Varg est une jeune formation allemande formée en 2005 mais qui possède déjà une démo, un split avec Minas Morgul, un album et un DVD(!!) à son actif. Récemment signé chez Nuclear Blast comme 99% des formations européennes à l'heure actuelle, le combo espère faire son trou dans le foisonnant univers du Pagan Metal. L'imaginaire du groupe qui tourne autour du loup ('Varg' signifie loup en Norvégien et en Suédois) mais aussi de la guerre comme le sous-entendent les titres des chansons ("Vieil Ennemi", "Beaucoup D'Ennemis Beaucoup D'Honneur", "La Victoire ou la Décadence" si vous n'êtes pas familier avec la langue de Goethe) est loin d'être original mais l'essentiel est ailleurs!

La rapide intro passée, où l'on entend un grognement de loup, on rentre de plein fouet dans ce Blutaar. Et d'entrée les allemands ne laissent que peu de place au doute, on est au devant d'un album de Pagan Metal pur et dur! Rythmes enflammés, riffs aiguisés et chantants, batteur qui martèle ses futs et chanteur au diapason! Là où Ex Deo me laissait de marbre à cause de compositions bancales, on assiste à un véritable déferlement d'énergie comme le genre l'affectionne tout en gardant leur identité. On sent de ci de là l'influence de Månegarm  ou Catamenia mais Varg arrive à faire oublier ses glorieux aînés pour créer son propre Pagan Metal.

Mais là où Varg fait fort c'est en plus de distiller hymne Pagan sur hymne Pagan les allemands arrivent à insérer ici et là des passages plus lents que ce soit à l'intérieur même d'une chanson ("Viel Feind Viel Ehr") ou en introduction ("Seele"). Les passages acoustiques (l'interlude "Nebelleben") succèdent à des mesures presque Black Metal ("Blutaar", "Seele") et cela avec la plus grande maîtrise. C'est d'ailleurs là la plus grande force de ce Blutaar : la facilité et la justesse des compositions! Bien sûr, toutes ne sont pas parfaites mais arriver à cette qualité et à cette adresse dès le deuxième album est une prouesse rare! Toutes les chansons regorgent de moments de bravoure et jamais l'ennui ne s'installe lors de l'écoute. Varg réussit à trouver l'équilibre parfait entre violence et mélodie, puissance et efficacité.

Les membres du groupe font preuve d'une telle cohésion, malgré le changement de line-up en 2008, que le CD apparaît comme un bloc uni et massif avec les qualités et les défauts qui incombent à ce genre d'opus. On peut noter aussi la performance de haute volée de la part des Allemands aussi bien musicalement que vocalement parlant. Le chanteur, Draugr de son petit nom, arrive à varier suffisamment son timbre pour insuffler une énergie supplémentaire aux chansons. Les musiciens sont eux aussi en place et la batterie et la guitare lead se taillent la part du lion. La première en martelant une rythmique impeccable et la deuxième en servant soli et leads tous plus entrainants les uns que les autres.

Alors que peut-on reprocher à Blutaar? Et bien finalement cet album souffre de que certains appellent une Nuclear Blastide Aigue: un manque de supplément d'âme à la production. Même si elle est moins lisse que celle du Sagas d'Equilibrium, elle aurait pu mettre un peu plus en avant les blast beats que nous sert Fenrier le batteur ou la basse de Managarm. On peut aussi regretter une fin d'album un peu en deçà du début ("Alter Feind") même si le tout reste d'une excellente facture.

Mais n'ayez crainte Blutaar est déjà bien parti pour être en tête des classements de CD... 2010. Compositions aux petits oignons, chansons taillées pour le live et maitrise technique Varg nous livre une sortie majeure dans le genre. Epic As Fuck!

Balin