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La dernière fois que nous avions rencontré nos Français, on peut librement affirmer qu’il nous avaient laissé dans tous nos états. Minushuman avait su déployer une fresque musicale de haut vol, « Watch The World Dies » sorti en 2008 était un pur concentré de violence mesuré et agrémenté d’émotions qui prenaient source dans un sujet environnemental. Et je dois dire que pour le coup, la formation bergeracoise avait vraiment mis la barre haute. Le combo était arrivé à se créer une propre matrice identitaire avec une empreinte artistique bien particulière, or avec cet opus débarquant trois années plus tard, on se questionne quelques secondes avant de démarrer le CD... Le groupe saura-t-il encore surprendre ? Et si l’essai précédent n’était qu’un coup de chance, vous savez la chance du débutant, celle qui fait qu’on surpasse temporairement ses maîtres, et que maintenant on se rend compte avec atrocité de la supercherie, Minushuman serait donc incapable de délivrer autant de frissons alors comment réagir ? Je reconnais avoir hésité de peur de découvrir ce qu’il se cachait derrière « Bloodthrone ».

Mais n’est pas Minushuman qui veut ! En effet, les musiciens se montrent une fois encore dans une forme olympique. Le genre des Français reste bien ancré à la croisée d’un thrash cinglant et d’un death mélodique noble. Le tissu musical est cousu sur une étoffe dark métal peu rassurant et limite dépressif comme c’est le cas pour le titre éponyme. En effet, « Bloodthrone » est un titre qui réuni à merveille les éléments précités, et qui dès la première note appuient le style incomparable et jamais copié de nos Dordognais. De plus, le coté mélodique se montre plus travaillé avec des guitares qui virevoltent dans les émotions ou grâce à des breaks intenables qui font irrémédiablement taper du pied (« Kill Me »). Toutes les chansons contiennent un petit charme et une particularité qui soulignent adroitement l’ingéniosité et le doigté de nos instrumentistes.

Minushuman sera grand. Avec un deuxième album de cette trempe, on ne peut en aucun cas avoir des doutes. Leur musique a un sens ce qui est rare de nos jours. Les structures mélodiques parfois complexes n’oublient jamais de se montrer efficaces. Avec « The Architect » ou « Bloodthrone », la rythmique fortement appuyée et la lourdeur des chants mettent en exergue la délicatesse de certains leads à la guitare qui ne manquent pas de bourdonner en fin de parcours. Le combo joue une fois encore sur les contrastes pour redimensionner la puissance des flots musicaux. Avec « The Size Of An Ocean », la célérité de la batterie va à l’encontre des chants maintenus et interpellants. De ce fait, le potentiel musical gagne en souveraineté et la pesanteur des mélodies écrase l’auditeur.

En fait, cette astuce est utilisée de manière récurrente. Il arrive souvent que la batterie relance la machine et souvent le chant crié propulse le morceau avec force (« The Day We Died »). Cédric Moïse sait faire le lien entre les émotions et cimente le martèlement des percussions au lyrisme des guitares grâce à une justesse et une infrangible adresse comme c’est le cas sur « Three Mile Island ». Son timbre se fond à merveille dans la densité des harmonies de telle manière qu’il se constitue en tant que véritable pilier sans lequel les fondations musicales semblent devenir fragile. Sur l’instrumentale clôturant « Bloodthrone », on ressent d’autant plus ce manque, heureusement la versatilité et la beauté du morceau se suffisent afin d’amplement satisfaire l’auditeur.

En définitive, Minushuman démontre sa valeur et sa supériorité musicale avec cet opus tout en puissance et en variation. Toutefois, si il n’y avait pas eu d’intelligence et de savants dosages, l’album serait à l’image de ce qui noie actuellement le marché du métal... Or ce n’est pas le cas, la musique majestueuse et impériale de Minushuman abreuve nos oreilles sans fatiguer mais bien au contraire on s’en délecte avec beaucoup de plaisir. Ainsi, on se sent fier d’être Français et c’est avec beaucoup de plaisir que je vous invite à écouter « Bloodthrone » au plus vite. Vous vous rendrez compte de la réussite et l’inventivité dont on peut encore faire preuve sous le drapeau tricolore.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 15 août 2011
Whysy

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