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Première collaboration entre Aviv Geffen et Steven Wilson, Blackfield s’annonçait comme une nouvelle offrande de Wilson à la musique. Un nouveau projet pour le chanteur et guitariste dans lequel la musique prendrait encore une nouvelle expression. Mais le fil rouge reste sans doute la noirceur mélancolique qui émane de ses compositions avec Porcupine Tree, Bass Communion ou IEM.

Blackfield peut être renvoyé à un certain Radiohead, car tous deux partagent ce goût pour un pop rock mélancolique. Blackfield c’est en quelque sorte une poésie sur la vie drapée de noir.
Quelques lignes vocales, chantées d’une voix parfois cassée dans des ambiances très intimistes, nous interpellent de manière troublante. Les artistes jouent de liens sonores mettant en place des correspondances visuelles et émotionnelles. Glow rappelant, par son introduction, les portiques destinés à bercer et endormir les bébés. On se sent alors comme transporté, couché dans son lit fixant inexorablement un point du plafond. Cette musique apaisant une âme tourmentée par des souvenirs douloureux. Surcharge mentale et regard vide se font l’image et une des interprétations à la musique de Blackfield.
Le groupe présente une musique résolument tournée vers une esthétique de l’épure opposable au poids des sentiments contenus dans les paroles. Esthétique de l’épure se faisant par l’évocation d’une pureté froide et profonde fondée sur les notes d’un piano solitaire, de discrets violons ou encore des relents électroniques. Pureté se voulant sans doute l’écho d’un être seul face à son vécu qu’il se doit d’ordonner, d’accepter pour pouvoir continuer de vivre. Le chant devient alors l’expression de ces blessures et de leur exorcisme.
Ces choix placent naturellement la guitare acoustique en position dominante par rapport à l’électrique ; mais elle ne manquera pas quelques fécondes apparitions renouvelant une intensité déjà existante par une violence faisant écho aux frustrations mentales. On utilise également beaucoup de reverb pour faire retentir quelques notes glaciales en fond. Ces dernières placées dans leur contexte semblent se personnifier en gémissements poétiques.

Blackfield semble porter dans sa musique l’impossible quête du compositeur. Celle de parvenir à trouver les mots ou les notes justes pour retranscrire ses sentiments. Le vocabulaire musical ou verbal semble alors insuffisant et générateur de nouvelles frustrations, mais d’un point de vu extérieur le résultat semble souvent magnifique. Le choix semble ici de donner à la musique une structure et un vocabulaire simple pour des sujets mentaux qui auraient pu solliciter, par leur nature complexe, une musique plus torturée rythmiquement.

Les compositions ne sont cependant pas égales en qualité, Cloudy Now, Hello, Pain, Lullaby, Glow et Blackfield devanceront le reste.

Le premier album de Blackfield bien que pas totalement parfait reste un must-have pour tout fan de rock mélancolique qui se respecte. Ceux qui parviendront à s’identifier un minimum aux textes y verseront une ou plusieurs larmes.

Dreamer

0 Comments 31 mai 2007
Whysy

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