Vous recherchez quelque chose ?

Site archéologique de Dowth, vallée de Boyne, Irlande, 2059. Un groupe d’archéologues découvrent dans un ancien tombeau un livre protégé par un Cúhmdagh, un lourd écrin à livre. Malgré une vieille croyance populaire que l’ouverture d’un tel livre causerait mort et désastre dans le monde, un étudiant succombe à la tentation et entrouvre le Cúhmdagh. L’ancien livre se détériore et fur et à mesure que l’étudiant le lit, fasciné, jusqu’à ce que ce dernier commence à avoir des visions, comme s’il était plongé dans un ancien rêve…

Il y a de ces groupes qui restent fidèles à leurs influences et à leur style années après années, même si leur musique n’atteint pas la reconnaissance internationale dont bénéficient certaines formations du même genre. SuidAkra, bon exemple, en est cette année à son dixième disque studio, Book of Dowth. Cela fait seize ans que le groupe pratique son Death mélodique tout à lui, teinté sans exagération d’influences provenant du folklore celtique, raison pour laquelle on évitera de lui accoler l’étiquette de Métal viking. Et pourtant, et contrairement à tous ces Ensiferum, Finntroll et consorts, il faut bien se rendre à l’évidence que la popularité du groupe n’est pas proportionnelle au nombre d’années passées sur la route. Le groupe possède néanmoins son style bien à lui, soit un Métal extrême fortement axé sur un duo de guitares toujours très mélodiques dans un style définitivement différent de celui de la scène suédoise. Les Allemands avaient d’ailleurs fait bonne figure avec la parution en 2009 de Crógacht, suivant un Caledonia plus moyen.

Dans un passé lointain, la terre d’Erin était occupée par une horde hideuse de créatures démoniaques appelée Fomor. Lorsque les colons Némédien arrivèrent en Erin pour s’y établir, les Fomoréens dirent avoir occupé cette terre depuis le début des temps et refusèrent évidemment de la partager. Tentant de les déloger, les Némédiens périrent presque tous, et durent fuir. Un seul d’entre eux, un druide, décida de rester derrière. À l’aide d’un esprit damné nommé biróg, il écrivit un livre de noirs sortilèges contenant tous les noms du peuple de Fomor. Ainsi, il parvint à emprisonner leurs esprits damnés dans l’autre monde, derrière la neuvième vague, où ils furent distraits par une existence éternelle de jeunesse et de plaisirs. Biróg enterra le livre dans un tombeau à Dowth…

Malgré une identité Death certes violente, mais aussi très mélodique grâce à ses deux guitaristes d’expérience, SuidAkra affiche les influences celtiques mentionnées précédemment avec fierté. Ainsi, après une pièce d’introduction mettant la cornemuse à l’honneur, on les retrouve rapidement avec Biróg’s Oath, où Arkadius (mettez son nom à l’envers … ) cède le chant à une femme, qui mène une pièce métissée de violon, de cornemuse et de guitares sèches. La suivante, Mag Mell, fait office d’interlude uniquement folklorique, où Arkadius et Sebastian y vont d’un duo de guitares qui montre une bonne maîtrise de leurs instruments, même lorsque dénués de distorsion. Ces influences et instrumentations feront régulièrement apparition tout au long de l’album, un peu comme c’était le cas sur Crógacht. Leur intégration reste toutefois limitée, et bien en deçà de groupes comme Eluveitie. On remarquera aussi de discrets samples symphoniques, toujours placés en retrait pour n’assurer qu’un bref support à la musique, et restent loin d’être intrusifs. La place de choix reste accordée à ces riffs parfois véhéments sans abandonner la mélodicité, et supportée par une batterie hyperactive alternant roulements militaires au snare, double pédale et blast beats.

Suite au départ forcé de Fomoréens, le peuple de Fir Bolg put occuper et jouir de la terre d’Erin. 3 siècles plus tard, les Némédiens tentèrent de revenir et une guerre éclata entre les deux peuples, qui se termina avec la défaite de ces derniers, qui devinrent un peuple opprimé. Umór, leur chef, fit appel à Biróg et retourna à Dowth. Dans un élan de folie provoquée par son désir de vengeance, il utilisa le livre pour provoquer le retour des Fomoréens, qui prirent contrôle de la terre d’Erin. Umór finit par reconnaître son erreur et, toujours en possession du livre, bannis une seconde fois les Fomoréens derrière la neuvième vague…

Book of Dowth confirme, comme son prédécesseur l'avait fait, la maturité et l’expérience de SuidAkra. Book of Dowth fait étal de celles-ci en alternant les pièces où le Métal extrême est roi (Dowth 2059, Balor) avec des titres où l'identité celtique du groupe est plus affirmée (Birog’s Oath, Stone of the Seven Suns). Leur arrangement intelligent confère une structure évolutive et narrative facile à suivre, peut-être plus même que celle de Crógacht. Les références à ce prédécesseur restent ici justifiées, car avec du recul, l'évolution par rapport à ce dernier est tout de même presque inexistante. Book of Dowth ne souffre donc pas de la comparaison, mais il faudra tout de même déplorer la courte durée de l'album. Aussi, et contrairement à Isle of Skye (Crógacht) ou The IXth Legion (Caledonia), aucune pièce ne ressort vraiment du lot. Book of Dowth reste néanmoins un album à l'écoute agréable, les éléments celtiques sont très bien intégrés et s'accordent très bien à ce concept issu des plus sombres croyances celtiques. Par contre, la note accordée ne pourra pas égaler celle de Crógacht, qui restera l'album à écouter pour tout néophyte.

Plusieurs siècles plus tard, la vallée de Boyne est témoin de la libération des Fomoréens, par l'excès de curiosité d'un étudiant imprudent…

Adapté du concept de Book of Dowth, par Kris Verwimp, disponible dans son entièreté à cette adresse

0 Comments 17 mars 2011
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus