant panel vocal.

Ce scénario complexe comporte de nombreux personnages, chacun est caractérisé par un timbre de voix différent, nous assistons alors à un festival de bonnes idées. Les personnages humains possèdent des voix claires, Lilith et ses Succubes offrent les charmes de voix féminines diverses, tandis que les démons, les pensées malsaines et autres monstres vocifèrent en voix tantôt extrêmes, tantôt trafiquées numériquement. C'est Armendar qui s'occupe d'un bon paquet de voix, bien qu'il soit épaulé par bon nombre de guests. On note ainsi des voix claires de différentes qualités aussi bien masculines (ténors etc...) que féminines (lyriques, solistes...) autour de duos menés tambour battant. La manière de chanter met aussi en valeur les personnages, on assiste donc à des lignes vocales originales, tantôt surprenantes (Crystal Angel) voire plus modernes (Pleasure Of Pain). Le chant est à dominante anglaise, mais certaines parties demeurent en chant français, cela est une très bonne initiative. De plus, la production est toute à fait correcte, le son est bon et ne manque pas de puissance.

Un album qui semble scindé en deux parties complémentaires. La première regroupe les 4 premières pistes. Il s'agit d'un recueil de chansons très heavy articulées autour de duos en voix claires avec des refrains envahis de choeur (très prenants). Il s'agit de la première confrontation avec la musique du combo, et les paroles présentent en quelque sorte les personnages principaux. Le court instrumental "Litany" annonce la seconde partie de l'album.
Une partie plus violente dans laquelle les influences extrêmes se dévoilent davantage. Les orchestrations restent nombreuses, mais peignent des ambiances plus sombres à l'aide de choeurs mélancoliques (Monastery Slaughter). Les voix deviennent gutturales, les rythmiques se font plus martelées, et les paroles se montrent plus violentes. Un ensemble toujours très mélodique, une parfaite symbiose entre heavy et extrême, d'ailleurs la dernière piste est un véritable bijou de composition. Une chanson longue de 10 minutes qui alterne les ambiances avec brio, elle est incontournable.

Ce premier album de Mylidian dépoussière l'opéra métal et met une bonne grosse claque made in France au popotin. Malgré les influences extrêmes, l'album reste accessible à tous les auditeurs qui apprécient la musique composée avec le coeur et les tripes. C'est un album tout à fait remarquable, 8 compositions solides et inspirées... Il y a toujours une grande place allouée aux orchestrations, sans que celles-ci n'empiètent sur l'aspect métal. Elles oeuvrent aux ambiances, et ne se montrent jamais grandiloquentes ou agaçantes. C'est vraiment du bon boulot, dommage que le disque soit si court (seulement 41 minutes). J'attends la suite avec impatience ! A acheter de toute urgence !

...TeRyX...

0 Comments 21 avril 2006
Whysy

Whysy

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