Yarrrr, you're listening to the new Alestorm album, Black Sails At Midnight !

Ahhh, Alestorm, joke-band pour certains, avènement d'un genre nouveau pour d'autres, le groupe à l'étiquette "Pirate Metal" aura fait couler beaucoup d'encre (ou d'ancre...) pour son premier opus "Captain Morgan's Revenge" qui s'apparentait à du heavy-folk à la Turisas, en moins extrême toutefois.
Ce premier album était en définitive sympathique, enjoué et pas vraiment prise de tête, mais pâtissait de certains morceaux un peu bouche-trous, ce qui était un argument de plus pour les membres de la marine royale, bien résolus à faire taire ces maudits pirates.

A l'époque, avec Dezperadoz et son "Western Metal" parfaitement mis en scène dans "The Legend & The Truth", ces pirates semblaient inoffensifs, mais, alors qu'ils auraient pu enfoncer le clou genre "C'est nous qu'on est les plus forts", les Cowboys allemands ont fourni un album manquant de mordant, et du coup, ce sont ces "bloody" pirates qui s'apprêtent à nous envahir. Et on peut dire qu'ils ont bien préparé leur assaut: un éclaireur quelques mois avant au nom de "Leviathan" pour s'assurer de l'état de nos défenses, et voilà qu'ils reviennent à la charge pour cette fois-ci ne plus laisser un seul survivant !

Alors bon, si une chronique pouvait se résumer en une phrase, ce serait à coup sûr: "Pareil que le premier album, mais en plus puissant".

En effet, ne vous attendez pas à de la nouveauté: si vous n'aviez pas été réceptifs à la revanche du Capitaine Morgan, il y a peu de chance pour que ces voiles noires vous affolent les hormones. Par contre, si vous faites partie de ceux qui trouvaient ce premier opus à leur goût, alors vous ne pourrez qu'être ravis à l'écoute de celui-ci, tant il se présente parfait dans son rôle de frère jumeau plus doué. Aux requins les ballades ennuyeuses ! Une seule mieux travaillée suffira ! Boostons nos chansons au rhum, et pas de quartier !

Dans cet album, vous l'aurez compris, nous sommes en terrain conquis, mais traîne une agréable sensation de "mieux", de "plus". Alestorm a réussi à donner de la substance à son "Pirate Metal" et l'efficacité s'en retrouve démultipliée. Il suffit d'écouter "The Quest" ou "Black Sails At Midnight" pour réaliser que nous avons affaire à du travail de meilleure qualité, bien que très familier. La musique pratiquée par le groupe est devenue plus carrée, plus efficace, et si la voix du chanteur n'est pas exceptionnelle, elle est néanmoins en progression et on peut s'imaginer que lors du prochain album elle sera irrésistible. On retrouve aussi dans cet album une chanson plus ambitieuse que les autres: le premier album avait "Captain Morgan's Revenge", celui-ci a "Leviathan", rescapée de l'EP du même nom. Mais, encore une fois, un sentiment de puissance se dégage de cette dernière et confirme l'idée qu' Alestorm assume et distille mieux sa singularité.

D'ailleurs, quelqu'un a dit un jour, à l'écoute de cet album "C'est la musique qu'il devrait y avoir lors des batailles de Pirates Des Caraïbes." Et bien, écoutez donc "Keelhauled", titre le plus tubesque de l'album, au refrain imparable, tellement entrainant qu'il en justifierait presque à lui seul cette fameuse étiquette "Pirate Metal". Après tout, si des pirates s'étaient mis au metal, ça aurait donné
"Kellhauled" à coup sûr. Dans le même registre, Alestorm nous offre "No Quarter", instrumental qui semblerait avoir été ressorti de l'épave de Battleheart, premier navire de ces garnements. Et ce "No Quarter" résume lui aussi très bien l'idée de la piraterie, de bandes de soûlards en train de danser un choppe de rhum à la main. Il se fend même d'un intermède tout droit sorti de Pirates Des Caraïbes, que nous accueillons à bras ouverts, stupides et faibles que nous sommes.

Malgré tout, cet album n'est pas le frère jumeau du premier pour rien: on y retrouve des morceaux dont le seul rôle semble être boucher la coque qui prenait l'eau. Certes, "Pirate Song" et "Chronicles of Vengeance" ne sont pas mauvais, mais on pourrait les qualifier de "juste pas mal", ce qui est dommage au vu du niveau du reste de l'album. Frustration d'autant plus grande quand le dernier morceau est "Wolves of the Sea", qui, s'il reste un grand moment de déconnade, était déjà connu de nos contrées de part sa présence sur l'EP "Leviathan". Ceci dit, la reprise de "Pirates of the Sea", groupe qui, rappelons-le, a représenté la Lettonie à l'eurovision avec cette même chanson, s'avère très réussie et se permet même de changer le break central pour le rendre plus... aquatique dirons-nous...

En définitive, pas de surprise à l'horizon, l'efficacité est au rendez-vous, mais il manque un petit quelque chose pour accéder au statut de génial. Gageons que ce sera pour le prochain !

And remember, "Piracy Is A Crime !"