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Exceptionnellement, cette chronique sera divisée en deux parties, car étant donné que je n’ai pas l’intention de chroniquer les précédents albums du groupe, je raconte un peu son histoire en prologue. Que ceux qui savent déjà tout ou s’en fichent, ou encore ne veulent que mon avis sur l’album passent directement à la seconde partie.


   *******     Prologue     ********


Me voilà prêt à m’attaquer à un monument.
A une base.
A un mythe, une légende à présent immortelle, puisque Quorthon, leader du groupe depuis sa création est récemment décédé, succombant à une soudaine attaque cardiaque, seul dans son appartement à Stockholm, à peine âgé de 39 ans. Comme tous les héros des contes et ces énigmatiques personnages qui attraient et flattent l’imaginaire, on n’aura jamais su grand-chose de cet homme, qui, modestement, et presque dans l’anonymat, posa pourtant plusieurs bases plus que majeures dans l’Histoire (et avec un grand H s’il vous plaît !) du Metal.

Inutile de narrer ici l’heureux temps de l’innocence du groupe, à l’époque où, à peine âgés de 20 ans, ils posaient dans des pentacles le visage ensanglanté. Me dois-je de préciser aux lecteurs érudits que vous êtes, que Bathory est l’un des majeurs précurseurs de ce style aujourd’hui reconnu qu’est le Black Metal ? Voulez-vous que je vous remémore un peu la belle époque, où le power trio, mystérieux, émergeait avec des albums parmi les plus sombres et terrifiants de leur génération ? Mais non, c’est inutile.

Inutile de revenir sur un passé trouble, où la recherche de la saturation sonore et de la brutalité étaient les seules quêtes de cet infernal trio. Non, inutile de s’étendre sur la période black Metal de Bathory, qui a déjà été traitée maintes et maintes fois, et qui serait déplacée sur un site avant tout dédié aux amateurs de heavy, qui savent savourer l’aspect mélodique de notre chère musique. Bon, toujours est-il qu’en tant qu’inconditionnel de viking Metal, il fallait bien qu’un jour où l’autre, je me décide à accoster là où tout a commencé, à remonter le fleuve du temps jusqu’à rejoindre le majestueux rivage d’où Bathory lança, plein de fougue et d’enthousiasme, son premier drakkar il y a de cela bien longtemps…


Bathory, c’est un power trio suédois, qui s’est toujours refusé à donner le moindre concert (oui, c’est sûr que s’il ne joue pas sur un drakkar avec les éléments déchaînés et des milliers de fans hystériques de partout, et ben, ça ne va pas), car Quorthon (alias Thomas Forsberg) tenait à conserver la face magique et l’aspect mystérieux de sa musique, et craignait que toute la dimension épique de son propos ne ressorte que faiblement en live (beaucoup de groupes du genre partagent encore cette vision, comme Falkenbach par exemple). C’est un groupe qui aura bénéficié d’une aura incroyable depuis ses débuts black sataniques (même si ce n’était en réalité que de la provoc’, beaucoup y ont cru et continuent d’y croire…) jusqu’à la période viking que je m’apprête à vous conter. Et même si les quelques erreurs jalonnant sa longue discographie auront légèrement éméché son image de perfection, le groupe a été, reste, et restera culte pour des milliers de fans à travers le monde.

Après cette introduction en forme de long prologue que personne n’aura lu jusqu’au bout (ben ouais, vous voyez, j’en suis conscient, mais fallait bien planter le décor, non ?), je peux à présent vous chroniquer cet album, qui aura vu ce petit génie de Quorthon se détacher du black pour créer un nouveau style, aujourd’hui incontournable : le Viking Metal.



   ******       Chronique      ******


A ses débuts, Bathory (du nom de la comtesse du même nom, qui au XVIIème siècle sacrifiait de jeunes vierges et se baignait dans leur sang espérant ainsi atteindre l’immortalité), était vraiment un groupe amateur. L’imagerie très provocatrice et les ambiances, très réussies d’ailleurs, étaient bel et bien là pour marquer l’absence totale de technique du groupe (jouer vite masque les fausses notes… Je ne plaisante pas, telle était vraiment la stratégie du premier album, éponyme !) et la recherche de style qui se faisait alors.

Avec les années, la maturité aidant, le groupe a commencé à prendre conscience de son potentiel. Enfin, quand je dis le groupe…Quorthon pour Bathory, c’est un peu ce qu’est Lemmy Kilminster à Motörhead, vous voyez le genre ? Bon, ça va alors, je poursuis… Donc oui, bouleversé par une découverte approfondie de l’Histoire de son pays, Forsberg décidera de dédier une trilogie à la conquête de la Scandinavie par les chrétiens au XIème siècle. Ces furieux récits de batailles donnent lieu à des textes soignés, tout aussi soigneusement mis en musique, Bathory accouchant d’un mélange hybride entre thrash (très majoritaire sur cet opus, bien moins sur les suivants), heavy et punk (surtout) rehaussé d’une pointe de douceur et de folklore (sur les deux seuls morceaux typés viking de l’opus, à savoir l’épique « Blood fire death », qui apparaît un peu comme une ébauche de l’album suivant, et, dans une moindre mesure, l’efficace « A fine day to die »).

Et cet opus a beau être le moins réussi de cette mythique trilogie qui donnera ses lettres de noblesse au groupe (le moins réussi, ouais…mais aussi, quelle idée de l’avoir fait avant « Hammerheart », ah la là…) , il pose déjà les bases d’un style, et rien que pour ça, il a droit à sa part de mythe ! « Blood fire death », à ce niveau-là, avec son chant légèrement plus… chanté que dans les autres morceaux, sa transition de guitare acoustique, et ses chœurs synthétiques et immatures, initient vraiment le style viking et sa si belle ambiance…

L’album s’ouvre sur quelques bruitages, galop d’un cheval, mélodie douce et typée folk de guitare acoustique. Puis vient, sans crier gare, un très bon morceau, « A fine day to die », à l’évidence l’un des meilleurs de l’opus, avec ses chœurs grandiloquents et ses ambiances soignées ! Dommage que la suite ne soit pas du même acabit…

Et l’on se rend compte dès lors que si problèmes il y a, ils viennent de la voix et de la production. Le timbre de Quorthon sonne très rêche, pas vraiment mélodique (comme sur la très « brut » « The Golden Walls of Heaven »), et la production fait sonner l’ensemble très cru. Sinon, on nage ici entre thrash (bien…ben thrash quoi, franchement rien que les solos sont typiques, mais ça marche pas mal), heavy (quelques ambiance, ouais…), et punk (ah, ce côté crade, ces riffs typiques ! Oui, à plusieurs reprises, vous les identifierez vous-mêmes…). Rien de très viking pour l’instant (à l’exception des deux morceaux cités plus haut), donc.

Bon après, le pur thrash crade et bourrin comme sur «Pace til death » ou « Holocaust », bon, ça va une fois de temps et temps, mais c’est vraiment pas le style que j’aime, et puis y a mille fois mieux dans le genre, donc…A petite dose, hein… Sinon, c’est vraiment prise de tête, et je ne parle même pas des cris un peu braillés (« For all those who died »)…

Pour conclure, je dirais donc que cet album est un premier essai sympathique dans un nouveau style, mais encore bien insuffisant. Et je précise encore une fois pour ceux qui jugeraient la note trop sévère, qu’il est assez difficile pour moi de me remettre dans le contexte de l’époque, alors que l’on est habitué à des trucs bien plus mélodiques et pourléchés pour toutes les productions actuelles, même en matière d’extrême ! Mais non, sincèrement, cet album n’est pas à l’image de sa magnifique pochette, ni de son cultissime successeur, lui vraiment excellent. Mais bon, du black au vrai viking, il fallait bien une étape non ? Crade, crue, directe, aillant plutôt mal vieilli, d’accord… Mais cette étape, la voici. Et elle reste incontournable pour ceux qui souhaiteraient découvrir le groupe. Après, faut aimer le vieux thrash quoi…



Gounouman

0 Comments 31 mars 2007
Whysy

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