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Nous y voilà. Nos sympathiques Irlandais sont de retour et rassurez-vous, ils n’ont pas perdu de leur mordant. Car ça va méchamment chier des bulles, si vous me permettez l’expression. Cet album ne devrait pas non plus vous laisser un arrière-goût de caca dans la bouche, si vous me permettez encore cette expression très fleurie que j’ose ici emprunter à l’un de mes confrères chroniqueurs. Mais encore faut-il vous prévenir sur la direction empruntée par nos fiers Irlandais en kilt par le biais de leur nouvel album car elle ne sera sans doute pas du goût de tout le monde.  C’est tout d’abord un retour aux sources. Avec « Blood on the Black Robe », le groupe tente une nouvelle approche. Ou plutôt devrais-je dire, de renouer avec leurs racines, ces dernières étant largement ancrées dans le courant black metal. Oui, car Cruachan, ce n’est pas uniquement un groupe de metal celtique comme on peut en trouver pléthore dans le style, c’est aussi une attache certaine avec le milieu extrême, et ce dès 1995, date de sortie de leur premier album, « Tuatha Na Gael ». Mais que les septiques se rassurent ! Là où le premier effort des Irlandais butait sur une production un peu trop abrupte ainsi que sur des compositions certes originales mais encore maladroites, « Blood on the Black Robe » parvient habilement à se détacher de ses écarts de jeunesse et à nous offrir des titres inspirés et diablement attachants, le tout supporté par une production très carrée (un fait à souligner, au vu des précédents ratés du groupe dans ce domaine).  N’en doutons pas, il y aura forcément des déçus qui reprocheront à l’album de sentir un peu trop la testostérone. Là où d’autres albums laissaient la part belle au chant féminin brillamment interprété par Karen Gilligan, cette dernière décidait en 2009 de raccrocher. Pourtant, la voilà qui déboule en tant qu’invitée sur trois titres de l’album. Le timbre de voix est le même, on reconnaît bien là sa patte et il est agréable de s’y replonger, comme sur An Bean Sidhe où l’on se laisse très vite emporter par les lignes du chant accompagné d’un violon à la mélodie lancinante... cependant très vite rejoints par Keith Fay et son chant black hargneux rappelant peut-être les hurlements de la banshee (!) puisque c’est de cet être tout droit issu du folklore irlandais dont traite la musique. Le titre éponyme vaut également son pesant de cacahuète, les riffs à la guitare étant particulièrement massifs tandis que la guitare acoustique et le chant clair de Karen adoucissent un peu les mœurs en tranchant net avec les cris black du leader.  Et si les instruments folkloriques occupent comme à leur habitude une place de choix, l’album repose sans conteste sur les épaules de Keith Fay. En effet, si l’on peut regretter qu’il ait abandonné son chant clair au profit du chant black, ce dernier est quant à lui particulièrement mis à l’honneur. C’est simple, il apparaît sur tous les morceaux, excepté sur Brian Boru’s March, titre uniquement instrumental reconnu pour faire partie d’un des plus vieux airs du répertoire traditionnel irlandais, joué la première fois sur « Tuatha Na Gael » et retravaillé sur le dernier. C’est donc un chant black des plus virulents (et des plus intelligibles aussi) qui accompagnera l’auditeur tout du long de l’album, sans nul doute le plus extrême à ce jour. Et c’est avec un plaisir certain que les hymnes guerriers iront se greffer dans votre lobe temporal comme sur la très réussie I Am Warrior et son refrain facile à mémoriser (I am Warrior, ready to fight, I am Warrior, ready to die !).  Et pour en revenir aux instruments folkloriques, il n’y a pas grand-chose à redire : les mélodies sont inspirées et les sonorités des instruments se greffent habilement à l’ensemble. Le violon par exemple se mêle bien aux parties agressives comme sur Primeval Odium où la violence exacerbée du morceau nous éclabousse au visage, à un tempo rapide, et parsemé de blast beat. La cornemuse et le bodhrán (instrument de percussion) se font quant à eux plus discrets.  Au final, que dire de cet album sinon qu’il est excellent ? Par son côté direct et épique, violent et mélodique, la symbiose opère, et ce tout du long de l’album. On est bien loin du « Morrigan’s Call » si perfectible. De l’eau a coulé sous les ponts. Pas moins de cinq années ont été nécessaires à Cruachan pour opérer un nouveau tournant : le très sombre « Black on the Blood Robe » redore le blason d’un groupe qui n’hésite plus à prendre des risques. Le résultat est net, sans bavure. Et ça va faire mal !  8,5/10.

0 Comments 05 avril 2011
Whysy

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